De belles actualités musicales pour commencer cette nouvelle année et contrebalancer les inquiétudes. Entre retours gagnants, hommages et nouveaux talents, la musique algérienne semble bien se porter. Du classique à la variété, il y en aura pour tous les goûts... Honneur aux dames. Lila Borsali annonce les dates de sa tournée qui débute à Alger et se poursuit en France. La talentueuse interprète de musique arabo-andalouse nous invite à un voyage dans la ville de Grenade. La légende dit que le Gharnati, musique arabo-andalouse de Tlemcen où excelle la jeune artiste, descend en droite ligne de cette région de l'Andalousie musulmane. Pour cette série de concerts baptisés justement «Il était une fois à Grenade», Lila Borsali se fait aussi récitante (un talent à chaque doigt, comme dit le proverbe). De Washington Irving à la poésie ancienne espagnole, ce voyage sera donc littéraire et musical, aux rythmes de la nawba. «Une sorte de dimension hors temps où toutes les sensibilités se libèrent, un lieu où le flux ininterrompu de l'imaginaire nous a incités à ‘jouer' avec les textes, à les détacher de leur contexte premier et à les glisser dans un tissu de relations qui les fait parler différemment, tout en leur faisant dire la même chose: tout ce que la magie seule de la poésie peut révéler comme secret de l'âme», lit-on sur la présentation. A découvrir donc le 19 janvier à la salle Ibn Zeydoun (Alger), le 22 à Montpellier, le 27 au CCA de Paris et le 29 à Saint-Denis. Une autre brillante chanteuse fait le chemin inverse, de Paris à Alger, et annonce sa tournée en ce mois de janvier. Amel Brahim Djelloul est de retour avec un concert mêlant art lyrique et grande littérature. La soprano revisite le répertoire des compositeurs qui se sont inspirés du Maghreb, à l'image de Camille Saint-Saëns, Henri Duparc, Félicien David, Salvador Daniel… Accompagnée par le pianiste Nicolas Jouve, l'artiste lyrique dialogue avec un conte tiré des Mille et Une Nuits (Qamar Al Zaman et la princesse Boudour) narré par le conteur Jihad Darwiche. Le spectacle sera visible à l'Opéra d'Alger le 25 janvier, avant de se déplacer à Tlemcen le 28 et à Oran le 30. Amel Brahim Djelloul se produit également à l'Institut du monde arabe (Paris), les 19 et 21 janvier avec des compositions du Libanais Zad Moultaka. Elle sera enfin à Montréal (Canada) le 8 février avec l'ensemble Amedyez. Installé en Allemagne depuis plusieurs années, Hamid Baroudi n'a pas perdu le nord… Ou plutôt le sud. En effet, sa série de concerts à l'occasion de Yennayer est principalement tournée vers le sud du pays. La Caravan to Sahara (référence à son tube Caravan to Bagdad) a débuté à l'Opéra d'Alger, jeudi dernier, avant de prendre son envol pour Adrar le 17, In Salah le 19, Tamanrasset le 22 et Djanet le 25 janvier. Baroudi revisite son répertoire de chansons teintées de world music avec la collaboration de musiciens de renommée internationale mais aussi des talents algériens, particulièrement du Sud, qui l'accompagnent en tournée. Ce retour marque également la sortie de son nouvel album Back To The Groove qui sortira officiellement en février. Le chanteur a enfin annoncé, lors de sa conférence de presse à Alger, la préparation d'un documentaire en hommage au génial chanteur et musicien Othman Bali, disparu en 2015. Bref, il ne revient certainement pas les mains vides… Lui non plus ne revient pas les mains vides. C'est Salim Dada qui est à Alger pour ce mois de janvier. Guitariste d'exception, il est l'un des plus brillants compositeurs de sa génération. S'il n'a pas encore trouvé le temps d'enregistrer un album, sa musique, savant mélange d'influences maghrébines et d'harmonie classique et contemporaine, est interprétée aux quatre coins du monde. On lui doit en outre la musique du film Saint Augustin de Samir Seif qu'on espère voir bientôt sur les écrans algériens. Friand d'échanges et de collaborations en tous genres, Salim Dada ne revient pas seul. Il se produira d'abord avec le bassoniste Redouane Amir. Le duo Con piacere a, comme son nom l'indique, répondu «avec plaisir» à l'invitation de l'Institut culturel italien. Il se produira dans ses locaux le 22 janvier (avec un master class en prime !) et le 24 au Musée du Bardo. Ils seront également à l'Institut Cervantès d'Alger, le 26, dans le cadre de la Nuit des idées. Dada devrait par ailleurs revenir dans les mois prochains avec son trio Shuluq, projet de grande qualité artistique en hommage aux musiques de la Méditerranée. La chanson se porte bien merci… Et la jeune génération de groupes musicaux impulse un nouveau souffle et une énergie certaine. Dans les bacs en ce moment, le deuxième album de Freeklane. Après le succès retentissant de Lala Mina en 2013, le groupe revient avec Nomad. La bande de Chemsou met le cap sur le Sud avec une forte empreinte du Sahara et de l'Afrique subsaharienne. Ces sonorités, déjà présentes dans le premier opus aux côtés du chaâbi, du raï et des musiques du Maghreb, portent des textes sur les dilemmes de la jeunesse algérienne mais aussi une célébration de l'Afrique ou encore de l'amazighité. En somme, du bon son qui tournera probablement sur les radios d'Algérie mais aussi chez nos voisins maghrébins durant toute l'année. Last mais certainement pas least, la légende vivante de la chanson kabyle Lounis Aït Menguellet fêtera cette année ses 50 ans de carrière. Poète exceptionnel et compositeur prolifique, le chanteur affiche une rare régularité dans la qualité de ses œuvres. Depuis son premier passage à la radio, en 1967 à l'âge de 17 ans, entouré par l'aura et porté par les encouragements des maîtres de la chanson kabyle (Cherif Kheddam, Kamel Hammadi, Taleb Rabah, Slimane Azem…), Aït Menguellet n'a pas dévié de sa ligne de conduite artistique et humaine et ses nombreux admirateurs lui en savent gré. 2017 sera donc l'année Aït Menguellet avec un concert, dès demain, au Zénith de Paris. D'autres concerts devraient certainement suivre en Algérie. Un colloque sera par ailleurs organisé à l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou autour du parcours et de l'œuvre de ce «poète au cœur du peuple», selon l'expression de Kateb Yacine. Mais l'artiste ne compte certainement pas se reposer sur ses lauriers et, après le succès certain d'Isefra en 2014, un nouvel album est annoncé pour le printemps prochain.