La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a dépeint, hier matin à Jijel, un avenir noir pour la majorité des citoyens. Toutes les batteries de lois du gouvernement, que ce soit celle sur la retraite, la loi de finances ou encore celle relative aux petites et moyennes entreprises, passent à la moulinette de la leader du PT qui animait un meeting à la salle Hamlil, devant une assistance appréciable. Elle n'a cessé de dénoncer une politique qui a instauré, dit-elle, «deux classes avec des intérêts antagonistes». Elle place d'un côté les travailleurs, les fellahs et les jeunes, de l'autre «l'oligarchie prédatrice soutenue par les institutions» qui octroient des marchés publics. Et de préciser que cette dernière n'a rien à voir avec le privé ancestral. La politique suivie est qualifiée de «subterfuge pour continuer à exercer la prédation». Mme Hanoune s'en est aussi pris au partenariat public-privé prôné par le gouvernement dans les domaines de la santé et pour l'université ainsi qu'aux «cadeaux concédés à l'oligarchie» à travers l'abaissement du taux de la taxe sur l'activité professionnelle (Tap), principale ressource des communes, et l'assouplissement de la règle des 51/49% dans les investissements. Elle regrette la généralisation de la taxe d'habitation «même pour une baraque» et le gel des salaires et des recrutements dans la Fonction publique. Avec la loi de finances 2017 — notamment le relèvement de la TVA de 2% — Louisa Hanoune estime qu'«une guerre est déclarée contre la majorité du peuple». Et de prévenir que les commerçants seront aussi touchés par le recul de la consommation. Elle dénie toute culture de bourgeoisie nationale à «cette oligarchie vorace et prédatrice» faite de «nouveaux riches qui vivent de crédits non remboursés et de marché de gré à gré qui ne prennent aucun risque». Revenant sur la loi sur la santé, Mme Hanoune s'élève contre les concepts de contractualisation et d'accès aux soins qui visent «à torpiller le secteur public au profit du privé placé sur un pied d'égalité» avec le risque de «priver des populations de la construction de polycliniques là où le privé dispose d'une clinique». Sur les amendements initiés sur proposition du président de la République, elle minimise leur portée en disant qu'«au fond, rien n'a changé puisque même si tu as travaillé 45 ans en 2019, tu dois avoir 60 ans pour partir en retraite». Mme Hanoune s'apitoie sur le sort des 1,7 million de fonctionnaires des corps communs «marginalisés et qui n'ont eu aucune augmentation depuis 2008», percevant «le SNMG duquel on doit retirer l'IRG». Regrettant le «manque de vision prospective du gouvernement», elle manifeste sa surprise devant l'intention de supprimer un million de fonctionnaires alors que les salariés pourvoient à 25% dans l'impôt collecté. Et de lâcher que le fisc algérien est «plus injuste» envers les travailleurs et la classe moyenne, appelant à l'instauration d'un impôt sur la fortune. Questionnée sur la non-comptabilisation de la durée du service national dans le calcul des pensions de retraite proportionnelle, Mme Hanoune estime qu'«il va y avoir pire que ça. Cela fait partie de ce rouleau compresseur. Les experts du gouvernement disent que le système de protection sociale algérien n'est plus valable, ils veulent qu'on aille vers les fonds de pension à l'américaine et à la britannique, un système par capitalisation au lieu du système de solidarité intergénérationnelle». Elle conclut que la régression socioéconomique, la répression, la non-application des lois, la fraude et l'évasion fiscale «poussent les citoyens vers la révolte et la confrontation» et prévient : «Nous ne sommes pas loin du point de transformation où il y aura une étincelle...»