Le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, a appelé dimanche à partir de Jijel à aller vers plus d'opérationnalité au niveau de certains sites archéologiques à travers des solutions pratiques. Pour le ministre, on doit suivre les normes internationales et «on ne doit pas laisser des projets de développement en suspens», avant d'ajouter qu'on «va accélérer les études de ces sites et de proposer des solutions opérationnelles tout en faisant connaître leur volet historique». Si pour le site de Rabta, à Jijel, une petite superficie est encore sauvegardée à Ziama Mansouria, celui de Chobae a été presque complètement phagocyté par l'expansion urbaine sur l'actuelle localité d'Azirou, mais aussi par l'élargissement de la RN43. La nécropole punique de Rabta, qui s'étend sur une superficie d'un peu plus d'un hectare, a été rattachée au secteur de la culture par l'arrêté de wilaya n°1150/12 du 18 juillet 2012. Le site a aussi fait l'objet d'une inscription sur la liste d'inventaire des biens culturels immobiliers en juillet 2007. Il est depuis 1998 classé site historique par l'arrêté ministériel du 29 août 1998. La présentation faite ce dimanche au ministre de la Culture sur le site fait remonter cette nécropole à la fin du VIe siècle av. J.-C. Le nombre de tombes creusées dans la roche encore existante est de 43, réparties sur un espace côtier de 200 m pour une largeur de 100 m. Daté du 1er siècle av. J.-C., le site de Chobae se limite aux restes d'un mur d'enceinte de ce municipe romain, qui a subi, selon le bureau d'études, «une dégradation avancée», mais il a aussi relevé qu'«aucune fouille n'a été effectuée depuis 1962, hormis la découverte, en 2004, de l'autel portant l'inscription de Barbaranus». Le site est inscrit par arrêté du wali daté du 12 mai 2011 dans la liste de l'inventaire supplémentaire des biens culturels immobiliers. Interrogé sur cette nouvelle approche du secteur, le directeur de la conservation et de la restauration du patrimoine culturel au ministère de la Culture, Mourad Bouteflika, nous précisera que «sur le plan méthodologique, les plans de protection pouvaient être conduits de la même façon partout, ensuite il faut créer de la spécificité par rapport à certains plans. On ne fait pas le même plan de protection si l'on est dans le site de Timgad, de Djemila ou celui de Rabta. De quoi souffre ce site? Il est situé sur un rocher maritime, donc c'est très peu constructible. Il a besoin d'une belle délimitation et d'une zone tampon avec la zone habitable qui est contiguë, ce qui crée une image négative par rapport au site. Par la suite, il y a lieu de valoriser le site en créant un parcours de visite et des accès bien aménagés». Pour ce qui est du site de Chobae, il dira qu'«il a une autre particularité, le site est construit, ensuite il y a un reste qui est l'ancienne muraille à laquelle il faut accorder une attention particulière. Et si demain il y a des projets de développement, il faut les accompagner en créant la supervision et si une découverte est faite il y aura une intervention des spécialistes archéologues». Et de renchérir que c'est «la réorientation méthodologique du travail du ministère de la Culture et des bureaux d'études qui permet d'aller vers plus d'opérationnalité, sans perdre de l'esprit l'approche de la notion de protection». Les deux sites ont bénéficié d'une étude pour établir un plan de protection et de mise en valeur confié à un bureau d'études. Ce dernier estime que le site de Rabta est exposé aux différents risques naturels et anthropiques et s'attelle en premier lieu à évaluer la vulnérabilité de la ressource archéologique, déjà très durement affectée par l'empiètement urbain, et d'en définir les mesures d'urgence.