C'est un constat sans complaisance qu'a fait le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière sur l'état du secteur dans la wilaya de Béjaïa. Amar Tou, en visite dans la wilaya, dimanche et lundi derniers, semble avoir été étonné par la mauvaise gestion et le désordre qui marquent l'administration des structures de santé. Une situation dont les citoyens, voire les personnels du secteur, se plaignaient déjà et qui ne fait en somme que se vérifier à l'aune du check-up technique du ministre et de sa délégation. L'irritation de Amar Tou a été telle qu'il n'a pas pu retenir des mots durs à l'adresse des cadres locaux, lors de la réunion de travail tenue à la fin de la visite. Les directeurs des secteurs sanitaires et surtout le directeur de la santé au niveau de la wilaya ont ainsi eu à passer un mauvais quart d'heure. Maîtrisant mal leurs dossiers ou seulement intimidés par les apostrophes parfois virulentes du membre du gouvernement, les gestionnaires se sont ainsi embrouillés, ont bafouillé, donnant du secteur l'image d'une administration livrée à l'improvisation et à l'approximation. « Vous vous noyez dans un verre d'eau, messieurs ! », a plusieurs fois chapitré le ministre. Le directeur du secteur sanitaire d'Akbou, une structure dont la gestion semble avoir particulièrement outré le ministre, ne savait pas ainsi le contenu des nouvelles dotations destinées au service d'hémodialyse, lesquelles étaient détenues par le directeur de la santé au niveau de la wilaya. Un manque de communication et de coordination qui sera également constaté dans les appréciations communiquées plus loin par d'autres responsables. Le désordre, le ministre dit également l'avoir relevé en visitant la structure de santé de la ville de Tazmalt, dont les extensions hideuses lui ont fait dire que c'est probablement « l'unité la plus arriérée » qu'il a eu à inspecter. L'unité devra connaître d'impératifs réaménagements et instruction est donnée pour qu'une fiche technique soit le plus tôt élaborée et communiquée au ministère pour approbation. Le secteur sanitaire d'Akbou, l'un des plus importants au niveau de la wilaya, a eu, par ailleurs, le triste mérite de fournir au ministre une autre image lamentable de ce que peut être l'état des choses au niveau des établissements de soins. Cette bouteille d'eau minérale coupée à moitié et servant à recueillir les rejets des seringues usagées. L'on est en droit de se demander qu'elles auraient pu être les « découvertes » du ministre si la visite était inopinée. Enfin, le ministre a trouvé « bizarres » les salles d'opération de l'hôpital Khellil Amrane de Béjaïa, en raison de leur conception « archaïque » (l'établissement a pourtant été livré en 1991), et a ordonné l'accélération de l'opération de leur réhabilitation, en insistant sur la nécessité de faire superviser l'action par l'architecte spécialiste du ministère de la Santé. L'on découvrira « fortuitement », néanmoins, et grâce à une chirurgienne présente dans la salle, que le souci d'assurer la continuité du service de chirurgie de l'hôpital, durant la période des travaux, risque d'être lourdement contrarié, et pour cause : la nouvelle structure érigée à Aokas, et qui devait prendre en charge les opérations, n'est pas dotée de monte-charges. Une autre lacune qui coûte des grimaces ministérielles éloquentes au directeur de la santé au niveau de la wilaya et que Amar Tou a ordonné de prendre en charge « immédiatement ». Côté dotation, outre les équipements acquis via l'affectation d'une enveloppe globale de l'ordre 24 millions de dinars, des rallonges ont été accordées sur place pour consolider les installations. Par ailleurs, parmi les propositions formulées par le président de l'APW, Amar Tou s'est engagé à sérieusement prendre en charge celle concernant l'ouverture d'un service de psychiatrie pour femmes, une catégorie jusque-là orientée vers la wilaya de Tizi Ouzou. L'ambiance qui a prévalu durant notamment la réunion de travail laisse présager des changements prochains au niveau des postes de responsabilité tant le ministre a répété que « l'absence de gestion et de management au niveau de la wilaya est criante ». Un constat qui ne peut pas ne pas porter à conséquence.