Les islamistes se cherchent toujours... «Maintenir ou annuler cette alliance est une décision stratégique pour nous, qui sera discutée lors de la prochaine session du conseil consultatif», a assuré le vice-président du MSP, Naâmane Laouer. Ça se discute déjà. L'Alliance de l'Algérie verte (AAV) risque de disparaître de la scène politique. Ce pacte conclu entre les trois partis islamistes, MSP, El Islah et Ennahda, en 2012 ne sera pas valable pour les prochaines législatives de 2017. En prévision de ce rendez-vous, les partis membres sont encore indécis. Maintenir ou pas l'Alliance pour les prochaines législatives? Les trois alliés sont en train de peser le pour et le contre avant de trancher. C'est le cas du Mouvement de la société pour la paix (MSP). Le parti de Abderrazak Makri, qui constitue le noyau de la coalition, s'attelle sérieusement à cette problématique. «C'est une alliance établie en 2012 et qui est limitée dans le temps et si nous voulons la maintenir nous devons la prolonger», a affirmé Naâmane Laouer vice-président du MSP qui souligne que cette coalition a été établie uniquement autour des législatives de 2012. Selon lui, la direction du parti prépare un rapport d'évaluation des actions et des résultats réalisés dans le cadre de cette coalition. «Maintenir ou annuler cette alliance est une décision stratégique pour nous, qui sera discutée lors de la prochaine session du conseil consultatif», a assuré le vice-président du MSP. L'ex-parti de la coalition gouvernementale ne veut pas s'aventurer. Ce dernier prend tout son temps pour mûrir ces décisions concernant les prochaines élections législatives. Y a-t-il un problème entre les trois partis? Le vice-président reconnaît que les trois partis ont toujours travaillé en étroite collaboration. «On a travaillé ensemble et on n'avait jamais eu de problème dans la gestion de l'alliance ou dans les positions des partis concernant les projets de lois examinés au sein de l'Assemblée nationale», a témoigné notre interlocuteur en précisant que c'est une expérience politique. Pourquoi le MSP veut se libérer? Toute la question est là. Certes, le MSP n'a pas eu de souci pour gérer l'Alliance, mais en termes de poids il n'a rien gagné. Le parti de feu Nahnah n'est pas satisfait des résultats obtenus dans le cadre de la coalition. Les trois partis disposent en tout de 49 sièges sur un total de 642 sièges au sein de l'Assemblée populaire nationale. Ce qui ne représente même pas le tiers. Ce score est loin de répondre aux ambitions du MSP qui comptait, à lui seul, 51 députés en 2007. «Le résultat obtenu en 2012 est l'un des plus importants paramètres à prendre en considération dans la prise de décision», a lâché Laouer. Autrement dit, le MSP n'a pas tiré profit de l'Alliance de l'Algérie verte, bien au contraire ce sont les deux autres formations (El Islah et Ennahda) qui ont bénéficié de la force du MSP. Les trois partis n'ont pas réussi à s'imposer comme une force de dissuasion au sein du Parlement pour influencer le cours des événements. Les positions de boycott des projets de lois, adoptées par les partis, n'ont en aucun cas perturbé le processus. Devant deux partis majoritaires, FLN-RND, l'action de l'alliance reste insignifiante. Par ailleurs, la nouvelle loi électorale est un autre élément qui risque de bloquer la démarche du MSP et de l'obliger à rester au sein de ce pôle. «Pour la participation aux élections il y a des ambiguïtés», a déploré le numéro deux du parti. Les deux articles de la discorde, à savoir 73 et 94 du Code électoral compliquent la tâche aux partis. Ces articles qui exigent au moins 4% des suffrages lors des précédentes échéances pour l'admission du dossier de candidature aux élections législatives ou locales. Pour ce qui est des élections législatives, le nombre de signatures requises au cas où un parti n'a pas eu 4% des suffrages exprimés lors des dernières législatives ou 10 élus locaux dans la même circonscription électorale, est de 250 pour chaque siège de député à pourvoir. La direction de Abderrazak Makri attend juste que les choses soient clarifiées pour en décider. «Nous avons demandé au ministère de l'Intérieur des clarifications sur ce point pour voir sur quelle base nous allons agir», a affirmé notre interlocuteur. Ce dernier a expliqué à titre d'exemple que «si le ministère accepte de présenter 10 élus locaux au nom du MSP, nous allons pouvoir participer seuls». Le MSP est suspendu à la réponse du département de l'intérieur. Faute de quoi il sera obligé de maintenir sa coquille. Avec les dispositions de Code électoral, les petits partis seront forcés de conclure des alliances pour pouvoir survivre sur la scène politique. Sur les 68 formations politiques que compte la scène politique, elles seront nombreuses à opter pour l'option des alliances afin de sauver leur peau. Attendons pour voir!