Outre la question de la réforme de l'Union africaine (UA), l'élection du nouveau président de la commission de l'organisation panafricaine sera l'un des points phares inscrits à l'ordre du jour du 28e sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA dont les travaux débuteront aujourd'hui dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba. Si le passage du flambeau de la présidence de l'Union africaine (UA) entre le président tchadien, Idriss Déby Itno, et son homologue guinéen, Alpha Condé, semble une affaire entendue, il n'en va pas de même pour la succession de la présidence de la commission, poste qu'occupe la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma. Le Tchad, le Kenya, la Guinée équatoriale, le Sénégal et le Botswana ont chacun présenté un candidat pour succéder à la Sud-Africaine à la tête de ce stratégique organe de l'Union. Rien ne permet à ce stade de dire qui des cinq candidats en lice pourrait emporter le vote prévu aujourd'hui, mais trois candidats abordent cette élection avec le statut de favori. Ramtane Lamamra, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, a pour sa part qualifié hier de «brillants» les cinq candidats, sans pour autant dire pour qui votera l'Algérie. Certains médias en Afrique soutiennent cependant que M. Lamamra a personnellement œuvré pour que le ministre tchadien des Affaires étrangères, Moussa Faki Mahamat, soit candidat à la présidence de la commission de l'UA. D'autres, affirment le contraire et croient savoir que le choix de l'Algérie pencherait en faveur d'Amina Mohamed, la représentante du Kenya. Quoi qu'il en soit, de nombreux observateurs à Addis-Abeba admettent que c'est l'un ou l'autre qui succédera à Mme Zuma.
Présentation des trois plus importants candidats :
Abdoulaye Bathily (Sénégal) Le candidat du Sénégal est le professeur Abdoulaye Bathily, 70 ans. Il a été plusieurs fois ministre avant d'être nommé représentant spécial du secrétaire général de l'Onu pour l'Afrique centrale. A en croire sa profession de foi, M. Bathily mise, pour succéder à la Sud-Africaine NKosazana Dlamini-Zuma, sur son expérience dans la gestion des crises africaines. En effet, en sa qualité de représentant du secrétaire général des Nations unies en Afrique centrale, il a été fortement impliqué dans la recherche des solutions aux crises post électorales au Burundi, au Gabon, au Congo-Brazzaville. Il doit toutefois faire face aux critiques qui le présentent comme «le candidat du Maroc, en raison de la trop grande proximité de la diplomatie sénégalaise avec Rabat». Abdoulaye Bathily est le candidat unique de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) au poste de président de la commission de l'Union africaine (UA). Au cours d'une récente tournée en Afrique de l'Ouest, il a partagé sa vision et son programme de travail pour l'Union africaine. Le professeur Bathily y avait surtout réaffirmé son engagement à travailler avec les leaders africains de tous horizons pour la réalisation de l'agenda 2063 de l'UA et pour une véritable renaissance africaine. Moussa Faki Mahamat (Tchad) Le candidat tchadien est ministre des Affaires étrangères. Il occupe ce poste depuis 2008. Juriste de formation, M. Mahamat, 57 ans, a également occupé le poste de Premier ministre entre 2003 et 2005. Il est aussi considéré comme l'artisan de l'entrée du Tchad au Conseil de sécurité des Nations unies comme membre non permanent pour la période 2014 à 2016. Il été associé à l'élaboration et à la mise en œuvre d'un certain nombre de décisions à l'échelle continentale, tant dans le domaine de la sécurité que dans celui du développement. Aussi, son parcours fait de lui un candidat idéal pour le poste de président de la commission de l'Union africaine. Il a indiqué que s'il venait à être élu ses priorités iront au développement et à la sécurité. «La pauvreté et la violence ont amené une bonne partie de la jeunesse à rejoindre les djihadistes ou à prendre le chemin de l'immigration illégale. Il revient à l'UA de tout faire pour lutter contre ces fléaux, en agissant de manière plus solidaire et plus responsable. La gestion des ressources naturelles doit bénéficier aux populations. La bonne gouvernance, la lutte contre la gabegie ou contre la corruption font aussi partie des objectifs», a-t-il dit dans un récent entretien accordé à la presse tchadienne.
Amina Mohamed (Kenya) Amina Mohamed est ministre des Affaires étrangères du Kenya depuis mai 2013. Elle a également occupé le poste de directeur exécutif adjoint du programme des Nations unies pour l'environnement (2011-2013), de secrétaire permanent au ministère kenyan de la Justice (2008-2011) et ambassadrice du Kenya auprès de l'Office des Nations unies à Genève (2000-2006). Mme Mohamed a des chances de succéder à Mme Zuma, car son pays s'est beaucoup rapproché ces dernier temps de l'Afrique du sud qui l'aurait déjà assurée de son soutien. Dans son programme de campagne, elle insiste sur le fait que «l'industrialisation peut réduire la pauvreté et créer des emplois pour accompagner notre continent dans le XXIIe siècle». Pour elle, «le commerce est un paramètre d'unification très fort, mais nous devons combler nos lacunes en matière d'infrastructures et faciliter la mobilité des gens, des capitaux et des biens afin que nos jeunes puissent bouger au-delà des frontières, échanger des idées, faire preuve de créativité et d'innovation, mais également trouver des emplois». Le commerce intra-africain, rappelle-t-elle, est de 13%. Pour Mme Mohamed, c'est inacceptable. Selon elle, ce chiffre doit au moins atteindre 30% et, à terme, viser 60%.