A la faveur des vacances scolaires d'hiver combinée à la sécurité revenue dans la région, un regain d'activité tous azimuts est constaté à tous les niveaux dans toute la wilaya de Ghardaïa avec l'arrivée massive de fêtards, qui se sont installés particulièrement au chef-lieu et dans la ville des thermes, Zelfana. Des centaines de personnes, dont quelques étrangers, rencontrés déambulant nonchalamment à Ghardaïa et Béni Izguène, sont arrivés dans cette belle vallée pour fêter comme il se doit la fin de l'année. Ce regain d'intérêt pour la destination du M'Zab, région par excellence culturelle et cultuelle à nulle autre pareille, est favorisé par le climat de quiétude qui y règne, réputée pour son cachet architectural, classé au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco. Splendeurs Située à 600 km au sud d'Alger, la capitale, Ghardaïa, laisse découvrir les splendeurs de ses ksour millénaires et leur inégalable beauté architecturale, qui a inspiré des architectes de renom, tels Le Corbusier, Fernand Pouillon et André Ravereau, qui a été récemment honoré par l'Algérie pour son inlassable travail sur le patrimoine matériel et immatériel de la vallée du M'zab, tout en étalant sa légendaire hospitalité pour recevoir ses hôtes venus célébrer la nouvelle année dans le berceau des Rustumides. A chacun ses choix, ainsi il nous a été rapporté par un cadre de la direction du tourisme de la wilaya de Ghardaïa que la plupart des touristes étrangers venus dans la vallée du M'zab enterrer l'année 2016 ont préféré s'installer dans les maisons traditionnelles de la luxuriante palmeraie de Beni Izguène pour passer les fêtes de la Toussaint, alors que les nationaux ont pris d'assaut les hôtels et bungalows de la ville des thermes, Zelfana, à 70 km au sud de Ghardaïa. Ce qui s'appelle joindre l'utile à l'agréable, ou dans le langage populaire «hadja oua ferdja». Authenticité Très prisés par les touristes, notamment étrangers, une dizaine de sites d'hébergement, constitués de maisonnettes réunies en de petites et moyennes résidences, situées dans de superbes jardins et tout au long des palmeraies de Beni Izguène et de N'tissa, construites dans un strict respect des normes architecturales typiques locales et répondant parfaitement au confort des touristes, ont été édifiées par des investisseurs privés de la région dans le strict respect de la nature et de l'environnement.
«L'intérêt porté pour les maisons traditionnelles situées dans les jardins et palmeraies de la vallée du M'zab, devenues par la force du temps de véritables attractions pour les touristes en quête de dépaysement et de découverte des us et coutumes de la région, découle d'une sage et réfléchie approche des opérateurs de tourisme de Ghardaïa, visant à préserver le cachet atypique d'une vallée-jardin et ainsi, servir de référence et de modèle à suivre en matière de protection de l'environnement», souligne le cadre de la direction du tourisme qui nous accompagne, ajoutant : «L'engouement ainsi porté en direction des maisons traditionnelles est fondamentalement révélateur d'une réelle prise de conscience envers l'écotourisme, à savoir un tourisme rationnel, basé sur une écologie propre», avant de conclure avec une pointe d'optimisme : «Il est temps d'insuffler une nouvelle dynamique pour permettre au tourisme, indissociable dans la région du produit artisanal, de reprendre sa place.
En effet, toutes les dispositions nécessaires pour permettre à l'artisanat de s'arrimer au train du tourisme ont été prises par les pouvoirs publics, notamment par la création d'une maison de l'artisanat et surtout celle de l'estampillage du tapis, espaces idoines pour les associations et femmes au foyer, à l'effet de venir exposer leurs produits artisanaux et ainsi pouvoir les écouler auprès des touristes de passage. Vu sous cet angle, ce flux de touristes est un indicateur de reprise et augure ainsi d'une bonne et prometteuse saison touristique.» Insuffisances Oui, mais… il reste que les structures hôtelières de la vallée, classée patrimoine national par l'Algérie en 1971 et reconnue patrimoine universel de l'humanité en 1982, se sont, encore une fois, avérées bien insuffisantes pour accueillir l'important flux de touristes arrivés pour passer les fêtes de fin d'année. Complet partout, c'est le même refrain repris par tous les réceptionnistes, alors que des affiches «complet» sont exposées à l'entrée des hôtels et autres infrastructures d'accueil. Pas le moindre lit de disponible trois jours avant le 31, nuit de la Saint-Sylvestre.
Les capacités d'accueil se sont, comme chaque année, avérées insuffisantes pour absorber l'incroyable flux de touristes nationaux et étrangers, venus cette année en force dans la vallée du M'zab, alors que l'hôtel Rostémides, magnifique bijou architectural, ayant englouti pas moins de 54 milliards de centimes pour sa rénovation, tombe chaque jour un peu plus en décrépitude en demeurant désespérément clos, bien que l'on ait annoncé sur tous les toits qu'il a été repris par la chaîne El Djazaïr pour en faire un des fleurons de hôtellerie dans le sud du pays, mais jusqu'à présent, ce n'est, hélas, que des vœux pieux.
Par ailleurs, à classer au hit parade des aberrations comme point noir en matière de tourisme, et certainement pas des moindres, le fait que les adeptes de Bacchus soient privés du moindre point de vente d'alcool et de spiritueux depuis la fermeture, il y a plus de 5 ans, du dernier magasin de vente d'alcool, pourtant situé bien loin de la ville, en dehors de toute agglomération, à l'extrémité nord de Bouhraoua, à la sortie vers Alger. Ce magasin a été contraint à la fermeture suite à une virulente campagne contre les débits de boissons alcoolisées menée par une poignée d'illuminés et de racoleurs politiques de la 25e heure, s'estimant soudainement investis d'une mission de moralisation de la société face auxquels les pouvoirs publics ont pitoyablement cédé. C'est ainsi que l'on contribue à l'émergence d'une économie parallèle, parce que et quoi que l'on dise, l'alcool, toutes marques confondues, continue et continuera à couler à flots, et ce, tant que les avinés en redemanderont. Mais à quel prix ? Et tant que cette hypocrisie sans nom continuera à faire florès, les bootleggers se frotteront les mains, au grand dam du Trésor public qui perd là une manne fiscale. Chassez le naturel, il revient au (triple) galop...