L'annonce faite par le Conseil des participations de l'Etat (CPE) portant cession des unités Aïssat Idir (Alger) et Smaïlia (Blida), a enclenché un duel implacable entre la direction du groupe Eriad et le syndicat d'entreprise. Un groupe de syndicalistes, à leur tête Chelaouid Mohamed, président du comité de participation, se sont déplacés à notre rédaction pour dénoncer la manière avec laquelle est mené le processus de privatisation. Les représentants des travailleurs demandent l'application de l'ordonnance n°01-04 du 20 août 2001 relative à l'organisation, la gestion et la privatisation des entreprises publiques économiques, stipulant que « les salariés des entreprises publiques éligibles à la privatisation totale bénéficient à titre gracieux de 10% maximum du capital de l'entreprise concernée ». Or, soulignent les syndicalistes, les filiales et unités d'Eriad sont cédées à 100%. Ils affirment que les employés sont prioritaires pour la reprise de l'entreprise, avant même le lancement de l'avis d'appel d'offres. « Nous avons présenté des fiches de vœux, auxquelles aucune suite n'a été donnée », témoignent-ils, ajoutant : « On demande soit les 10% dans le capital, soit une indemnisation » A titre de rappel, suite à la dissolution de trois filiales (les Moulins Hamza, les Moulins Corso et CCQRA, ex- Laboratoire central), les travailleurs ont été indemnisés pour 30 mois de salaires. Les syndicalistes demandent que la même solution soit appliquée pour les travailleurs des unités d'Alger et de Blida. Ils indiquent que la Levurerie Oued Smar est, également, sur la liste des unités à privatiser. L'unité Aïssat Idir (Alger) est cédée à 140 millions de dinars au profit de la Sarl les Grands Moulins Dahmani, alors que cette dernière est redevable envers les filiales d'Alger et de Blida, est-il souligné dans une réunion du comité de participation du 18 octobre 2006. Il faut noter, en revanche, que la résolution du CPE, en date du 4 avril 2006, relative à la cession de l'unité Aïssat Idir, stipule le maintien des 289 postes d'emploi existants et la création de 100 emplois nouveaux sur une période de 5 ans. Le syndicat affirme, en outre, que l'unité Smaïlia de Blida est cédée à 250 millions de dinars au profit de l'Eurl Kbhs. Un prix qualifié de dinar symbolique. Dans sa réunion du 4 novembre, présidée par M. Chelaouid, la coordination syndicale affirme que l'unité de Smaïlia a été rénovée pour 8 millions de dollars (1000 millions de dinars). La valeur actuelle des équipements est de 800 millions de dinars, sans compter la bâtisse et l'assiette foncière. Cet exemple, ajoute le syndicat, est valable pour l'unité Aïssat Idir. La cession à 100% au profit des acquéreurs ne laisse aucune participation pour les travailleurs dans le capital, comme ce fut le cas de Cherchell et des autres Eriad de Tiaret et de Mahdia. Les représentants des travailleurs indiquent qu'aucune précision ni assurance n'ont été données quant à l'indemnisation des travailleurs lors de la cession de relation de travail avec le groupe. Le 18 octobre 2006, dans une lettre adressée au PDG du groupe Eriad, le comité de participation affirme que « les négociations menées en solitaire par le secrétaire général du groupe laisse entrevoir une volonté délibérée de brader le patrimoine des entreprises, sinon comment expliquer la cession de ces unités sans la participation des travailleurs, des représentants des travailleurs, des directeurs généraux des filiales et des conseils d'administration des filiales ». Le comité de participation et la coordination syndicale exigent la réévaluation des prix de cession et le lancement d'une contre-expertise. Ils demandent la participation des représentants des travailleurs et des filiales dans le processus de cession. A l'heure actuelle, le partenaire social refuse d'avaliser la résolution du CPE. A moins d'un compromis de dernière minute. Le directeur général par intérim, Guerbiane Djamel, contacté par nos soins, s'est refusé à tout commentaire à propos des déclarations du syndicat.