Animatrice à la Radio et à la Télévision algériennes, Lynda Tamadrari a su s'imposer grâce à son talent et à son sérieux. Son émission El Qaâda a décroché dernièrement un prix décerné par l'Union des radios et télévisions arabes. Dans cet entretien, elle nous donne ses appréciations sur cette prestigieuse distinction. Votre émission El Qaâda a décroché un prestigieux prix en Tunisie. Comment est venu cet événement ? Chaque année, la Télévision algérienne participe à un important concours qui est le concours de l'Union des radios et télévisions arabes (ASBU). C'est un concours qui s'adresse à 21 pays arabes. Chaque pays enregistre un numéro zéro d'une émission. Le pays en question est représenté par une émission et une personne de la télévision. Ainsi, la Télévision algérienne m'a choisie. J'ai été agréablement surprise. C'était un honneur pour moi, mais, en même temps, c'était une énorme responsabilité. Pourquoi ? Parce que, en fait, je pensais que je devais parler un arabe châtié. J'ai demandé aux responsables si je pouvais m'exprimer en « dardja ». On m'a signifié que je devais parler algérien de chez nous. On a, donc, préparé une soirée algéroise, plus exactement, une « sahra arabiya » avec le même concept de la qaâda à l'hôtel El Djazaïr. On a présenté le rituel du hammam de la mariée algéroise avec tout ce qu'il comporte comme ustensiles. On a habillé un mannequin avec « el djehaz el hammam ». En fait, nous avons planté plusieurs décors dont « lilet el henna », les vêtements algérois (burnous, karakou et bedroun), les bijoux traditionnels d'Alger. Le côté animation a été assuré par la chanteuse Nadia Benyoucef et l'association El Inchirah. Nous avons mis tous les accessoires nécessaires pour faire de cette sahra traditionnelle une totale réussite. C'était une soirée magnifique et féérique à la fois. Il y avait un mélange de sensualité, de couleurs et d'odeurs bien de chez nous. C'était une page d'histoire qui était ouverte pour nos amis téléspectateurs. Je crois que nous ne nous faisons aucun mérite de cela. Le mérite revient finalement à notre patrimoine algérien. L'émission a, donc, été enregistrée en août dernier. Les résultats ont été proclamés le 5 novembre. Nos responsables se sont déplacés au niveau du siège de l'ASBU en Tunisie. Ils ont appris avec un grand enchantement que l'Algérie avait décroché la première place. Quelles sont vos impressions sachant que le trophée sera remis vers la fin de l'année en cours ? Je suis très heureuse de savoir que la Télévision algérienne s'est distinguée par son savoir-faire. Je tiens à dire que la télévision m'a beaucoup apporté depuis 4 ans. Il est temps, pour nous, de sortir des clivages et de certaines mentalités qui sont restées ancrées chez un grand nombre d'Algériens. J'ai découvert un espace qui m'a permis d'évoluer et qui m'a donné la chance de montrer au monde entier notre patrimoine ancestral. Je viens de la radio. C'est une école qui m'a appris depuis 13 ans à travailler, parfois, dans des conditions difficiles. La télévision m'a accueillie, depuis quatre ans, à bras ouverts. La télévision algérienne s'est ouverte à de nouvelles propositions et mentalités. Beaucoup de personnes encouragent les bonnes initiatives. Les gens regardent, aujourd'hui, la télévision par choix. Il y a un nombre important de téléspectateurs qui suivent les programmes de la télévision algérienne. Cela fait plaisir. Quand on se déplace à l'étranger, nous sommes ravis de nous entendre dire qu'on fait du bon travail. Il est clair qu'il y a beaucoup de choses à faire. On se remet en question éternellement. Comment êtes-vous venue dans l'univers de la radio ? Je suis venue dans la radio par choix. J'ai suivi une formation de journaliste-reporter en 1994 et depuis je n'ai plus quitté les couloirs de la radio. C'est une histoire d'amour. J'arrive à concilier d'une façon intelligente la radio et la télévision. Je pense que tous les animateurs du monde entier exercent les deux métiers. Ce sont deux mondes différents, mais qui se complètent parfaitement. Au niveau de la radio, j'anime une émission, Identité, tous les jeudis de 11h à 12h. C'est une émission axée sur le patrimoine, en l'occurrence sur les croyances, les surpertitions… et autres. J'anime, également, les samedis une deuxième émission intitulée Nouvelles d'ici et d'ailleurs, ce sont des duplex avec la communauté algérienne établie à l'étranger et les radios communautaires. Concrètement, que devient l'association culturelle Artissim que vous présidez ? Cela fait deux ans que l'association est en stand-by. Chacun des éléments de l'association a une charge de travail importante. Me concernant, la radio et la télévision absorbent mon temps. J'ai le soucis de la perfection. J'aime faire les choses dans les règles de l'art. Il est question que je reprenne les rênes de l'association, mais sous un autre concept. En effet, j'ai l'intention de relancer les choses autour de rencontres au féminin. Nous avons plusieurs femmes intellectuelles ou femmes au foyer qui ont envie de se retrouver et de discuter autour d'un thème. Mon but, c'est de recevoir une femme qui puisse parler de son quotidien pour terminer ensuite autour d'un copieux repos. Cela sera un moment privilégié, pour beaucoup de femmes. Nous allons, également, organiser des conférences-débats autour des thèmes axés exclusivement sur le patrimoine algérien et méditerranéen.