Le concept de la pharmaco-économie s'impose désormais à notre système de santé, qui connaît jusque-là d'énormes dysfonctionnements, avec des répercussions négatives sur l'égalité de l'accès aux soins et leur qualité. Ce nouveau mécanisme est aujourd'hui à adapter et adopter en urgence, vu la conjoncture économique dans laquelle baigne le pays. La première conférence nord-africaine des affaires réglementaires et pharmaco-économie, organisée jeudi à Alger par la Société algérienne des affaires réglementaires et de pharmaco-économie sous le parrainage du ministère de la Santé, vient justement poser les premiers jalons de cette nouvelle approche, celle de la rationalisation des dépenses pour permettre l'équité dans l'accès aux soins. Les spécialistes, réunis lors de cette rencontre, ont insisté sur l'importance de la rationalisation des dépenses, mais pas de les diminuer, car cela ne réglera en aucun cas les problèmes rencontrés par les populations dans l'accès aux soins. Il est temps, selon les spécialistes, de mettre en place des outils pour le développement d'un système de santé qui permettront une gestion optimale des ressources et d'assurer un développement humain, car «sans la santé, il n y pas d'économie», a noté l'économiste Lamri Larbi. Ces outils seront mis à la disposition des décideurs pour justement pouvoir mettre en place des négociations lorsqu'il s'agira d'acquisition de médicaments onéreux, par exemple. «L'approche pharmaco-économie constitue un des deux objectifs majeurs de cette ambitieuse association. L'objectif est de soigner le plus grand nombre dans les meilleures conditions et à un coût minimum est déterminant dans notre programme d'action, qui se veut un trait d'union entre les prestataires de soins, les responsables administratifs, les fournisseurs et les fabricants de produits de santé. Comme il est également question de réfléchir et travailler ensemble afin d'améliorer le cadre réglementaire qui est vital et essentiel à la bonne marche de notre secteur sanitaire», a déclaré Nagy Hdjadj, , président de la Saapre. Il a ainsi précisé que cela ne peut se faire sans la formation des différents intervenants dans le domaine de la santé. «Un premier cycle de formation continue intitulé ‘‘Les prérequis de la pharmaco-économie'', ainsi qu'une série de workshops dédiés à la pharmaco-économie qui est aux affaires réglementaires, seront organisés. Les premières études pharmaco-économiques seront aussi réalisées», a-t-il ajouté. Un travail qui nécessite, a souligné M. Hadjaj, des informations précises, telles que les statistiques de la sécurité sociale et celles du ministère de la Santé : «Ce qui permet de s'engager dans des études médico-économiques. La stratégie consiste également à renforcer, entre autres, la recherche observationnelle, faire des évaluations sur les coûts efficacités des médicaments, etc. On ne peut plus avancer avec une gestion comptable ou comparative.» Pour le président de l'Ordre des pharmaciens, Lotfi Benbahmed, il est temps de mettre en place des outils modernes d'évaluation, car «il faut savoir que l'objectif recherché n'est pas de faire des chiffres, mais d'assurer la qualité pour une meilleure prise en charge médicale des citoyens. Pour ce faire, il faut des études pharmaco-économiques et des modèles pharmaco-économiques qui sont les nôtres, notamment face à la contrainte économique et toute la complexité dans l'enregistrement et la fixation des prix», a-t-il expliqué, en insistant sur la formation, qui constitue l'élément essentiel dans cette nouvelle approche basée sur l'adéquation des moyens et des objectifs à atteindre.