Paul McCartney vient de boucler ses 64 ans. L'événement a été éclipsé par le come-back tonitruant, à 62 ans, de Rod Stewart que s'arrachent les plateaux de télévision. Le rocker écossais, aussi excentrique qu'à vingt ans, frappe un grand coup avec Still the same, un album époustouflant dans lequel il reprend de grands classiques du rock signés Bob Dylan, Bonnie Tyler, Cat Stevens, The Eagles, Roy Orbinson et autres non moins célèbres Pretenders pour ne citer que ceux-là. Chez Rod Stewart, la reprise confine à la sublimation, un peu dans l'esprit de ce qu'avait fait Joe Cocker lorsqu'il avait chanté, mieux qu'eux, le phénoménal With a little help from my friends ou Otis Redding avec Satisfaction qui écrasait celle des Rolling Stones, créateurs du titre. Peu d'artistes sont capables de telles performances et Rod Stewart appartient à cette catégorie. Le chanteur à la voix éraillée et suave aurait du talent même en chantant l'annuaire téléphonique, car il y mettra cette âme du bluesman qu'il n'a jamais cessé d'être en quarante ans de carrière. Il faut savoir que, très jeune, dans les années soixante, Rod Stewart avait fait partie des Hoochie Coochie Man, groupe évidemment dédié à Muddy Waters et sa légendaire chanson. La carrière de Rod Stewart démarre vraiment avec son incorporation dans The Faces, un rock-band issu des Small Faces dont le leader Steve Marriott avait décidé de fonder le fameux Humble Pie avec Peter Frampton. Steve Marriott entendait faire des Small Faces les concurrents des Who, le maintenant mythique groupe que Pete Townshend et Roger Daltrey avaient porté aux sommets. Les Small Faces avaient implosé pour cette raison-là, car Kenny Lane, aussi influent que Steve Mariott dans le groupe, n'était pas d'accord. Lorsque Mariott s'en va, Kenny Lane prend les commandes et lance The Faces en faisant appel à Ron Wood, jeune guitariste prodigieux qu'il avait vu jouer avec The Birds et surtout le Jeff Beck Group. Ron Wood, aujourd'hui pilier des Rolling Stones, est la gentillesse incarnée dans un univers où l'ego des artistes est souvent démesuré. Lorsqu'il intègre The Faces, il entraîne dans son sillage Rod Stewart, au grand dam de Jeff Beck qui pensait avoir déniché le chanteur idéal. The Faces s'imposent très rapidement grâce à cette extraordinaire voix au registre inimitable. En 1971, il donne l'impérissable Maggie May, sublime ballade émotionnelle et nostalgique qui figure dans l'album Every pictures tells a story. Rod Stewart exprime dans Maggie May son feeling de bluesman, véritable ménestrel des temps modernes qui conclut sa chanson par un cri sorti des profondeurs de l'âme d'un homme qui n'oublie pas son enfance. Magnifique inspiration que le chanteur ne retrouvera pas car avec des titres comme Da Ya think, I'm sexy ou Tonight's the night, Rod Stewart s'oriente vers la variété. Après avoir quitté The Faces au milieu des années 70, le chanteur entame un carrière solo jalonnée d'albums dont le succès ne se dément pas. On citera Night on the town (1976), Blondes have more fun (1980), Body Wishes (1983), Human (2001). Au total, Rod Stewart a une dizaine d'albums à son actif dont il n'a pas à rougir et qui donnent de lui l'image d'un artiste qui n'a rien à voir avec le bon vivant qui défrayait la chronique. Considérablement assagi, le rocker au long cours avait sorti ces dernières années des compilations de ses grands succès comme Thank you for the memory. Avec Still the same, Rod Stewart place la barre très haut, il surprend le public autant que l'avaient fait Carlos Santana et Steven Tyler, le leader d'Aerosmith dans leur magistral duo Just feel better, véritable chef-d'œuvre. Still the same, c'est la musique qu'aiment les puristes élevés par le tribut que lui rend Rod Stewart qui transforme les grands classiques du rock en enchantement. Un album à ne pas confondre avec celui du même nom d'un autre géant, l'Américain Bob Seeger. Paul McCartney, pour sa part, en est quitte pour faire reparler de lui lorsqu'il aura 65 ans.