Ils sont venus de partout, des quatre coins de la planète, courir pour soutenir la cause sahraouie. On les surnomme les Coureurs de solidarité. Plus de 400 athlètes représentant 24 pays d'Europe, d'Amérique du Nord et latine, d'Asie et d'Afrique ont animé hier le Sahara marathon qui marque cette année sa 17e édition. Des habitués pour certains, la première fois pour d'autres, ces coureurs ont parcouru les 42 kilomètres de la piste la plus difficile au monde dans la discipline. Partis du camps d'El Ayoun pour arriver à celui de Smara sous un soleil brûlant, les coureurs répartis sur quatre distances distinctes, marathon, demi-marathon, 10 et 5 kilomètres ont défié la rudesse du climat. «Nous courons pour la liberté du peuple sahraoui, pour son indépendance. Avec ce marathon, nous voulons partager, à notre manière, avec ce brave peuple l'esprit de la résistance», nous confie un coureur croate qui participe pour la première fois au marathon qu'il court dans le continent africain. «C'est tout un symbole, cette course a une toute autre signification pour moi. Je vais parler à mes amis en Croatie et en Europe de ce marathon, mais surtout de la cause du peuple sahraoui», poursuit encore l'athlète. C'est le sens justement du Sahara marathon. Une forme de solidarité humaine qui s'exprime en faveur de la cause sahraouie. Une manifestation sportive qui permet de faire connaître un peuple sous domination coloniale. «Dans mon pays, personne ne sait qu'il existe encore un pays colonisé, je vais en parler autour de moi au retour», promet cet autre athlète venu du Japon. D'autres figures de l'athlétisme mondial ont rehaussé par leur présence cette manifestation sportive au but politique et humanitaire, dont l'Italien Giorgio Calcaterra et l'Uruguayenne Silvia Grisel, qui ont brillé hier par leurs performances. Tout comme le célèbre Salah Aimadan qui a remporté les 10 000 mètres. Devenu une icône sportive lorsqu'il arbore l'emblème sahraoui au finish du meeting de Picardie, le 18 avril 2004. Un crime de lèse-majesté. Originaire de la ville d'El Ayoun occupée, Amaidan renonce à sa nationalité marocaine imposée ; il est l'ambassadeur du sport sahraoui, adulé par ses compatriotes. Un sportif en révolte qui a renoncé à des privilèges pour défendre la cause de son peuple. Pour l'organisateur du marathon, l'Espagnol Diego Munoz, l'édition de cette année est une réussite, avec une participation «importante de nombreux pays, dont certains pour la première fois, qui vont porter avec les couleurs de la RASD indépendante». Les athlètes crient haut et fort à chaque fois que l'un d'entre eux franchit la ligne d'arrivée : «Sahara libre».