Plusieurs dizaines de travailleurs des Moulins de Mahdia, une filiale du groupe Eriad Tiaret cédée à la Sarl Medig dans la cadre de la cession des entreprises par le CPE, ont observé un sit-in, hier matin, devant le siège du groupe pour « protester contre le non-paiement des salaires par le repreneur depuis plusieurs mois en dépit des négociations entreprises suite à la dernière grève sous les auspices de l'Inspection du travail ». A l'origine du conflit, diront des sources au fait du dossier, le non suivi par le PDG du groupe de l'application des clauses du contrat et leurs transgressions par le repreneur, d'autre part. Ce dernier, qui aurait dû, dès la signature du contrat, verser les 20% des dus et s'acquitter des devoirs envers les travailleurs, nonobstant celui du passif induit par des dettes détenues par la banque suivant hypothèque de biens, a laissé les choses s'entasser pour aboutir à une situation de quasi-impossibilité de reprise de l'activité. Même les banques auraient fait montre d'intransigeance à consentir des prêts, ce qui ne plaçait pas ce contractant dans de bonnes conditions. Certains disent même douter de ses capacités à faire face aux créances, et les aléas liés au marché handicapaient sa démarche. Les Moulins de Mahdia, l'un des fleurons de l'industrie agroalimentaire naissants, a-t-il était ainsi bradé ? Non, disent les uns, mus par le désir de voir s'accélérer ce processus de privatisation. Oui, soutiennent travailleurs et syndicalistes, qui ne s'empêchent pas d'indexer l'actuel PDG du groupe de tous les maux. Ce responsable, qui n'a pas été, par ailleurs, l'excellent manager attendu, à voir les dettes faramineuses accumulées par le groupe, est accusé de « fonctionner contre les intérêts des travailleurs », car, ont tenu à préciser nos interlocuteurs, ce responsable n'a pas apporté les solutions adéquates pour redresser la situation ; au contraire, ses décisions ne cadraient pas avec la vision projetée, notamment en matière de processing et subsidiairement l'achat groupé qui avaient ruiné le groupe, pourtant considéré, il n'y a pas si longtemps, comme un géant dans le secteur. Un géant aux pieds d'argile plutôt, mais un géant que les scandales ont fini par l'agenouiller. Une grogne qui intervient, rappelons-le donc, à un moment où l'affaire dite de la cession des Moulins de Tiaret divise deux grandes familles à Tiaret. L'une des parties en conflit, la Sarl Ikhlass parle du bien-fondé de la démarche qui avait abouti à la cession à leur profit des Moulins de Tiaret et surtout l'unité semoulerie Baghdadi et l'autre les consorts Hales qui parlent du « non-respect des procédures régissant les modalités de cession des EPE de l'Etat dans le seul but de favoriser la Sarl Ikhlass de Tiaret ». La décision du CPE fait donc l'objet d'une saisine du Conseil d'Etat, car les Hales continuent de la qualifier « d'injustice et d'abus de pouvoir flagrant qui risque de conduire à des conséquences dramatiques ». Qui a intérêt à créer tout ce désordre ?