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«Il aurait fallu que l'Etat investisse dans les structures cinématographiques»
Belkacem Hadjadj. Acteur, cinéaste et producteur algérien
Publié dans El Watan le 07 - 03 - 2017

Figure de proue du cinéma algérien, Belkacem Hadjadj a récemment ouvert un studio de postproduction, à Alger. Avec la verve qu'on lui connaît, le producteur revient sur la genèse de son studio en ne manquant pas de donner sur appréciation sur le 7e art algérien.
- Présentez-nous votre tout nouveau studio privé de postproduction cinématographique baptisé Tayda Films...
C'est un studio de postproduction qui permet de faire tous les travaux de postproduction, aussi bien des films de cinéma et, éventuellement, des produits de télévision. Une fois que le tournage est fini, on entre en postproduction pour le montage image. Nous avons tout ce qu'il faut pour faire le montage image, mais en général il y a pas mal de structures de production qui ont leur propre station de montage image.
Mais, par contre, tous les autres travaux de montage de son, de bruitage, de postsynchronisation, de doublage… se faisaient jusqu'ici à l'étranger. Désormais, tous ces travaux peuvent se faire, ici. Nous avons déjà travaillé sur des séries pour la télévision, dont une série sur Krim Belkacem, du réalisateur Ahmed Rachedi. Nous avons également fait quelques courts métrages. Et là, nous allons nous attaquer au premier long métrage cinéma. Il s'agit du film Nous n'étions pas des héros, de Nacer Eddine Guenifi, pour lequel on est en train de faire tous les travaux.
- Comment vous est venue l'idée de créer ce studio de postproduction qui, incontestablement, donnera un nouveau souffle au cinéma algérien ?
Le problème, ce n'est pas à moi de faire cela. Moi, à la base, je suis réalisateur. En 1993, quand il fallait que je réalise Machao et que les structures de production étatiques étaient défaillantes, puis qu'on les a dissoutes, on s'est retrouvé seuls dans la rue, sans producteurs. Il a fallu, par nécessité, créer nos propres structures de production pour produire nos propres films. Nous sommes devenus producteurs par nécessité. Jusqu'ici, c'est ce que j'ai fait. Et puis, voilà des années qu'on se demande comment un grand pays comme l'Algérie n'a pas de structures de cinéma, de studios de tournage ? Nous avons de vrais studios. Il y a ceux de la Télévision nationale qui sont là depuis l'époque française. Il n'y a aucun studio de tournage ou de production qui a été construit depuis.
Est-ce normal pour un pays comme l'Algérie ? Il est vrai qu'à l'époque où il y avait les entreprises publiques, notamment l'Entreprise nationale de production audiovisuelle (ENPA), nous avions un laboratoire image et un studio de postproduction. Les travaux se faisaient ici. Il aurait fallu, à l'époque, s'appuyer là-dessus et développer la chose. Cela n'a malheureusement pas été fait. Au contraire, on a dissous (ENPA). Du jour au lendemain, les laboratoires ont été délaissés et rouillent quelque part et toutes les autres machines ont été laissées à l'abandon. En fait, on ne capitalise pas les efforts fournis par les professionnels qui se battent dans ce pays.
Et il y en a eu à l'Office national pour le commerce et l'industrie cinématographique (ONCIC) et au Centre algérien pour l'art et l'industrie cinématographique (CAAI) des gens pétris de talent. Il aurait fallu qu'ils soient aidés par l'Etat, car les investissements dans les structures de cinéma sont très lourds. Il n'y avait pas un marché qui pouvait permettre à un privé d'engranger suffisamment d'argent pour qu'il réinvestisse. Il aurait fallu dans un premier temps que l'Etat investisse dans les structures cinématographiques afin qu'elles servent de tremplin pour qu'après, éventuellement, des privés viennent s'y greffer. Cela n'a malheureusement pas été fait.
Donc, un beau jour, je me suis dis, chaque fois que je fais un film, il faut que j'aille à Paris ou à Rome pour négocier entre autres les prix. Je me suis dit alors : j'ouvre un studio de postproduction. Je dois avouer que dans un premier temps c'était pour être plus autonome. Nous avons d'abord monté un premier petit studio de postproduction. Nous avons travaillé dans ce studio, et après nous nous sommes dit qu'il y a de l'espace ici, et nous avons décidé de faire un studio plus grand qui puisse servir à tout le monde.
Voilà comment ce studio est né. A un moment donné, je dois vous avouer que j'avais honte d'être cinéaste algérien dans un pays qui a les moyens et où on n'avait pas de studio de postproduction. Alors qu'un pays comme le Maroc qui il y a une vingtaine d'années et plus venait chez nous chercher des techniciens et louer du matériel, maintenant ce pays a repris une sacrée longueur d'avance sur nous à tous points de vue. La formation est quelque chose de capital. L'Institut de Bordj El Kiffan dont on se gargarise tout le temps n'en est pas un. Il n'existe pas.
Parce que pour mettre en place des choses sérieuse, il faut du travail, de la projection et de la perspective. Or, malheureusement, chez nous, souvent nos responsables ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, surtout dans le domaine du cinéma et de l'art. On sème la graine maintenant, et puis c'est dans dix ou quinze ans qu'on aura la récolte. Il faut un investissement à long terme, notamment au niveau de la formation.
- Justement, qu'en est-il du projet de cycle de formations que vous deviez lancer en collaboration avec la Femis de Paris ?
Je suis bien obligé de dire les choses telles qu'elles sont. J'ai compris tout de suite que nous n'avons pas les techniciens qu'il faut pour ce studio. Etant donné qu'il n'y en a jamais eu. Dans un premier temps, je savais que j'allais fonctionner en ramenant des techniciens étrangers, mais je me suis dit qu'il faut très vite lancer une formation. J'ai pris contact avec la Fondation européenne des métiers de l'image et du son (FEMIS) de Paris en liaison avec le service culturel de l'ambassade de France pour lancer une formation pour des regroupements successifs. Je me suis dit que sur l'année, nous allions faire quatre sessions bien encadrées. Entre chaque session, les candidats rentreront dans le studio et apprendront des films qui sont en train d'être faits.
Et à chaque fois, on ferait une session pour capitaliser ce qu'ils auront appris et aller de l'avant pour espérer qu'après ces sessions ils soient opérationnels. Il est clair qu'ils ne seront pas tout de suite de vrais monteurs ni de vrais ingénieurs. Il leur manquera l'expérience artistique, mais au moins ils auront quelques notions. A mon avis, au bout d'une autre année, ils deviendront opérationnels. Je n'ai pas les moyens, mais j'ai dit que j'offrais le studio.
Car pour moi ça a déjà été un grand investissement pour la réalisation des studios. Avec le ministère de la Culture, nous nous sommes dit qu'on allait s'impliquer et prendre en charge la situation. Le ministère a instruit une structure pour s'occuper de cela. Mais, malheureusement à ce jour les choses n'ont pas évolué. J'aurais tant voulu faire moi-même cette opération, mais malheureusement il est interdit à un privé de travailler avec un service culturel étranger. Donc, actuellement je n'ai pas de gens en formation au niveau de mon studio.
- Selon vous, quelles sont les solutions à même de relancer le 7e art en Algérie ?
Je dirais la formation, en premier. Deuxièmement, il faut un assainissement des structures et la mise en place de la gestion des moyens, notamment financiers donnés par le ministère avec des degrés d'exigence élevés. C'est ce qui manque. L'art ne se mesure pas à la quantité, mais à la qualité. Or, malheureusement, ce degré d'exigence n'existe pas. La télévision a été pendant longtemps le gros producteur de l'image et du son. Comme il n'y a pas d'exigence.
Qu'est-ce qui se passe ? Le degré d'exigence n'étant pas élevé, je dirais que presque n'importe qui fait n'importe quoi. Nous avons eu des gens qui étaient chauffeurs et qui sont devenus réalisateurs, ou encore des directeurs de production. Est-ce normal ? Et au bout d'un moment, ces gens-là polluent complètement le secteur à tel point qu'après les professionnels deviennent eux-mêmes marginalisés. Troisièmement, il faut réconcilier la société de manière générale et le cinéma en particulier. Cela commence à l'école. Il faudrait qu'il y ait un plan Marshall au niveau de l'école, car les futurs techniciens et spectateurs sont là-bas. Moi, les premières images je les ai vues à l'école.
On avait des enseignants de littérature qui nous sensibilisaient au théâtre. C'est une chose qui existe dans les pays développés. Ils continuent d'entretenir cette relation avec l'écolier et l'art afin que la chaîne ne se coupe pas. Nous, nous sommes sinistrés de ce côté-là. Il faudrait faire de gros efforts au niveau de l'école. Mais comment faire pour relancer le cinéma ? Je dirais qu'il n'y a pas de réponse simple et mécanique. Tout cela doit être lancé en même temps. Une fois qu'un film est fini, il faut le montrer. Et pour le montrer, il faut qu'il y a ait des salles qui fonctionnent.
Ces salles doivent être dotées d'équipements modernes. La seule chose que le cinéma offre au spectateur et qui lui permet de faire la différence avec la télé, c'est le confort, c'est-à-dire le plaisir de voir un film dans une grande salle. Une fois que ces salles répondent aux normes cinématographiques, il faut former des gens parce que la technologie offre maintenant des tas de possibilités. Quand la salle est là et qu'on remplit les conditions de projection, il y a un gros travail à faire au niveau du public. Il y a aussi tout un réseau à mettre en place concernant la diffusion des films.


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