Le refus de l'Etablissement public de télévision (EPTV) d'acquérir les droits de retransmission des matchs de la Coupe d'Afrique des nations au Gabon (CAN-2017) puise sa raison dans les sommes élevées qui dépassent tout entendement qu'exige le détenteur des droits pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena), la chaîne qatarie beIN Sports. C'est la première fois dans l'histoire de la CAN que les téléspectateurs algériens sont privés d'images de ce tournoi. La faute incombe, exclusivement, à la Confédération africaine de football (CAF) qui, mue par sa quête effrénée du gain et profits faciles, a pactisé avec le groupe français Lagardère à qui elle a cédé pour une longue durée (2017-2028) un contrat de commercialisation des droits de retransmission, médias et marketing des principales compétitions de la Confédération. Le groupe Lagardère a acquis tous les droits liés aux compétitions de la CAF via une de ses multiples sociétés, à savoir SportFive avec qui la CAF s'est liée par un contrat que les deux parties ont cadenassé habilement et qui confère à SportFive un droit de préemption qui écarte de la négociation tout autre partenaire désireux de postuler à l'acquisition des droits de retransmission. L'Egypte a dénoncé la position de monopole que la CAF a cédé à son partenaire français ainsi que le non-respect du droit et des règles de la concurrence que la Confédération n'a pas observé entre la fin du premier contrat et le renouvellement du second. En octobre 2012, SportFive avait acheté les droits des CAN-2013 et 2015 pour seulement 2,7 millions d'euros par édition. Cette somme couvre 68 matchs. En janvier 2017, le détenteur exclusif des droits pour la zone MENA a fixé à 32 millions de dollars le prix de cession de 7 matchs. Aucune commune mesure avec les miettes qu'a versées SportFive pour l'achat des droits de deux éditions. En Afrique, des voix se sont élevées pour dénoncer la démarche de la CAF et demandé l'intervention de l'Union africaine pour mettre un terme à cette situation qui prive les Africains de suivre les matchs de la CAN et qui peuvent engendrer des conséquences fâcheuses sur la stabilité des pays si les citoyens recourent à la contestation et aux manifestations dans la rue pour dénoncer l'attitude de la CAF vis-à-vis des peuples africains qui aspirent à voir des rencontres de la CAN sans avoir à mettre en danger leur maigre bourse. Les Etats africains doivent se départir de leur statut de spectateur. Ce sont eux qui construisent les infrastructures qui servent au développement du sport et du football. Sans eux, il n'y aurait pas de football. La CAF s'appuie sur eux pour organiser ses compétitions, qu'ensuite elle vend (les droits) à ses clients privilégiés qui ne se soucient guère du triptyque qu'elle avance toujours en pareille circonstance, à savoir «développement, promotion et diffusion des images du football africain». Aujourd'hui, une grande partie des citoyens africains est privée des images de la CAN-2017, parce que Lagardère et beIN Sports ont fixé les règles du jeu auxquels peu de pays peuvent adhérer.