Durant l'année 2017, le paysage politique devrait connaître des chambardements. En effet, la nouvelle loi sur les élections, votée en 2016, va laisser des traces et risque de pénaliser les formations politiques incapables de répondre aux nouveaux critères décrétés par l'Etat. Pour la première fois, les partis devront justifier de 4% des suffrages obtenus lors des précédentes élections pour se porter candidats aux législatives. Si cette disposition est fortement contestée et combattue par une bonne partie des partis politiques, elle va à coup sûr redéfinir la carte politique du pays. D'ailleurs, les partis de l'opposition ne s'y sont pas trompés : tous, à l'exception du FLN et du RND, ont dénoncé le procédé, estimant que cette disposition «discriminatoire», puisqu'issue des élections de 2012, est «entachée de fraudes et de dépassements» et a pour but l'élimination de la plupart des formations politiques nées avec le Printemps arabe, soit après 2012. A cela se sont ajoutées les nouvelles conditions d'éligibilité ou d'admission, plus compliquées et donc pratiquement «impossibles» à satisfaire, sauf pour les grands partis qui bénéficient d'un enracinement plus important dans le pays. Avec la nouvelle loi électorale applicable cette année, à défaut de satisfaire le taux prévu, le candidat doit rassembler 250 signatures par siège de député dans sa circonscription pour les législatives et 50 signatures par siège pour les APC et APW, soit un nombre impressionnant de signatures. Au niveau des partis politiques, ces législatives devraient abriter un nouveau duel entre le FLN et le RND. Avec 220 députés et plus de 14% des suffrages, le FLN a dominé la précédente législature, mais ne se présente pas en 2017 dans les meilleures conditions. Pour le parti majoritaire, ces élections interviennent au plus mauvais moment et risquent de lui faire perdre plusieurs sièges. Objet d'une grave crise interne depuis l'élection de Amar Saadani en 2012, le parti n'est jamais parvenu à dépasser ses antagonismes et ses divisons, et cela même après la démission en 2016 de son secrétaire général et son remplacement par Djamel Ould Abbès. Si cette nomination voulue par le président du parti et président de la République devait permettre la réunification des rangs, les premiers pas du nouveau secrétaire général du FLN ont au contraire ranimé les divisions et les désaccords au point où, pour la première fois, des candidatures indépendantes de militants en désaccord avec la direction sont évoquées publiquement par la direction unifiée proche de l'ancien secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem. A l'inverse, le parti d'Ahmed Ouyahia aborde les législatives en rangs serrés malgré la fronde menée par un groupe de contestataires. La direction du parti restée fidèle à Ahmed Ouyahia est parvenue à circonscrire la menace en actionnant la commission de discipline. Avec 70 députés et plus de 5% des voix, le RND peut profiter des dissensions internes de son principal concurrent pour améliorer son score, rééquilibrer le rapport de force entre les deux partis et permettre à l'ambitieux chef de cabinet de la Présidence d'avancer ses pions dans la perspective d'une non-candidature de Bouteflika à la présidentielle. Autre inconnue en 2017, qui sera scrutée de près : le score du MSP. Le parti de Makri dont l'Alliance de l'Algérie verte, une «confédération» de partis islamiques créée pour aborder les législatives de 2012, a volé en éclats après l'accord passé entre El Adala et Ennahda. Si le score du MSP aux législatives est trop faible, la ligne dure défendue par son secrétaire général ne pourra pas résister à celle que prône Bouguera Soltani au sein du madjliss echoura, la plus haute instance du parti. Mais un retour de l'ancien ministre à la tête du MSP n'est pas inenvisageable en 2017, d'autant que M. Soltani n'est pas insensible au front intérieur, un projet lancé sans succès par Saadani et repris par Ould Abbès. L'autre grande inconnue concerne le sort du Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Celui qui dirige le gouvernement depuis le 3 septembre 2012 a dû faire face en 2016 à une série de scandales qui ont entaché le peu de crédit qui lui restait. L'affaire de la poudre de perlimpinpin pour les diabétiques dans laquelle un ministre de la République s'est mouillé en assurant le service après-vente est symptomatique d'une absence de légitimité et de crédit auprès des membres du gouvernement. Plusieurs fois annoncé, son remplacement interviendrait pour installer à la tête du gouvernement un homme capable de mener à bien les réformes annoncées et permettre au Président d'entamer dans les meilleures conditions sa réélection pour un 5e mandat. A mi-mandat, plus personne ne doute du désir du cercle familial de pousser le Président vers une nouvelle candidature. En 2017, le Président a prévu une série de déplacements sur le terrain, essentiellement pour l'inauguration de projets qu'il a initiés, avec une inconnue au tableau : l'évolution de sa maladie.