Création Bouziane Benachour, journaliste-critique, vient de publier son deuxième ouvrage aux Editions Dar El-Gharb d?Oran. Après avoir signé, il y a deux années, un premier ouvrage intitulé Le théâtre en mouvement : Octobre 88 à nos jours, Bouziane Benachour s'est intéressé dans ce deuxième travail intitulé Le théâtre algérien, une histoire d?étapes à une période charnière de l'évolution du 4e art national, celle s'étendant de la fin du second conflit mondial aux années 70. C'est une période qui a vu se mettre en place les premières structures théâtrales à l'aube de la Révolution (entre 1945 et 1954) et aux aurores de la libération du pays (entre 1962 et 1965). «Ces périodes indiquées correspondent aux premiers pas mâtures de ce théâtre qui s'est toujours fait à la croisée des grands événements autour ?d'histoires de crises? et d'élans artistiques novateurs, autour d'affirmations de soi différées et d'interrogations lancinantes réitérées», souligne-t-il. En 22 parties qui s'imbriquent comme les tableaux d'une pièce théâtrale, l'auteur plante le décor pour narrer l'histoire de cet art et «cerner, tel que l'écrit dans sa préface l'universitaire Hadj Meliani, l'activité théâtrale comme un champ en constitution dans le même mouvement qui donna le jour à l'expression nationaliste sous ses différentes facettes. Benachour fait vivre sous nos yeux, activistes politiques, entrepreneurs de spectacles et poètes inspirés et rebelles. Son intérêt est de montrer que loin de s'opposer, les expressions théâtrales des Algériens à partir des années 45 convergent dans une accumulation d'expériences esthétiques au service d'une éthique qui se révèle souvent hardie et volontaire». Pour reconstituer le cheminement historique de cet art, l'auteur replonge aux origines et aux expériences menées par les Bachtarzi, Allalou et Ksentini pour mieux mettre en exergue la coupure et l'avènement d'une nouvelle époque. En évoquant des personnalités artistiques, des carrières, des destins, des ?uvres et des expériences, Bouziane Benachour reconstitue les étapes et les moments forts de cet art, en rappelant que le théâtre n'a pas été seulement «pratiqué» dans sa version «parlée» mais aussi écrite et radiophonique. Ce nouveau média qui a fait une entrée «fracassante» dans la société algérienne, a eu un grand effet dans la prise de conscience, dans la sensibilisation et la mobilisation des citoyens, comme l'avaient démontrés les travaux de Frantz Fanon. «En fin de compte, écrit l'auteur, qu'il soit trivial ou sérieux, tragique ou comique, le théâtre algérien apparaît dès lors comme l'art qui est demeuré le plus en phase avec son temps et plus précisément avec ses temps sociaux indubitablement contrariés.» Dans son ouvrage, il parle des carrières de Mahieddine Bachtarzi, Rachid Ksentini, Boubegra (Hassen El-Hassani), Ould Abderrahmane Kaki, Kateb Yacine, Abdelkader Alloula, Slimane Benaïssa et bien d'autres figures, méconnues pour certains. Sur ce point, l'auteur de la préface souligne que «l'ouvrage rend justice à tous les méconnus qui conduiront la promesse théâtrale au fin fond du pays... et nous fait découvrir d'humbles contributeurs à l'éveil de la sensibilité artistique sans emphase ni langue de bois». Si la bibliographie consacrée au théâtre algérien reste encore «maigre» pour satisfaire les besoins des chercheurs ou de simples profanes, ce nouvel ouvrage constitue un apport pour mettre le théâtre algérien sous les feux des projecteurs.