Les travailleurs de filiales relevant du groupe Eriad-Tiaret vivent des jours sans pareils depuis que certaines des unités les plus performantes, dont le fleuron de l'industrie agroalimentaire (complexe meunier Sersou -Mahdia) ont été précipitées vers une privatisation qui n'a pour conséquence aujourd'hui que leur mise à la porte, en dépit des lois régissant les relations du travail et subséquemment des clauses contractuelles édictées lors des transactions entre la direction du groupe et l'entreprise Magid. Cela fait maintenant plus de cinq mois que les travailleurs sont restés sans salaires. Un bradage, diront plutôt déçus les travailleurs. Ces derniers, 160 des 240 travailleurs des Moulins de Mahdia, l'une des 13 filiales du groupe Eriad-Tiaret vivent un cauchemar qui n'est pas près de se terminer à l'aune d'un flou juridique entourant la cession de l'unité à l'entreprise privée, la Sarl Magid en l'occurrence. Licenciements massifs Une filiale privatisée suite à la résolution n°06/53 du 11/06/2005. Des difficultés touchant le collectif des salariés pour lesquelles fut « décidée une grève le 16 avril 2006 pour réclamer les 10 % soit 11 milliards de centimes » échus au titre de quote-part, produit de cession et acquisition partielle des titres sociaux des Moulins de Mahdia, soit 14 620 des 73 100 actions que compte le groupe, mais la grève avait valu la fermeture des portes de l'unité, cadenassées par la direction de la Sarl Magid, qui a fait prévaloir « l'entrave à la liberté de travail ». Un mois après, au prix d' âpres négociations, les travailleurs, bien qu'ils aient souscrit à la décision de lever la grève, furent pourtant licenciés. Massivement licenciés. Des péripéties tumultueuses s'ensuivent, dont le sit-in devant la direction du groupe à Tiaret observé le 30 mai 2006, et l'intervention des services du ministère (MPPI) qui préconisèrent la réintégration, mais l'entêtement du repreneur était tel que l'argument avancé (ne pas faire du social) était en contradiction avec les clauses du contrat, rappelées par ailleurs par la coordination syndicale de l'entreprise. Celle-ci avait, en effet dans une lettre au président du directoire de la SGP Cegro, tenté d'alerter les pouvoirs publics centraux sur la situation conflictuelle née de l'inobservation, voire la transgression par la partie contractante, la Sarl Magid, de clauses contractuelles et non-respect de la loi 90/02 du 06/02/1990 relative à la prévention et au règlement des conflits collectifs de travail et à l'exercice du droit de grève. Inobservation du maintien et la sauvegarde de l'emploi, un des fondements du contrat de cession, l'application de la résolution n°04/40/1/2/5 du 01/02/2005 du CPE relative au respect et au suivi des engagements des repreneurs dans le cadre des opérations de privatisation. Une situation de flou savamment entretenue qui indiquait clairement une probable résiliation du contrat eu égard, lit-on dans une des nombreuses correspondances échangées, « aux difficultés de trésorerie aggravée par l'impact de la grève et du refus de la banque à accorder des crédits ». Avec l'unité Moulins de Mahdia, il y a d'autres épisodes douloureux pour les travailleurs liés à la cession partielle de la filiale de Tiaret, celle de Djelfa, voire Mostaganem, Relizane et Ksar El Boukhari. Ces entités, selon un rapport adressé par la coordination syndicale au président du directoire de la SGP-Cegro, vivent des situations de « non-paiement cumulé de salaires, d'assurances-sinistres, de factures Sonelgaz et autres ». Même l'assurance sociale des travailleurs faisait défaut. La filiale de Tiaret avait connu, elle, au-delà des considérations énumérées un problème qui avait surgi entre la Sarl Halles et la Sarl Ikhlass, initialement portées sur le processing. Cela a fait dire aux syndicalistes qu'« il y a eu transgression du code des marchés publics », puisque « le cautionnement reste un document bancaire et non une transaction commerciale à base de remise d'argent cash ». Une autre confusion qui a fait naître un litige qui avait pris en otage les travailleurs, car croyant être dans ses droits, Halles et ses fils avaient occupé un moment les lieux. conduite des marchés opaque Le hic diront les syndicalistes, c'est l'opacité observée dans la conduite du marché de cession de cette unité pour en exclure les travailleurs qui avaient pourtant soummissionné. Un dossier de privatisation déposé par les travailleurs que la DG du groupe n'aurait pas transmis au CPE. Après dépôt de plainte auprès du service de la chefferie du gouvernement, ils sont convoqués. « Le dossier en question n'aurait pas été acheminé à destination », diront nos interlocuteurs. La situation de pourrissement a alors atteint ainsi des degrés incommensurables et il devient évident que l'opération de privatisation a lamentablement échoué, a fortiori dans ce segment d'activité qu'est l'agroalimentaire, aux perspectives pourtant prometteuses. Le pire, diront aujourd'hui les protestataires, c'est le risque de voir le groupe anéanti de par l'incapacité de payer à terme les dettes dues à la Badr Banque, estimées à 17 milliards et contractées suivant hypothèques de biens (minoterie de Mahdia, dépôt de Tissemsilt, site de Chlef) que les repreneurs se devaient d'honorer selon le contrat. Déjà handicapé par le blocage par le biais de la justice d'une rondelette somme de 10 milliards qui sommeillait en banque, le groupe file droit vers la faillite. Une faillite quelque part programmée, si l'on se remémore certaines actions de gestion pour le moins vouées à l'échec et qui avaient grandement précipité ce géant vers les abysses depuis ce marché conclu mais remis en cause par les syndicalistes et relatif à un achat groupé de chez une entreprise privée (CCBlida). Avant même la signature du contrat dans un hôtel cossu de la capitale, le groupe avait commencé à produire à perte et les créances s'accumulaient pour frôler le gouffre financier (plus de 30 milliards) pour la seule filiale de Tiaret et ne parlons pas de ces scandales répétés qui font défiler jusqu'à l'heure beaucoup de responsables devant la justice, que dire de ses velléités de réduire au silence le conseil d'administration du groupe. Initialement composée de cinq membres, cette instance après le départ volontaire d'un de ses membres, un autre s'est vu retirer son mandat sans motif valable. De quoi a-t-on peur ?