Pas un spectacle, pas une vente-dédicace, pas une modeste rencontre culturelle. Tizi Ouzou tourne le dos aux produits de l'esprit. Non pas que les créateurs ont cessé de produire, mais plutôt ce sont les espaces qui manquent le plus. La maison de la culture Mouloud Mammeri est fermée depuis l'été dernier pour des travaux de réfection de la grande salle. Et c'est l'étouffement pour le maigre tissu associatif encore en activité, les artistes en herbe et les différents auteurs en quête d'un public. L'enveloppe financière allouée aux travaux de réhabilitation de la maison de la culture paraît insuffisante pour changer ne serait-ce que les moquettes et installer les sièges et la climatisation. Pendant que l'on espère une rallonge budgétaire, qui risque encore de retarder l'échéance de la réouverture de la salle, aucune action culturelle consistante n'est envisageable. Toutes les infrastructures culturelles de la ville sont inopérantes ; l'entrée du Djurdjura est murée, le Mondial est fermé, le Studio est détruit alors que le théâtre Kateb Yacine est ouvert aux quatre vents en attendant sa sérieuse prise en charge, surtout qu'il a été érigé en théâtre régional. Pour quand une production théâtrale permanente ou un tout autre acte culturel ? Au fil des années, Tizi Ouzou perd ses repères et son aura de région qui produit de la culture. Les pouvoirs publics semblent entretenir cette lamentable situation. Que de rendez-vous culturels et scientifiques disparus des programmes et de la scène ! La dernière édition du Festival international du folklore et des danses populaires remonte à 1995, réactivé après 5 ans d'absence comme un acte de résistance contre le terrorisme qui redoublait alors de férocité chaque jour. Idem pour le prix Mouloud Mammeri, créé par la Fédération des associations amazighs en 1991 et décerné pour les meilleurs travaux littéraires, linguistiques et artistiques. L'évènement est quasiment oublié. Les exemples sont nombreux. Le desséchement culturel a trop duré. On peut fermer les portes mais pas les esprits.