« Dès l'an 2010, l'Algérie aura à vivre une situation des plus difficiles de pénurie d'eau. » Le constat est alarmant et donne froid au dos. Dans son nouvel ouvrage qui vient de paraître aux éditions Dar El Gharb, le professeur Mustapha Bouziani persiste et signe. Dans son nouveau livre intitulé : « L'eau, dans tous ses états », présenté jeudi, lors d'une vente dédicace, cet épidémiologiste, enseignant à la faculté de médecine d'Oran n'y va pas de main morte pour montrer que « le Maghreb est l'une des régions les plus menacées par le manque du liquide précieux, puisque cette région dispose de moins de 2 500 m3 d'eau. « Alors que les besoins en eau varient entre 200 et 350 litres par habitant et par jour, la ressource hydrique se raréfie : elle passera de 2 430 m3 d'eau par an en 1960 à 670 m3 par an en 2025. » Et cet auteur qui est chargé de la formation en santé environnementale des Magisters en environnement d'étayer ses propos : « Alors que dans les pays développés la consommation globale en eau est de 1 200 m3 par habitant et par an, la quantité dans les pays en développement dont l'Algérie est en dessous de 520 m3 par habitant et par an. » Aussi, cet ancien chargé de mission pour les maladies hydriques, auprès du ministère de la Santé, qui se réfère à la publication « Population Action Internationale » parue en 2000, montre aussi que « la quantité d'eau renouvelable en Algérie passera de 690 à 378 m3 par habitant et par an de 1990 à 2025, soit moins du cinquième de la quantité renouvelée en Belgique, par exemple. » Cet ex-DSP d'Oran qui dirige actuellement plusieurs projets de recherches sur la problématique de la pollution à Oran et sur la santé environnement, écrit aussi que « plus que les autres régions, l'Ouest du pays est déjà loin, très loin des 58 mm de précipitations enregistrées durant le mois de novembre 1994. » Pourtant, paradoxalement, la région est la plus riche en plaines agricoles. Quand on sait que l'agriculture est celle qui consomme le plus d'eau (1,8 milliards de m3), on réalise aisément l'enjeu de la rareté de l'eau. La situation actuelle de stress hydrique égale ainsi celle vécue dans les années 1983, 84 et 1987. L'auteur qui est par ailleurs membre fondateur et codirecteur de publication de la revue « Santé publique et sciences sociales » passe en revu dans la deuxième partie de ce livre les innombrables risques sanitaires que peuvent provoquer les maladies à transmission hydrique, communément appelées MTH. En guise de solutions, l'auteur rappelle que même si l'option du dessalement de l'eau de mer a été bel et bien initiée dans les années 70, il a fallu attendre l'an 2000 pour que l'Etat s'engage réellement dans cette voie incontournable. A l'Ouest du pays, l'Etat prévoit ainsi la construction de pas moins de 7 unités de dessalement, ce qui permettra un apport d'eau estimé à 680 000 m3 par jour, soit plus de la moitié de la quantité des prévisions sur l'ensemble du pays. En dépit de cela, le taux de satisfaction à Oran n'est que de 27%. De plus, une étude réalisée en 2006, par cet auteur, montre que « seuls 51% des consommateurs à Oran déclarent boire l'eau de robinet. » Autre problème soulevé par le professeur Bouziani : Un récent contrôle des laboratoires régionaux de l'agence nationale des ressources hydriques (ANRH) a montré que 22% des barrages du pays font face à « une très grande pollution et 45% d'entre eux sont moyennement pollués. Une pollution due notamment aux résidus d'azote, de phosphore et de nitrite, des éléments extrêmement toxiques. »