Le président russe achève pour ainsi dire l'année 2016 sur une éclatante victoire en Syrie, un pays où il est sur le point d'imposer une «Pax Russia». Le président américain sortant Barack Obama a finalement mis à exécution sa menace de sanctionner la Russie pour sa supposée ingérence dans la campagne présidentielle américaine, pendant laquelle le Parti démocrate aurait été victime de cyberattaques. Il a pris jeudi une série de mesures à l'encontre de la Russie, qui prévoit notamment l'expulsion de 35 officiels russes présentés comme des «agents des services de renseignement». Les services de renseignement russes, le GRU et le FSB font également l'objet de sanctions économiques tout comme quatre dirigeants du GRU, dont son chef Igor Korobov. Le président américain ne s'est pas arrêté là. Il a prévenu par ailleurs que les Etats-Unis prendront d'autres mesures, «y compris des opérations secrètes dont le public ne sera pas informé». Ces mesures dénoncées par l'équipe de campagne de Donald Trump interviennent au moment où le nouveau président élu des Etats-Unis aurait envisagé de lever les sanctions américaines contre la Russie, comme cela lui aurait récemment été recommandé par Henry Kissinger, chef de la diplomatie américaine dans les années 1970 et artisan de la «Détente» entre les Etats-Unis et l'Union soviétique. Donald Trump n'a jamais caché son intention de travailler au resserrement des liens avec Moscou. Moscou temporise Bien qu'ils aient dénoncé les mesures «inamicales» et provocatrices des Américains, les Russes n'ont cependant pas cherché à faire jouer la réciprocité. Le bruit avait couru hier matin que Moscou allait lui aussi expulser des diplomates américains en représailles à la décision de Barack Obama. Mais il n'en fut finalement rien. Le président russe Vladimir Poutine a fait savoir dans un communiqué que la Russie «ne va expulser personne». «Nous n'allons expulser personne (…) Nous n'allons pas tomber au niveau d'une diplomatie irresponsable (...). Nous n'allons pas créer de problèmes aux diplomates américains», a-t-il assuré. La Russie se réserve toutefois, a-t-il dit, «le droit de prendre des mesures de rétorsion», et «restaurera les relations russo-américaines au vu de ce que sera la politique du président américain élu Donald Trump». Bref, Moscou choisit de miser sur l'avenir. Le président russe a-t-il reçu des garanties de la part de Donald Trump que tout allait rentrer dans l'ordre une fois qu'il aura pris place dans le bureau ovale ? C'est fort possible, surtout que le successeur de Barack Obama, appelé jeudi à commenter les mesures prises contre la Russie, a conseillé de «passer à des choses plus importantes». Ces dernières semaines, Donald Trump avait par ailleurs rejeté sans ambiguïté et à de nombreuses reprises ces accusations portées par certains services de renseignement quant à une aide supposée de la Russie dans sa victoire. Le président élu a même qualifié ces allégations de «théories du complot». «Un piège pour Trump» Une de ses proches conseillères, Kellyanne Conway, n'a, quant à elle, pas hésité à critiquer hier les sanctions américaines contre la Russie. Elle a estimé que l'objectif du président sortant Barack Obama était de «coincer» son successeur à la Maison-Blanche et réduire sa marge de manœuvre vis-à-vis de la Russie. La thèse est soutenue par de nombreux observateurs internationaux. «Je ne pense pas qu'au plus fort de la guerre froide ce pays ait expulsé autant d'agents», a déclaré jeudi soir sur CNN Mme Conway, qualifiant cependant ces sanctions de «symboliques». Barack Obama, qui s'est souvent vu damer le pion par les Russes durant son second mandat, chercherait-il donc à gagner au moins symboliquement sa dernière bataille diplomatique avant de quitter la Maison-Blanche ? Si tel est le cas, il lui sera bien difficile de se sortir victorieux de son dernier bras de fer avec son homologue russe. Vladimir Poutine achève pour ainsi dire l'année 2016 sur une éclatante victoire en Syrie, un pays où il est sur le point d'imposer une «Pax Russia». En attendant que cette paix se concrétise sur le terrain, il a déjà convaincu avec l'aide de la Turquie les parties en conflit de faire taire leurs armes. Cet arrêt des combats qui a pris effet jeudi à minuit et doit amorcer l'ouverture de négociations de paix s'est fait sans les Etats-Unis et l'ONU. C'est ce qui a certainement dû aussi fait sortir Barack Obama de ses gonds.