Le procès des 24 prisonniers politiques sahraouis ou "groupe Gdeim Izik", arrêtés et détenus depuis le 8 novembre 2010 après un assaut des forces marocaines contre ce camp sahraoui proche d'El-Ayoun, au Sahara occidental, a débuté vendredi à Rabat devant un tribunal militaire. Les 24 Sahraouis, militants des droits de l'homme, sont notamment accusés d"'atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l'Etat, formation d'une bande criminelle et atteinte aux fonctionnaires publics dans le cadre de l'exercice de leur fonction", et risquent de ce fait la réclusion à perpétuité. Le procès se déroule en présence d'une trentaine d'observateurs européens. Plus de 20.000 Sahraouis avaient, à l'automne 2010, élu domicile dans le camp de Gdeim Izik où ils avaient élevé quelque 3.000 tentes pour "défendre leurs droits politiques, économiques et sociaux", avant d'en être délogés par les forces d'occupation marocaines. Avant l'ouverture du procès qui se déroule sous haute surveillance policière, les familles des prévenus, soutenues par des militants sahraouis, ont organisé un sit-in devant le tribunal pour exiger leur libération et dénoncer leur comparution devant un tribunal militaire. A l'ouverture du procès, les prisonniers en tenue traditionnelle sahraouie ont brandi des "V" de la victoire et scandé des slogans pour l'autodétermination du peuple sahraoui, a-t-on appris de sources concordantes. Ils sont défendus par une dizaine d'avocats, selon des sources sahraouies. Dans une déclaration à l'APS, M. Brahim Dehane, militant sahraoui et président de l'Association sahraouie des victimes des violations graves des droits de l'homme (ASVDH) a indiqué que ce procès était une occasion pour les militants de la cause sahraouie d'"exprimer devant l'opinion publique internationale les revendications du peuple sahraoui et son droit à l'autodétermination". "C'est également une occasion de rappeler les exactions commises contre le peuple sahraoui et toutes souffrances qu'il a endurées depuis l'annexion du Sahara occidental en 1975", a-t-il dit. Les prisonniers politiques sahraouis sont détenus à la prison locale 2 de Salé, la ville jumelle de Rabat, depuis 27 mois. Ils avaient eu à observer plusieurs grèves de la faim afin d'alerter l'opinion publique sur leur sort et revendiquer l'amélioration de leurs conditions de détention ainsi que leur libération inconditionnelle ou bien la tenue d'un procès juste et équitable, devant un tribunal civil. A la suite de leur arrestation, des membres de leurs familles avaient organisé plusieurs sit-in à Rabat pour attirer l'attention sur leurs conditions d'incarcération et réclamer leur libération. Jeudi, à la veille de leur procès, ils avaient appelé à l'application du droit international dans ce dossier. "Nous demandons à ce que les principes du droit international soient imposés dans le dossier du groupe de Gdeim Izik puisqu'il s'agit de détenus politiques qui ont exprimé des revendications par rapport à la question sahraouie qui est gérée par l'Organisation des Nations unies", avait déclaré M. Mustapha El Mechdoufi, coordinateur des familles de prisonniers sahraouis dans une conférence de presse au siège de l'Association marocaine des droits humains (AMDH). Pour sa part, Me France Weyl, avocate au barreau de Paris et membre de l'Association internationale des juristes démocrates et de l'Association française droits et solidarité, a souligné que ce qui est "frappant" dans l'affaire des prisonniers sahraouis c'est "la violation généralisée et systématique du droit international et du droit marocain". Elle a précisé que le procès devant un tribunal militaire n'était pas conforme aux normes internationales notamment "en temps de paix".