Depuis le début de l'été, des rencontres culturelles se font et se défont un peu partout dans nos contrées. Faut-il y voir un signe de bonne santé artistique ? Voyons d'abord de quelles activités artistiques s'agit-il ! A Timgad comme au Casif de Sidi Fredj tout autant qu'à la maison de culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou ou précédemment le festival du malouf à Constantine ou celui du gnaoui à Riadh El Feth d'Alger….le menu est à 100% lyrique. Rien que de la musique puisée ou dans le patrimoine, ou dans la variété ou alors dans les stands d'artistes étrangers qui viennent chanter et repartent. Pour organiser un spectacle lyrique ou même un festival lyrique, il faut une salle bien équipée, un chanteur et son orchestre et un budget pour les cachets et les frais de transport et autres. En général même si l'on invite une vedette internationale et qu'on tourne à guichet fermé, les bénéfices ne sont jamais acquis compte tenu de l'exorbitance du cachet des stars. La culture serait-elle seulement confinée dans l'art lyrique au point où une prolifération ahurissante de néophytes chanteurs qui s'arrachent lors des fêtes de mariages deviennent quelques années plus tard les promoteurs de la chose vénale ? Si l'on conçoit que la musique est un mode d'expression artistique qui doit avoir ces espaces propres comme les festivals ou autres, il ne faudrait pas perdre de vue le fait qu'on danse à peu prés partout la même danse en payant de nos poches plusieurs fois la même chanson. Comment se fait-il que des festivals de cinéma comme celui de “ Cannes Juniors à Timimoun ” de Annaba, ou de Tébessa soient complètement vidés de leur substance après quelques éditions alors que les rencontres lyriques se pérennisent, encore mieux, prolifèrent davantage ? Comment expliquons-nous le fait qu'hormis deux petits festivals de théâtre qui se font lors d'occasion conjoncturelle –c'est-à-dire quand il y a des sous pour promouvoir une quelconque idée de la culture- ne figurent pas sur le menu des festivités de l'été ? Il est aberrant de faire la fête tout l'été lorsque le Musée Casbah patauge dans les sentines ! Il est outrageant de faire émerger des sornettes dans une contrée dépourvue d'endroit d'apprentissage et de loisirs ! Gavés de musique on pourrait savourer une petite œuvre de génie qu'on pourra montrer dans l'un de nos innombrables édifices dont la réhabilitation change de mains au gré de commentaires farfelus. Il est temps qu'on nous apprenne à danser sur une musique construite autour de ces socles qui font que nous durons.