Imane Houda Feraoun, ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, a affirmé qu'il n'y a «aucune raison pour aller vers l'ouverture du capital d'Algérie Télécom ni de Mobilis», lors de son passage hier au «Forum» de la Radio nationale. La ministre a fait un constat de la situation que tout le monde connaît depuis longtemps : «Algérie Télécom a des offres de 2 à 8 méga. Le client qui a 1 méga à la maison se considère comme chanceux à Alger. Que dire alors des autres régions éloignées du pays ? Certains attendent le téléphone fixe depuis un ou deux ans.» Etrangement, la ministre a tiré à boulets rouges sur les anciens responsables d'Algérie Télécom (AT), évitant de donner des noms mais, visiblement, il s'agit essentiellement de Azouaou Mehmel, ancien PDG, dont elle a mis fin à ses fonctions en avril dernier. La ministre veut accréditer la thèse qu'elle est venue pour opérer de substantiels changements, quitte à faire tomber des têtes et justifier le vaste plan de nomination et de mise à l'écart de plusieurs cadres. «Durant la période 2014-2015, AT avait un projet de connecter 4 millions de nouveaux clients en haut et très haut débit. L'opérateur a acquis des équipements qui ont coûté plus de 159 millions de dollars. Parallèlement, il n'a été raccordé que 700 000 abonnés. La cause est liée à la gestion de l'entreprise et la méthode de travail. L'entreprise était surtout axé sur l'importation des équipements mais il n'y avait pas de feuille de route, ni étude ni de vision prospective. Pourtant, il y a eu un investissement de 21 milliards de dinars en 2015», a-t-elle affirmé, ajoutant qu'«il faut prendre le temps nécessaire pour cerner les carences. Il faut que l'Algérie arrive à maîtriser la technologie». La ministre a accusé le staff dirigeant de cette époque d'avoir favorisé «la bureaucratie qui a étouffé les jeunes ingénieurs». Aujourd'hui, il est question, selon elle, d'aller «vers un nouveau organigramme où le travail sera plus fluide». Dans ce cadre, les nouveaux ingénieurs ont présenté un projet intégré de généralisation du haut débit pour raccorder un million de clients avec la technologie FTTX. Il démarrera à partir de ce mois en partenariat avec les partenaires technologiques et sera étendu sur l'ensemble du territoire national. Mme Feraoun a annoncé aussi que 18 milliards de dinars seront consacrés, en 2017, aux projets Ansej pour relancer l'entrepreunariat. La ministre a souligné également que l'année 2016 a permis de relever le défi de la 4G par les opérateurs de téléphonie mobile. «Ils disaient que les investissements dans la 3G sont énormes et qu'ils n'ont pas terminé d'étendre la couverture, que la 4G n'est pas venue au bon moment, mais la position politique du gouvernement algérien est claire : on ne peut pas permettre que l'Algérie soit encore en retard par rapport à l'avancée de la technologie dans le monde. La différence technologique entre la 3G et la 4G est minime, les investissements des opérateurs ne sont pas énormes : il s'agit de la même BTS avec une mise à jour supplémentaire.» Elle constate que «la marge bénéficiaire des opérateurs de téléphonie mobile est très large» et leur lance un appel pour «qu'ils supportent l'augmentation de la TVA, imposée dans la loi de finances 2017, en fait, ce n'est pas une augmentation, il y avait une baisse de tarification et on est revenu au juste prix». Quant à Algérie Poste, la ministre a dit que l'opérateur a lancé un vaste plan de modernisation avec l'acquisition de 600 DAB en 2016 qui seront renforcés par 440 autres en 2017. Il produit un million de carte électronique par mois qui seront distribuées au fur et à mesure aux 19 millions de compte CCP. Questionnée sur le rapport de l'UIT qui classe l'Algérie à la 103e place, la ministre s'est félicitée que notre pays a quand même gagné 9 places, mais reconnaît que ce n'est pas sa véritable place au regard de ses potentialités et la force de sa jeunesse. Concernant la coupure d'internet lors de la dernière session du bac, elle donne sa version : «Ce n'est pas une coupure, mais un brouillage des réseaux sociaux au début des examens, qui a duré une ou deux heures. Cependant les établissements économiques, les banques et les entreprises n'ont pas été touchés car ils ont des liaisons spécialisées (LS) et tout ce qui a été dit dans la presse n'est que bavardage.» Cette précision aurait été plus judicieuse au moment des faits...