Si les 1827 postulants aux programmes de Tidjellabine (908) et Zemmouri (919) se plaignent du retard enregistré dans le parachèvement des travaux, dépassant largement les délais prévisionnels de livraison, les prétendants aux projets de Boudouaou et de Corso se retrouvent face à l'abandon des chantiers. En effet, ces programmes lancés à la fin de l'année 2001 devaient être réalisés dans un délai de 18 mois, stipule le contrat passé avec les bénéficiaires. Mais lesdits chantiers sont à l'arrêt total, au grand désespoir des aspirants. Ceux-ci devaient occuper leur logement au cours de l'année 2003, mais à ce jour ils sont encore à attendre que les travaux reprennent. Par conséquent, dans le meilleur des cas (chantiers de Tidjellabine et Zemmouri), les candidats ont dû attendre pendant trois années supplémentaires. Les logements de Tidjellabine et de Zemmouri devraient être livrés avant la fin de l'année en cours, nous dit-on. Mais à Corso et Boudouaou, les chantiers sont à l'abandon. Les prétendants à ces logements n'ont eu, en guise d'explications, que « des invitations à patienter en attendant que les difficultés soient aplanies », nous disent certains d'entre eux. Les chantiers sont, en fait, en souffrance « en raison des problèmes qu'ont vécus les entreprises en charge du projet », avance-t-on du côté de l'AADL. Suite à cela, « plusieurs consultations ont été faites pour attribuer de nouveau le marché à d'autres entreprises, mais elles ont toutes été infructueuses », nous explique-t-on. Cela étant, les candidats à ces habitations se disent lésés et sont en quête d'une solution. « Nous avons demandé de nous transférer aux sites de Tidjellabine ou de Zemmouri en remplacement des candidatures annulées, suite aux aides dont certains ont bénéficié après le séisme de mai 2003 », dit un postulant au programme de Boudouaou. Mais l'AADL n'a pas encore tranché cette option. A cela est venu s'ajouter un nouveau problème : la protestation de nombreux candidats écartés pour avoir bénéficié des aides de la CNL. Bénéficier de ces aides suppose l'existence d'un logement, or « la location-vente est consentie à toute personne ne possédant pas ou n'ayant pas possédé en toute propriété un bien à usage d'habitation », lit-on dans les décisions d'annulation transmises aux concernés. « Après les vérifications d'usage vous concernant, il s'avère que vous êtes bénéficiaires d'une aide de l'Etat contractée auprès de la caisse nationale du logement (cnl). Ce qui laisse supposer que vous êtes acquéreur d'un bien immobilier à usage d'habitation. Pour ce motif, nous vous informons que la décision qui vous a été notifiée par la commission de traitement des dossiers est annulée et que le versement que vous avez effectué dans ce cadre vous sera remboursé dans les conditions prévues », lit-on encore dans ledit document. Mais les concernés répondent qu'ils ont pris ces aides sur la base des fiches établies par le CTC, qui « ne prouvent aucunement la propriété ». « Il n'y a aucun acte de propriété en notre nom. Ce sont en général des habitations familiales pour lesquelles nos noms ont figuré arbitrairement sur les fiches du CTC », disent-ils. Mais cela ne les a pas empêchés pour autant d'empocher les sommes qui leur ont été débloquées. Pour rejeter la proposition qui leur est faite de rembourser l'aide s'ils veulent garder le logement — encore faut-il que cela soit réalisable —, dit un cadre local, ces citoyens avancent le retard pénalisant dans les projets de l'AADL. « Vont-ils nous payer ces trois années de retard ? », s'interroge l'un d'eux. Ceux, parmi eux, que nous avons rencontrés, nous ont déclaré qu'ils ne sont pas prêts à rembourser la totalité de la somme, mais se disent plutôt prêts à ester l'AADL en justice. « Ils sont un peu plus de 200 à l'échelle de la wilaya à être dans ce cas », nous a déclaré Mme Bourenane, chargée de la communication à l'AADL. « Parmi eux, beaucoup ont bénéficié des aides accordées aux cas classés ‘‘rouge'', donc des sommes importantes. Et en collaboration avec la CNL, nous avons débusqué la totalité de ces cas. Nous basant sur le décret exécutif n°01/105 du 23 avril 2001, fixant les modalités et les conditions d'acquisition dans le cadre de la location-vente de logements réalisés sur des fonds publics, nous n'avons fait qu'appliquer la loi », nous a-t-elle expliqué. Cependant, les réponses aux préoccupations des candidats aux programmes de Boudouaou et Corso, dont les travaux ont été arrêtés sitôt entamés, et celles relatives au retard enregistré qu'elle nous a promis, n'ont pas suivi le bref entretien téléphonique que nous avons eu.