Les étudiants en pharmacie ne s'avouent pas vaincus. Empêchés dernièrement d'organiser leur rassemblement devant l'APN, ils comptent reprendre la contestation. «Une réunion est prévue ce soir (hier soir) pour décider des actions à mener», signale un responsable du collectif des étudiants qui a requis l'anonymat. En grève depuis deux mois, les étudiants de 10 départements de pharmacie des universités du pays ont été reçus par les présidents des commissions de la santé et de l'enseignement, mais leur plateforme de revendications n'a pas été satisfaite. «Nous avons demandé à quatre reprises audience au ministre de l'Enseignement supérieur et à celui de la Santé. Nous n'avons reçu aucune réponse. Les députés ont certes reconnu la légitimité de nos revendications. Mais nos demandes n'ont pas abouti à ce jour», regrette l'étudiant contacté par El Watan. Le secrétaire général du ministère de l'Enseignement supérieur a reçu les délégués des protestataires, mais, s'indignent les grévistes, «le compte rendu de la réunion n'était pas conforme aux demandes exprimées lors de l'entrevue». Les étudiants en pharmacie exigent une meilleure qualité de la formation, la révision à la hausse du nombre de postes de résidanat, la création de nouvelles spécialités, à l'instar de la pharmacie industrielle, la pharmacie clinique et hospitalière. Ils réclament aussi l'amélioration du secteur officinal avec une intégration du titre de pharmacien assisté et l'obligation pour les pharmacies d'officine de recruter les diplômés. Les grévistes revendiquent également une revalorisation salariale à travers le passage du 13e au 16e échelons sur la grille des salaires, «d'autant plus que depuis la publication du décret en 2011, les étudiants en pharmacie font 6 ans d'études au lieu de cinq». Où est l'arrêté interministériel ? Le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) «réitère sa solidarité» avec les protestataires. «Après l'action de rue des étudiants en 2011, les autorités ont engagé une démarche qui n'a pas été suivie de mesures concrètes. La première promotion de docteurs en pharmacie et chirurgie dentaire, sortie en 2012, avait le choix entre rester avec l'ancien diplôme et bénéficier d'une formation, ou suivre une année supplémentaire pour obtenir le doctorat. Sauf que l'arrêté interministériel qui prévoit la période de formation n'a jamais été publié», regrette le Dr Lyes Merabet, secrétaire général du SNPSP. Le syndicaliste considère que les étudiants sont «lésés» puisque leur classement actuel ne sied pas à leur cursus entamé après de meilleures notes d'admission décrochées au baccalauréat. «La catégorie dans laquelle ils sont actuellement classés, la 13, ne sied pas à leur diplôme alors qu'ils sont, depuis le décret d'organisation de ces études, docteurs comme les médecins généralistes et les spécialistes», fait remarquer M. Merabet, ajoutant que «la tutelle doit prendre en compte le diplôme obtenu et non les années d'expérience pour éviter de créer un malentendu» entre les différents corps. Le syndicaliste s'étonne de la déclaration du ministre de l'Enseignement supérieur sur la «manipulation» des protestataires. Il appelle par ailleurs à «casser le tabou» concernant le monopole de certaines spécialités : «Il faut laisser aux étudiants le choix des spécialités selon le mérite.» Quelque 12 000 étudiants en pharmacie de 10 départements du pays sont en grève depuis 2 mois. Les étudiants en chirurgie dentaire, en grève aussi, ont soumis presque les mêmes revendications.