Les populations du Sud algérien ont bénéficié d'une réduction de 65% sur leurs factures d'électricité. Comment évaluer cette mesure sur le plan économique ? Cette mesure de réduction des factures de l'électricité pour les populations du Sud algérien ne permet pas de rationaliser la consommation de cette énergie. A travers cette mesure, nous continuons à promouvoir la consommation de l'énergie électrique produite à partir du gaz naturel dans le secteur des ménages & tertiaires et à la subventionner, et ce, à la place de la mise en œuvre des mesures permettant d'accroître l'efficacité de la consommation d'énergie. Cependant, face à cette situation, des questions d'importance restent posées : est-ce que cette mesure de réduction est limitée dans le temps (c-à-d à court terme) ? Existe-il d'autres alternatives ? Sachant que l'Etat doit investir chaque année (selon le PDG de Sonelgaz) plus d'un milliard de dollars pour faire face aux besoins nationaux sans cesse croissants en électricité, alors qu'il est indispensable de consommer l'électricité d'une façon rationnelle. En outre, lors du Conseil des ministres restreint du 22 février 2016 consacré à la politique nationale dans le domaine du gaz, le président de la République a donné des directives pour la rationalisation de la consommation nationale d'énergie. A cet effet, il y a lieu de trouver d'autres solutions alternatives pour le sud algérien, à court terme d'une part, revoir et/ou augmenter le seuil de consommation de gaz & d'électricité pour les zones d'influence du sud algérien grandes consommatrices d'énergie, et, d'autre part, en parallèle lancer la climatisation solaire dans le secteur résidentiel avec le développement de l'énergie solaire, par des mesures incitatives et d'aides financières consacrées spécialement à cette opération. Parallèlement, dans les montagnes du Nord et les hauts-Plateaux, l'utilisation des appareils de chauffage électriques en l'absence du gaz naturel et de bouteilles de gaz butane fait aussi grimper les factures… C'est la même problématique qui se pose en été pour le sud algérien, et en hiver pour les régions montagneuses et les hauts-Plateaux. Devant cette situation, la question qui reste posée est la suivante : est-il nécessaire de réduire les prix des appareils de chauffage et des bouteilles de gaz butane pendant l'hiver pour ces régions ? Peut-être est-ce une mesure nécessaire à court terme, mais non suffisante et non efficace à moyen terme. Aussi, il y a lieu de trouver d'autres solutions viables pour ces régions. Changer de modèle de consommation d'énergie, appliquer la réalité des prix de l'énergie, mettre fin aux gaspillages, sont autant de mesures à prendre pour faire face au triple challenge de la demande interne d'énergie.Par ailleurs, il faut comprendre que notre approche vise d'abord la réduction de la consommation du gaz naturel. Pour cela, au niveau des régions montagneuses et des hauts-Plateaux, il faudra privilégier les énergies renouvelables (notamment l'énergie solaire), mais aussi et surtout le GPL vrac (Bupro) et/ou le propane (en surabondance et moins consommé en Algérie). A cet effet, il y a lieu de réaliser des îlots propanes dans ces régions, dont l'autonomie de stockage dépend des densités des régions montagneuses et des Hauts-Plateaux, et ce, en lieu et place du gaz naturel. Qu'en est-il du bilan du raccordement de ces régions au gaz naturel ? Tout d'abord, il faut savoir que le taux de pénétration du gaz naturel en Algérie est plus de 55%, c'est important pour un grand pays comme l'Algérie. Pour le taux de raccordement de ces régions au gaz naturel, il est d'environ 40%. Par ailleurs, la question qui reste posée est de savoir quel est le coût de pénétration du gaz naturel dans ces régions, ainsi que le retour sur investissement énergétique. Actionner le seul levier de l'offre pour satisfaire une demande nationale d'énergie sans cesse croissante ne peut constituer une solution durable. Nous devons arrêter le développement du gaz naturel au niveau national et suivre la tendance mondiale qui se dessine. Le domestique doit être orienté vers le tout électrique. Aller vers le système du réseau électrique décentralisé par l'énergie solaire, particulièrement pour les zones rurales isolées et les oasis sahariennes, en substitution à l'électrification conventionnelle. Aussi, il est impératif de développer la réalisation ou la construction des cités vertes solaires au niveau des hauts-Plateaux et du Sud algérien. Quelles sont les autres options en dehors du gaz naturel avec l'intérêt affiché à l'égard des énergies renouvelables ? Aujourd'hui, la croissance substantielle de la consommation d'énergie dans le secteur des ménages et tertiaires en Algérie engendre des répercussions considérables, pour lesquelles il conviendrait d'entreprendre des actions de modélisation et d'optimisation du modèle de consommation nationale d'énergie. L'Algérie, de par sa situation géographique, possède un potentiel de gisements d'énergies renouvelables le plus important au monde, notamment le solaire, avec un rayonnement solaire moyen variant entre 5 et 6 KWH par jour et par mètre carré, présent pendant plus de 3000 heures/an, c'est l'équivalent de 37 milliards de m3 de gaz (soit 10 grands gisements de gaz naturel). A cet effet, pour contribuer aux meilleurs choix énergétiques possibles, il est impératif pour l'Algérie de préparer l'indépendance énergétique à l'horizon 2020-2030 par une transition énergétique basée sur un mix énergétique qui prend en compte toutes les formes d'énergies alternatives, notamment les énergies renouvelables, avec un nouveau modèle économique de consommation d'énergie. La promotion de l'économie d'énergie et de l'efficacité énergétique dans le secteur des ménages et tertiaires en Algérie devrait s'imposer comme un but stratégique à atteindre. Par ailleurs, d'ici 2020-2030, l'Algérie n'aura pas d'autres modèles énergétiques de transition que de basculer vers des énergies alternatives ou les énergies renouvelables, notamment le solaire, mais aussi le GPL (en surabondance en Algérie), seront une composante importante du mix-énergétique et de développer des systèmes productifs plus efficaces et moins énergétivores.