Evoquant la musique classique en Algérie, le compositeur incontournable est certainement Mohand Iguerbouchene (1907-1966). Cet enfant de Soustara, natif d'Aït Ouchène à Tizi Ouzou, a fait son éducation musicale à Manchester et Vienne. Dès ses premiers concerts, Iguerbouchène proposera des compositions teintées de rythmes et de mélodies algériennes. S'inscrivant dans le sillage des musiques nationales, il écrira ses rhapsodies arabes et kabyles dans les années vingt du siècle dernier. Il a également collaboré avec des chanteurs, à l'image de Salim Hallali et composé des musiques de films. On connaît son travail pour le célèbre Pépé le Moko sorti en 1937 avec Jean Gabin dans le rôle du bandit parisien réfugié à La Casbah. Il faut également rappeler la présence d'Iguerbouchène dans la bande originale du tout premier film algérien, Les plongeurs du désert (1953) de Tahar Hanache. Iguerbouchène était également excellent pianiste. Les rares enregistrements qui subsistent donnent la mesure de sa dextérité et de son talent d'improvisateur marqué par le jazz et les rythmes des musiques d'Amérique latine qui dialoguent avec les musiques de son enfance (chants kabyles, musique arabo-andalouse…). Depuis sa disparition en 1966, sa musique est malheureusement inaudible sur les scènes algériennes. La Radio nationale conserve quelques enregistrements que nous avons d'ailleurs pu réécouter récemment durant les jours de deuil consacrés à Fidel Castro. Un feuilleton sur la vie d'Iguerbouchène, réalisé par Boualem Aïssaoui, a été diffusé par la télévision publique et un ouvrage biographique (Mohamed Iguerbouchène, une œuvre intemporelle, Dar Khettab, 2015) écrit par Mouloud Ounnoughène. Souhaitons que notre Orchestre symphonique national fasse enfin revivre les rhapsodies pour orchestre et les autres compositions que nous a léguées Mohand Iguerbouchène.