De la commune El Attaf, dans la wilaya de Aïn Defla, le premier secrétaire du FFS, Abdelmalek Bouchafa, dénonce le «passage en force» du projet de loi de finances à l'APN «en dépit du fait qu'il ne soit pas l'émanation de l'écrasante majorité de la composante de la société». Dans un discours axé sur la crise économique et ses lourdes conséquences sociales, le premier secrétaire du plus vieux parti de l'opposition réitère le rejet «avec force» de ce projet de loi «antinational et antisocial». Abdelmalek Bouchafa considère que «cette loi est une tentative de faire face à une débâcle économique et politique en recourant au plus haïssable des procédés qui consiste à faire payer les couches sociales les plus démunies». Il estime que le gouvernement a décidé de faire payer les Algériens et d'épargner les barons. La raison est que «ces barons ont des entrées au gouvernement». M. Bouchafa a déploré qu'«au lieu d'aller chercher les grosses sommes d'argent détournées dans la surfacturation, les transferts illégaux de devises, la fraude fiscale et les milliards de crédits non remboursés, le gouvernement a préféré s'attaquer au pouvoir d'achat des Algériens, déjà fragilisé par l'inflation et la dépréciation du dinar, en recourant à la solution de facilité qu'est l'augmentation des taxes et impôts». Décisions irréfléchies Abdelmalek Bouchafa a souligné la clarté de la position du FFS. «Nous nous dressons contre tous ceux qui jouent avec l'avenir du pays et du peuple en recourant à des mesures irréfléchies qui vont aggraver l'injustice sociale et la pénalisation dans la redistribution de la richesse nationale», a-t-il fulminé, considérant ainsi que «dans un système basé précisément sur l'absence de démocratie, de contrôle, de rigueur et de transparence qu'il a permis l'accaparement illégal, la gabegie, la corruption, le dévoiement de tous les principes de la bonne gouvernance au profit d'un clientélisme ajoutant l'arrogance au gaspillage, il est impossible de concrétiser le développement durable». Ce projet de loi aura, selon M. Bouchafa, des conséquences sur l'emploi. Mais pas seulement. Le premier secrétaire du FFS a affirmé qu'il y a deux choix possibles pour le pays. Le premier est celui du pire, à savoir la poursuite des politiques actuelles qui vont attiser le front social et aggraver la crise multidimensionnelle et ouvrir la voie vers l'inconnu. Le deuxième choix, le plus rationnel aux yeux de Abdelmalek Bouchafa, «est celui du dialogue et la prise de décision de manière multilatérale en associant les Algériens dans les politiques déterminantes pour leur avenir en tant que nation». Démarche consensuelle L'orateur a, dans ce sillage, fustigé «le pouvoir qui s'oppose à toute velléité de changement» en rejetant le dialogue avant toute prise de décision qui aura des conséquences directes sur la vie quotidienne des Algériens. Il faut donc, pour ce responsable au plus vieux parti de l'opposition, «chercher des solutions consensuelles pour les problèmes majeurs dont souffre le pays». Il appelle à mettre fin aux politiques de bricolage et à cesser la fuite en avant en affrontant dès maintenant la crise de manière sérieuse afin de sauver le pays et préserver son avenir. «En tant que parti responsable et qui tient à la souveraineté nationale et populaire, nous allons poursuivre notre combat pour atteindre cet objectif. Le principe du consensus constitue une base solide et le fondement de la pratique démocratique réelle et saine.» «La reconstruction du consensus national n'est pas l'affaire uniquement du FFS. Il doit être l'affaire de toutes les forces nationalistes qui veulent du bien pour l'Algérie», a-t-il martelé. Le FFS s'élève contre «le formalisme politique» et appelle à libérer l'acte politique pour aller vers l'exercice réel de la démocratie. Accompagné de Ali Laskri, membre de l'instance présidentielle, Abdelmalek Bouchafa a assuré que son parti ne ménagera aucun effort pour concrétiser cette démarche relative au consensus national. Harcèlement Le premier secrétaire du FFS, qui parle d'échos positifs qu'a cette démarche chez certains acteurs politiques, estime que la reconstruction du consensus national «ne doit pas être celle du FFS uniquement, mais elle doit concerner toutes les forces vives du pays». Il a affirmé que le FFS milite pour un changement pacifique, «loin de toute forme de violence, quelle qu'elle soit». M. Bouchafa s'est, en outre, élevé contre la violence dont font l'objet les élus du parti et autres militants pour la démocratie et les droits de l'homme. Il a appelé à cesser le harcèlement judiciaire et toute forme de pression qu'exerce l'administration sur les élus du plus vieux parti de l'opposition.