Dans la foulée des mutations profondes que traverse le marché mondial de l'énergie, le débat sur le développement des énergies renouvelables en Algérie s'intensifie, le défi majeur qui se pose désormais à l'Algérie étant la préparation de l'économie nationale au déclin des ressources en hydrocarbures qui débutera à l'horizon 2030. Ce constat, en tout cas, fait l'unanimité au sein de la communauté universitaire. En effet, la consommation nationale d'énergie primaire est de l'ordre de 40 millions de TEP et pourrait, au rythme actuel de croissance, avoisiner 65 millions en 2019. Le mix n'a pu être estimé au-delà de cet horizon faute de disponibilité de données fiables. Les énergies utilisées jusqu'à présent sont quasi exclusivement d'origine fossile. Le pétrole est utilisé principalement comme carburant de transport et dans l'agriculture, le GPL dans le résidentiel et, à un degré moindre, comme carburant routier tandis que le gaz naturel est consommé surtout dans l'industrie (80%) et dans les secteurs, résidentiel et tertiaire. Le pétrole continuera à jouer un rôle central dans le bilan énergétique national avec une part stable de 30% jusqu'en 2019. Par contre, la part du GPL restera toujours marginale ; elle baissera même à 4% en 2019 malgré son énorme potentiel comme carburant de substitution des essences. Quant au gaz naturel, il se taille la part de lion avec une prévision de 66% de la consommation totale d'énergie en 2019. Cette part aurait été plus élevée si ce n'était l'introduction dans le mix national de l'énergie solaire qui, selon le programme indicatif de la CREG, atteindrait 6 à 8 % de la production totale d'électricité en 2019. Au-delà de 2020, il faut s'attendre à une substitution plus importante du solaire au gaz naturel du fait du nouveau plan solaire que le secteur de l'énergie vient de rendre public. Tel que rapporté dans la presse nationale, ce plan prévoit l'installation d'ici à 2030 d'une capacité de 12 000 MW pour la consommation intérieure et de 20 000 MW destinée à l'exportation. Par son ampleur, ce plan est très volontariste; à son achèvement en 2030, il hissera notre pays au premier rang mondial avec une production solaire représentant 40% du bouquet électriquenational contre une moyenne dans le monde n'excédant pas 3%. Toutefois, ce plan est aussi assez prudent dans son calendrier d'exécution puisque seulement 5% du programme total, 1500 - 1 700 MW selon la CREG, seront réalisés avant 2020. Un tel calendrier, qui concentre les investissements au-delà de 2020, et probablement vers la fin de la décennie, est effectivement requis, non seulement pour bénéficier des avancées technologiques majeures attendues dans les domaines de l'amélioration du rendement des cellules de captage et dans les procèdes et techniques de stockage d'énergie, mais aussi, et surtout afin de tirer profit de la réduction prévisible des coûts d'investissement que l'AIE estime de 40 à 50% en 2025 par rapport aux coûts actuels. Malgré cette réduction substantielle, la production d'électricité de source solaire restera quand même plus onéreuse que celle produite à partir d'énergies fossiles comme le gaz naturel. Pour rentabiliser cette filière, la seule solution réside dans la minimisation des coûts de l'ingénierie et des équipements par le développement d'une expertise nationale et la création d'un tissu industriel en mesure d'assurer localement la fabrication d'une partie de ces équipements. S'agissant du nucléaire, notre pays se doit de poursuivre et d'intensifier ses efforts dans la recherche fondamentale et expérimentale pour maitriser cette technologie. Le passage au stade de production industrielle ne parait cependant pas envisageable même à l'horizon 2050 à moins d'un développement technologique extraordinaire que l'on ne peut écarter au vu des recherches intenses menées actuellement (exemple du projet R&D sur la fusion nucléaire "ITER" d'un coût dépassant 15 milliards de dollars avec la participation des USA, CEE, Chine, Japon, Russie et Corée du Sud).