En un laps de deux années scolaires, le nombre des élèves souffrant de handicap et admis à la scolarisation a été multiplié par sept, passant de 3375 durant l'année scolaire 2014-2015 à 24 000 pour l'année en cours. C'est ce qu'a déclaré Nouria Benghabrit, ministre de l'Education nationale, dans son allocution d'ouverture d'un atelier sur la prise en charge des enfants aux besoins spécifiques en milieu scolaire. Sur ce chiffre global, il y aurait pas moins de 15 000 écoliers souffrant d'autisme, de trisomie 21 et de trouble mental léger. Selon la ministre de l'Education nationale, 13 000 d'entre eux poursuivent normalement leur cursus dans des classes ordinaires. Cette rencontre, qui avait vu également la présence de la ministre de la Solidarité, de la Famille et de la condition de la femme, Mounia Meslem, a été l'occasion pour mettre l'accent sur les différents manques dans la prise en charge de cette frange fragile de la société. Le plus grand problème serait lié à la mentalité de la société qui refuse d'accepter la différence et qui voit dans ce type de besoins une déficience et non une différence qui pourrait être source d'une véritable richesse. Un point de vue pleinement partagé par Mme Ouali Leila, présidente de l'Association nationale autisme Algérie. Selon cette dernière, cette confrontation des mentalités avec les besoins de ces enfants et surtout leur droit à une vie normale dans la société est monnaie courante, voire quotidienne. Elle est encore plus présente dans la scolarisation, premier pas vers l'intégration dans la société de ces enfants. «Nous constatons un véritable vide juridique dans la scolarisation des enfants. Même si le droit à l'enseignement est garanti par la Constitution pour tous les enfants, nous trouvons du mal à faire entrer des auxiliaires de vie scolaire avec ces petits écoliers différents de ce que désire la société. Ces auxiliaires sont des personnes formées, des psychologues, orthophonistes ou autres qui accompagnent ces enfants afin de les aider à s'intégrer dans la société. Même si nous avons des autorisations émanant du ministère de tutelle, nous essuyons toujours des refus de la part des directeurs d'établissement. Un directeur d'école a-t-il le droit de refuser ? L'absence d'un texte de loi clair fait planer le doute à ce sujet», explique notre interlocutrice qui n'omet pas de rebondir sur un problème encore plus grave, celui de l'absence d'enseignants pédagogues sous la tutelle du ministère de l'Education dans les classes spéciales. Selon ses propos, ce sont des psychologues et des orthophonistes, sous tutelle du ministère de la Solidarité, qui encadrent l'apprentissage de ces enfants. Ce sont des encadreurs et éducateurs et non des enseignants. Dans ce sens, la ministre de la solidarité nationale, Mounia Meslem, n'a pas manqué d'attirer l'attention sur un autre problème. En effet, elle déplore que 30% de ce personnel (éducateurs et encadreurs) dépendant de son département sont des contractuels. Selon elle, il est temps de trouver une solution pour l'encadrement de cette catégorie d'enfants. Vers la fin de son allocution d'ouverture, la ministre de l'Education nationale a annoncé le lancement d'un programme de formation sur la pédagogie inclusive comprenant trois cycles au profit des inspecteurs qui a débuté en janvier 2017, afin de mieux prendre en charge ces enfants aux besoins spécifiques.