En inaugurant hier le forum sur le tourisme saharien dans les pays arabes, Nourredine Moussa, ministre du Tourisme, a souligné que « la question de la promotion est vitale pour les destinations touristiques. » « Notre démarche a été souvent contrariée : la première en 1976 par le choix d'un tourisme populaire, la chute des investissements, ensuite par la crise économique de 1986 et la décennie noire. Ce n'est qu'en date du 29 mars 2006 que l'Algérie a adopté une stratégie de développement touristique. » Selon lui, « le chemin est encore long et le processus difficile à mettre en œuvre parce qu'il demande l'organisation de l'intersectorialité. Nous n'avons pas de budgets colossaux, nous avons besoin de budgets pour faire des études sérieuses, organiser la démarche mais tous les autres secteurs travaillent en notre faveur : les travaux publics qui réalisent des routes et des aéroports. Le projet de ramener l'eau à Tamanrasset servira en premier lieu le tourisme. » Tamanrasset dispose de 78 agences de voyages, ce qui veut dire que la plupart des gens vivent du tourisme au niveau de cette région bien que les flux ne soient pas très importants. Le ministre qui affirme « vouloir fouetter l'énergie du secteur » et « présenter un diagnostic sans complaisance », décoche une flèche sur les agences de voyages. « Il faut les encadrer et les sensibiliser pour les mettre à niveau. En Tunisie, il y a un peu moins de 400 agences de voyages qui font venir 6 millions de touristes. En Algérie, nous disposons d'un peu moins de 800 agences de voyages sans compter les filiales de l'ONAT (33 succursales) et du Touring Club (55 succursales) et nous n'arrivons pas à drainer les touristes parce que nos agences restent au stade d'agences. Elles sont tenues de se professionnaliser et de se regrouper pour constituer de véritables tours-opérateurs. Une destination touristique se construit avec des infrastructures de base correctes mais se construit également avec des tours-opérateurs professionnels. Nous ne pouvons pas continuer à naviguer de cette façon, d'autant plus que vous avez constaté lors des interventions que des touristes individuels nuisent beaucoup à l'environnement parce qu'ils ne sont pas encadrés. Il va falloir organiser ces agences. » « NOUS SOMMES AU DEBUT DU PROCESSUS » Il poursuit : « Nous avons un pays énorme (2 384 000 km2), il va falloir assurer le transport partout et pour tout le monde, ce qui n'est pas une chose facile, mais je pense que nous sommes au début du processus du renouveau du tourisme algérien. » Concernant le transport aérien, il relativise les choses : « Ce qui nous intéresse, ce n'est pas des touristes qui vont d'un point A à un point B, parce qu'ils ne verront pas ce qui existe entre le A et le B, ce qui nous intéresse, c'est de créer de véritables circuits touristiques à travers lesquels seront créées des activités économiques parce que le but recherché est la création d'emplois et de richesses. Lorsque la route Aïn Salah-Tamanrasset sera réalisée dans le cadre du programme complémentaire de soutien à la croissance et lorsque l'eau arrivera à Tamanrasset, beaucoup d'activités seront créées et beaucoup de touristes préféreront passer 3 jours en route que de prendre l'avion. Ceci dit, le transport aérien reste très prisé par les touristes car le monde se dirige vers des congés de courte durée et des séjours de courte durée. » Il se fait également avec les tours-opérateurs, il n'y a pas de vol régulier qui puisse réguler le transport aérien vers le Sud. Air Algérie est disposée, selon le ministre, à répondre à toutes les demandes de vols particuliers lorsque le tour-opérateur assure un remplissage, « ailleurs, c'est comme ça que ça se fait, chez nous, on exige de cet opérateur de s'engager à la place des autres, ceci dit, Air Algérie est en cours de structuration. La compagnie s'est filialisée en 4 structures : international, domestique, catering et fret. Il y a également Tassili Airlines qui a lancé des appels d'offres pour acquérir des avions et je pense qu'on créera une plate-forme au niveau de Ghardaïa pour desservir les autres régions avec une véritable filiale spécialisée dans le transport domestique. » Le ministre revient à la charge : « Nous sommes au début du processus, c'est un travail qui implique l'ensemble des secteurs. Concernant le foncier touristique, il a bénéficié d'un régime particulier : il y a un dispositif législatif (la loi 03-03 relative aux zones d'expansion et sites touristiques), ce qui manquait c'était de compléter l'arsenal réglementaire pour exploiter au mieux ces zones, j'avoue que ce n'est pas très facile, nous avons opté pour le principe de la concentration. Une ZET doit être un projet intégré, les loisirs et les divertissements vont avec le tourisme, nous avons sélectionné 22 ZET sur les 140 que compte le pays. » Lors de cette rencontre, le ministre a souligné que durant les cinquante dernières années, le tourisme mondial a connu un développement fulgurant. Les statistiques de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) le confirment : en 2005, il a été enregistré un taux de croissance de 5,5%, ce qui équivaut à des chiffres records de 808 millions de touristes et des rentrées dépassant 650 milliards de dollars. Quelle est la place du monde arabe dans la carte touristique mondiale ? En dépit des innombrables potentialités qu'il possède et la diversification des attraits touristiques, les résultats sont plutôt mitigés, voire décevants. Chaque pays joue en solo, privilégiant son marché intérieur. La collaboration entre pays arabes reste au stade des vœux pieux sinon des intentions diplomatiques. On distingue deux ensembles distincts : des pays pionniers tels que le Maroc, la Tunisie et l'Egypte et les pays qui s'entrouvent tels que la Syrie, la Jordanie et l'Algérie.