Le pacte économique et social, signé dernièrement entre le gouvernement, le patronat et l'UGTA est caduc et n'a pas de chance d'aller loin, car il a occulté les syndicats autonomes comme le Snapap, le CLA et le Cnapest. C'est ce qu'a indiqué Karim Mahmoudi, président de la Confédération des cadres de la finance et de la comptabilité (Ccfc), lors d'une conférence de presse animée hier au club des cadres à Alger. Ce pacte ressemble, dit M. Mahmoudi, à plusieurs contrats signés auparavant et sont restés lettre morte. Le président de la Ccfc a déclaré : “Nous ne pouvons pas reconnaître un pacte qui exclut des syndicats reconnus et impose un syndicat qui n'existe pas sur le terrain.” Tout en soulignant que “les réformes économiques, entamées au début des années 1990, n'ont pas atteint les objectifs escomptés, notamment dans le secteur bancaire parce qu'on mélange entre la modernisation et la refonte”. Pour l'orateur, “la corruption est sponsorisée, aujourd'hui, par plusieurs cercles occultes et le climat des affaires est loin d'être attractif en Algérie”. Et pour cause, il n'y a pas beaucoup d'investissements directs étrangers sérieux, mais davantage de business qui se fait, bien qu'il y ait eu plusieurs délégations d'hommes d'affaires étrangers qui ont séjourné en Algérie. En évoquant la privatisation, il a affirmé que “la confédération est contre la vente des entreprises publiques aux étrangers. Elle soutient la reprise de ces entreprises par les opérateurs économiques algériens”. Le président de la Ccfc a dénoncé, par ailleurs, la liquidation des banques privées, car “elle n'a pas obéi aux règles et lois de la République”. La liquidation de ces banques est qualifiée, ajoute M. Mahmoudi, d'opération éminemment politique. À titre d'exemple, il a cité le cas de l'ex-El Khalifa Bank, dont plusieurs cadres sont en détention préventive depuis plus de 23 mois, alors que la loi a fixé le délai de la détention prévention à 16 mois. Mahmoudi a expliqué que “ceux qui ont créé le groupe Khalifa n'ont jamais été inquiétés ou touchés”. Le préjudice financier causé par la dissolution du groupe Khalifa a atteint, affirme M. Mahmoudi, 3 milliards de dollars. Le premier responsable de la Ccfc est revenu, par ailleurs, sur l'affaire opposant la fédération des receveurs de la poste, affiliée à son organisation, et la fédération nationale des travailleurs de la poste et des télécommunications, affiliée à l'UGTA. Il a relevé que “le mandat des membres de la fédération nationale des P et T affiliée à l'UGTA est terminé depuis 8 ans, et depuis elle ne l'a pas renouvelé”. Plus explicite, il a soutenu que “le président de la fédération nationale des P et T est impliquée dans l'affaire de l'ex-Khalifa Bank et poursuivie en justice pour corruption, trafic d'influence et privilèges”. Ce responsable gère, dit M. Mahmoudi, la fédération nationale des P et T comme une boîte privée. La direction générale d'Algérie Poste a suspendu, selon lui, 4 membres du bureau national de la fédération des receveurs de la poste affiliée à la Ccfc. La Confédération des cadres de la finance et de la comptabilité compte saisir, annonce-t-il, le chef du gouvernement, le président de la République, les députés, voire les institutions internationales, comme l'Union postale internationale, sur les agissements des responsables de ce secteur. FaIçal Medjahed