Finalement, le site de Béni M'haffeur (commune chef-lieu) qui était dans le viseur d'un cercle restreint de personnes et avait fait baver nombre de prédateurs du foncier immobilier, c'est toute la ville et ses habitants qui en profiteront. Un pôle urbain de référence devrait y être érigé courant 2017. «Attribuer ce site à telle ou telle personne, et je devine de qui vous parlez, reviendrait à commettre un acte de discrimination à l'égard des familles qui ont été délogées et recasées à Kalitoussa. C'est donc un pôle urbain dont profitera toute la ville, et non pas une poignée de personnes, qui y verra le jour dans quelques mois. Un espace insignifiant sera affecté au logement avec l'Agence foncière comme organisme aménageur», nous a indiqué, formel, Mr Benchadi, DG de l'OPGI d'Annaba. «S'étirant sur quelque 6,5 ha, et contrairement à ce qui se disait ça et là, le site relève quasi entièrement du domaine public», assure-t-il. «En effet, sur cette superficie, à peine 4 000 m2 reviennent à 14 familles», précise le même responsable. «D'ailleurs, une commission pluridisciplinaire a déjà été installée aux fins d'étudier les possibilités et les mécanismes d'indemnisation des propriétaires pour utilité publique», ajoute-t-il. «Il est question, entre autres, de mettre sur pied des tours avec vues panoramiques, un immense jardin donnant sur la ville et la mer, des équipements à vocation exclusivement culturelle, des espaces de loisirs et un aquarium géant qui va garantir au public une sensation d'immersion totale. La finalité étant de doter la ville d'espaces récréatifs haut standing et d'en tirer des ressources non négligeables pour la collectivité», se réjouit, pour sa part, Rachid Bougueddah, DG de l'Epic Draa Errich, et l'un des membres du jury mis en place dans le cadre du concours d'idées qui s'est tenu, il y a plus d'une semaine, à l'initiative de Youcef Cherfa, wali d'Annaba, pour l'aménagement du nouveau Beni M'Haffeur. «Il n'est pas anodin que le projet de restructuration du site Beni M'haffeur intervienne au moment où les plus hautes autorités de l'Etat ont décidé de mettre en œuvre un nouveau modèle économique. La raréfaction des ressources pétrolières et leur assujettissement au climat géopolitique mondial appellent à la recherche d'une diversification des ressources financières et la création de richesses», abonde Mohamed Larbi Merhoum, architecte qui s'était adjugé la 2e place au concours. Un projet au cœur d'une polémique Sur 50 bureaux d'études ayant postulé à ce concours, seulement 12 ont été retenus par le jury, composé d'élus locaux (APC/APW), de directeurs des secteurs de l'habitat, de l'urbanisme, du tourisme, de la culture ainsi que des représentants de la société civile. Mais, c'est le projet futuriste de l'architecte Belouaham du bureau Seto qui aura séduit et fait l'unanimité auprès des membres du jury. Là aussi, le nom d'un député connu et reconnu à Annaba et dont l'imposante promotion immobilière fait face à Beni M'haffeur, revient une fois encore. «Oui, il se murmurait que le député auquel vous faites allusion se tapirait derrière le bureau d'études, lauréat du concours. Les actions qu'il y détenait ont été vendues. À Annaba, les rumeurs sont monnaie courante et le nom de ce député est mêlé, souvent à tort, à tous les domaines. N'est-il pas grand temps d'en finir avec cela», s'offusque un cadre du secteur de l'habitat (Dlep). Selon lui, l'heure est, aujourd'hui plus que jamais à la mobilisation générale pour faire d'Annaba et son foncier, au cœur de persistantes polémiques, une ville plus attractive et un patrimoine économiquement rentable. «Le foncier, cette ressource non renouvelable, devenue de plus en plus rare, doit désormais être utilisé à des fins créatrices d'emplois et génératrices de plus-values économique et culturelle pour la collectivité locale», notera-t-il. Cette plus-value que quémande, voilà bien des lustres, la 4e ville d'Algérie, l'architecte-urbaniste Dr Abderrahim Hafiane dont la maquette conçue pour le projet d'aménagement du nouveau Béni M'haffeur était également en compétition (3e place), l'entrevoyait toujours à travers la mise sur pied d'un musée de dimension internationale. Cet architecte-urbaniste, très actif à l'internationale, est, semble-t-il, fortement inspiré par le modèle brésilien. Les grands bouleversements ayant marqué la ville espagnole de Bilbao qu'il compare à Annaba, de par les caractéristiques quasi semblables dont elles se distinguent, ont montré comment les initiatives impulsées par les collectivités locales en terme de projets urbains pouvaient ébranler la donne économique et sociale d'une municipalité, d'une ville et de tout un pays.