La Confédération des cadres des finances et de la comptabilité (CCFC) est sortie, hier, de son silence pour s'exprimer sur plusieurs sujets touchant à la privatisation, à l'élaboration des projets de la loi de finances, au climat des affaires et à la corruption. A l'issue de la réunion du bureau exécutif, tenue hier à Alger, la confédération a de ce fait dénoncé « toutes les cessions des entreprises publiques au profit de ceux qui se sont enrichis grâce aux importations douteuses sur le dos des banques publiques ». Selon elle, les pouvoirs publics « n'ont pas de politique claire » relative à cette privatisation et leurs déclarations « contradictoires ne font qu'entretenir le doute quant au manque de transparence » dans la gestion de ce dossier. De ce fait, elle a appelé à une cession au profit des cadres et entrepreneurs algériens « ayant prouvé leur compétence et leur courage » en matière d'investissement. Dans le même ordre d'idées, la confédération a mis en garde contre les ventes des entreprises dites stratégiques aux étrangers et estimé toutefois « que c'est aux Algériens de trouver les partenaires comme l'ont déjà fait nos voisins au Maroc et en Tunisie ». Pour être plus explicite, l'organisation a cité l'exemple du secteur de la téléphonie, qui, selon elle, est une affaire de business puisque l'Algérie n'a pas profité, selon elle, sur le plan de la technologie. « Pire, la sécurité nationale est de ce fait menacée et chacun doit prendre ses responsabilités », a déclaré le bureau exécutif de la confédération. Abordant la question de la loi de finances, celle-ci a relevé que ses cadres ont de tout temps été écartés des débats, dénonçant au passage la nomination du nouveau directeur général du budget. Pour les cadres des finances, le climat des affaires est « préoccupant dans la mesure où la corruption bloque toutes les possibilités de réforme et de redressement de l'économie algérienne ». REFUS DU DEBAT CONTRADICTOIRE Selon eux, le gouvernement vient de signer un pacte économique et social, avec « les clients du pouvoir et des clans », et à ce titre, ils ont dénoncé « l'exclusion » du débat des syndicats et des associations autonomes. « Rien ne peut se faire sans ces derniers. Le pouvoir peut choisir ses amis acquis à l'idée de la collaboration positive, mais doit respecter la Constitution et les lois de la République qui consacrent la pluralité syndicale et associative », a déclaré la confédération. Cette dernière a estimé que les scandales successifs ayant éclaboussé le secteur bancaire sont le fait « de la nomination de responsables incompétents acquis à la culture de clans pour servir les crédits à leur convenance ». L'organisation a noté que la liquidation des banques privées « a été dictée par des considérations politiques », rendant coupable la Banque d'Algérie, qui n'a pas pris ses responsabilités et le ministère des Finances, pour avoir désigné la personne qu'il ne fallait pas à la tête de l'IGF. « Les cadres des finances sont dans une situation alarmante. 90% d'entre eux sont bloqués dans leur carrière et certains d'entre eux n'ont pas connu de promotion depuis plus de 20 ans », a déclaré la confédération, appelant de ce fait le ministère des Finances à prendre ses responsabilités pour remédier à cet état de fait. Elle a également regretté que les conférences et séminaires, qu'elle devait organiser au profit des cadres sur la situation dans le secteur des finances, n'ont pu être tenus à cause, a-t-elle expliqué, du refus du ministère de tout débat contradictoire. Néanmoins, tout en félicitant la nomination de nouveaux responsables au niveau des Douanes, des Impôts et de l'IGF, l'organisation a appelé au limogeage du chef de la Cellule du traitement du renseignement financier (CTRF). Intervenant dans le conflit, qui oppose certains syndicalistes d'Algérie Poste au secrétaire général de la Fédération des Postes et Télécommunication, l'organisation des cadres des finances a exprimé sa protestation contre le sort réservé à certains membres du bureau de la fédération démis de leurs fonctions pour avoir rejoint la CCFC. « Un mouvement général a été déclenché arbitrairement pour déplacer nos adhérents alors que les membres de la fédération affiliée à l'UGTA n'ont pas été touchés (...) Le secrétaire général, dont le mandat a expiré depuis 8 ans, n'a pas lieu d'être, car le secteur des télécommunications a été restructuré pour éclater en trois sociétés autonomes, deux par actions, Algérie Télécom et Mobilis, et une troisième l'Epic Algérie Poste, de ce fait l'organisation syndicale doit, elle aussi, évoluer et aller vers la création de nouvelles structures ». En conclusion, la confédération a exigé de la directrice d' Algérie Télécom « l'arrêt des attaques menées » contre les membres de la fédération et appelé le ministre des Télécommunications « à prendre les mesures nécessaires, dans un délai de 15 jours, faute de quoi l'affaire sera portée devant l'opinion publique ».