La Cour de cassation marocaine a annulé, le 27 juillet dernier, la condamnation prononcée par le tribunal militaire à l'encontre de 24 militants et défenseurs des droits de l'homme sahraouis. Le procès en appel des prisonniers politiques sahraouis appelés «groupe de Gdeim Izik», poursuivis par la «justice» marocaine, s'ouvrira aujourd'hui à Rabat, rapporte l'APS. La Cour de cassation marocaine a annulé, le 27 juillet dernier, la condamnation prononcée par le tribunal militaire à l'encontre de 24 militants et défenseurs des droits de l'homme sahraouis, arrêtés dans le cadre du démantèlement par la force, par les militaires marocains, du camp de Gdeim Izik en novembre 2010. Ils doivent être rejugés aujourd'hui par un «tribunal civil». Détenus depuis 2010, les prisonniers de Gdeim Izik ont demandé à la veille de leur nouveau procès, dans un communiqué, leur libération «immédiate et inconditionnelle». Ils exigent également la poursuite et le jugement «des geôliers et des responsables des enlèvements, des détentions arbitraires ainsi que les responsables de toutes formes de tortures physiques et psychologiques dans des postes de police et de gendarmerie d'Al Ayoun occupée, dans la prison locale Salé 2 et Salé 1 et dans la prison locale Aarjat». Les détenus sahraouis ont été condamnés le 16 février 2013 à de lourdes peines d'emprisonnement pour «appartenance à une organisation criminelle», «violences volontaires entraînant la mort de fonctionnaires» et, pour certains, «profanation de cadavre». Ils sont notamment accusés d'être «responsables de la mort de 9 agents de sécurité marocains» au cours des affrontements entre l'armée et des manifestants sahraouis ayant suivi le démantèlement du camp. Après 27 mois de détention préventive, les 24 militants sahraouis ont été condamnés par un tribunal militaire à de lourdes peines d'emprisonnement pour leur «implication dans le mouvement de protestation». Les détenus réclament une enquête internationale de l'Organisation des Nations unies (Onu) sur «les crimes commis par le royaume du Maroc après son attaque contre le camp de Gdeim Izik», précisant que ces violations du droit international sont classées comme des «crimes de guerre et des crimes contre l'humanité». Ils estiment, par ailleurs, que le Maroc, à travers «le tribunal civil», confirme, aujourd'hui, que «nous, prisonniers politiques de Gdeim Izik, sommes jugés en tant que citoyens et civils d'un Etat étranger». Dans leur communiqué, les victimes sahraouies de l'injustice marocaine tiennent l'Etat marocain «responsable de toutes les conséquences, particulièrement, après la décision du Comité contre la torture de l'Onu du 12 décembre 2016». Ledit Comité a condamné le Maroc pour de multiples violations de la Convention contre la torture : torture pendant l'arrestation, l'interrogatoire et la détention du militant sahraoui Naâma Asfari, absence d'enquête sur les allégations de tortures répétées, violation de l'obligation de garantir le droit de porter plainte à travers des représailles contre la victime et l'un de ses avocats, violation de l'obligation d'indemnisation et réparation, prise en compte d'aveux signés sous la torture et mauvais traitements en détention. Elan de solidarité A la veille de ce nouveau procès, les appels exigeant la mise en liberté des détenus «sans condition» se sont multipliés dans le cadre d'un vaste élan de solidarité avec tous les militants politiques sahraouis qui croupissent encore dans les prisons marocaines. Dans ce contexte, plus de 40 avocats de plusieurs nationalités, constitués en collectif international de soutien aux prisonniers politiques sahraouis, ont demandé jeudi dernier l'application du droit international humanitaire sur le territoire du Sahara occidental, considéré par l'Onu comme un territoire non autonome, occupé par le Maroc depuis 1975. Et de relever : «Les 24 Sahraouis condamnés dans le cadre du procès de Gdeim Izik sont des personnes protégées au sens de l'article 4 de la quatrième Convention de Genève et devraient en tant que telles se voir appliquer les protections prévues par le droit international humanitaire.» De son côté, la Confédération syndicale des commissions ouvrières espagnoles a appelé à un rassemblement demain en face de l'ambassade du Maroc à Madrid pour exprimer la solidarité avec les prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izik, dans un communiqué publié sur son site internet samedi. Plusieurs villes espagnoles ont aussi décidé d'organiser des manifestations pour exprimer leur soutien et leur solidarité avec les prisonniers de Gdeim Izik, notamment à Madrid, où la Coordination espagnole des associations de solidarité avec le Sahara (CEAS-Sahara) a appelé à un rassemblement devant l'ambassade du Maroc pour exiger la libération des prisonniers politiques sahraouis, le 27 décembre. La libération immédiate des prisonniers de Gdeim Izik a été également réclamée par le Conseil péruvien de solidarité avec la République arabe sahraouie démocratique (Coperasd), exhortant la communauté internationale à dénoncer «la politique génocidaire du royaume du Maroc contre la population sahraouie». A Londres, la plus grande confédération des travailleurs britanniques, le Trades Union Congress (TUC), a appelé les autorités marocaines à libérer tous les prisonniers sahraouis détenus arbitrairement, réaffirmant son soutien à l'indépendance du Sahara occidental.Amnay Idir