"Le gouvernement est prêt à pousser le pays vers l'abîme, uniquement pour ne pas toucher aux intérêts d'une minorité prédatrice", a accusé Louisa Hanoune. Le Parti des travailleurs n'est nullement intéressé, pour le moment, par le débat autour des élections prochaines. Pour sa secrétaire générale, Mme Louisa Hanoune, l'important est de mettre fin "à la politique barbare" et les "orientations économiques compradores du gouvernement". Cette orientation vise, selon elle, "à démanteler les ressorts de la société et les acquis des travailleurs". C'est en ces termes que la patronne du PT a résumé, hier, lors d'une rencontre avec la presse, la position de son parti vis-à-vis du projet de la loi de finances 2017, la politique économique du gouvernement et les prochaines échéances électorales. "Nous refusons que le prochain rendez-vous électoral soit une occasion pour l'effondrement de l'Etat et un déclencheur du chaos", a-t-elle dit, ajoutant que son parti s'oppose énergiquement "à l'intrusion de l'argent dans la sphère politique". Elle a souligné que "le PT milite pour une libre expression de la souveraineté populaire" et pour "engager le processus de rupture avec les restes du parti unique". Mme Hanoune considère que la situation n'est plus propice pour tenir une élection dans un climat délétère et miné, mais sans pour autant demander "le report". Pour elle, "le chef de l'Etat doit intervenir pour sonner le glas d'une politique compradore" d'un gouvernement qui "tire sur la corde d'une manière démentielle". La pasionaria du Parti des travailleurs, qui a exprimé, au passage, son soutien au mouvement de grève des travailleurs qui dénoncent la suppression de la retraite anticipée et sans condition d'âge, a estimé que "cette loi est antisociale", qu'elle est "un facteur de convulsion et de tension sociales". Elle a expliqué que c'est dans le sillage du PLF 2017 que le gouvernement accentue l'austérité, qualifiant le projet de loi de "destructeur" qui programme "la destruction de tout lien positif entre la majorité et l'Etat". Elle fait référence à la réduction des budgets de fonctionnement et d'équipement contenue dans le projet de loi et les augmentations tous azimuts prévues... Enumérant les nouvelles taxes prévues dans la loi de finances de l'année prochaine, Mme Hanoune a relevé la hausse de tous les impôts, la réduction de 50% de la TAP des collectivités locales, la réduction des budgets de 50% de la moitié décidée en 2015... Pour elle, ces orientations sont la preuve que "le gouvernement est prêt à pousser le pays vers l'abîme", uniquement, "pour ne pas toucher aux intérêts d'une minorité prédatrice". Elle a fait savoir que les coupes décidées sur plusieurs budgets ne représentent qu'un infime pourcentage des impôts et de droits de douane non recouvrés par l'Etat. Mme Hanoune a précisé que les droits de douane non recouvrés sont estimés à quelque 1 000 milliards de dinars, ceux des impôts impayés sont de l'ordre de 10 000 milliards de dinars. Elle a souligné que ces chiffres ont été rendus publics en 2013. La SG du PT ne comprend pas comment "les architectes de cette orientation peuvent exiger de meilleurs résultats des institutions", qualifiant, encore une fois, cette orientation de "dispositions moyenâgeuses" qui provoqueraient "un affaissement social". Sur un autre volet, elle a appelé à la réforme du système LMD appliqué, a-t-elle dit, "à la hussarde". Concernant le droit de grève et les actions de protestations des travailleurs, elle a estimé qu'ils sont "un acquis démocratique et constitutionnel", mais aussi "un facteur de décantation politique". Mohamed Mouloudj