Le suspens a prise fin mercredi en RDC (République démocratique du Congo) où le président sortant Joseph Kabila a été déclaré vainqueur de l'élection présidentielle après un second tour qui a eu lieu le 29 octobre dernier. Ce qui ne clôt pas pour autant le chapitre des incertitudes dans ce pays ravagé par des années de guerre civile. En effet, le vice-président Jean-Pierre Bemba, qui a donc perdu cette consultation, a rejeté jeudi les résultats et annoncé qu'il allait les contester en usant de « toutes les voies légales ». Mais y restera-t-il quelle que soit l'issue de ces recours ? En vérité, toute la question est là quand on dispose de forces suffisantes pour défendre ce que l'on considère être son bon droit. « Je ne peux pas accepter ces résultats qui sont loin de refléter la vérité des urnes. Je prends l'engagement d'user de toutes les voies légales pour faire respecter la volonté de notre peuple », écrit-il dans un communiqué qu'il a lu sur ses chaînes de télévision. La Commission électorale indépendante (CEI) a annoncé, mercredi soir, les résultats provisoires du second tour de la présidentielle du 29 octobre, créditant le président sortant Kabila de 58,05%, contre 41,95% à M. Bemba. Plus de 2,6 millions de voix séparent les deux candidats. M. Bemba reproche à la CEI de n'avoir pas à sa « grande surprise » et « comme convenu, notifié aux candidats les résultats afin de leur permettre de réagir dans le délai de 48 heures », en référence à un accord passé avec la CEI qui s'était engagée à accorder ce délai aux mandataires des candidats pour contester d'éventuelles « erreurs matérielles » (de calcul). Il accuse aussi la CEI de n'avoir répondu qu'à deux de ses six requêtes concernant les résultats partiels publiés entre le 5 et le 16 novembre, « d'ailleurs, d'une manière nullement satisfaisante ». M. Bemba souligne avoir notamment demandé des explications sur les « 1 481 291 personnes qui ont voté en dehors de leur circonscription électorale et qui constituent environ 10% du vote exprimé ». La CEI a répondu avoir « fait son travail » en toute « transparence » et invité M. Bemba à se tourner vers la Cour suprême de justice, en charge du contentieux et seule habilitée à se prononcer, notamment, sur l'incidence des nombreux votes hors circonscription.Le directeur de cabinet de M. Bemba, Fidèle Babala, a assuré jeudi matin que le camp du vice-président ne fomentait aucun « trouble » et allait jouer son rôle d'opposition parlementaire, à condition que « la sécurité de M. Bemba soit garantie ». La présence d'un millier d'hommes armés fidèles à M. Bemba en plein centre-ville de Kinshasa, théâtre d'affrontements meurtriers, du 20 au 22 août et le 11 novembre à proximité de la résidence de M. Bemba, continue d'alimenter les craintes de nouvelles violences dans la capitale, majoritairement acquise au vice-président. Mercredi soir, Joseph Kabila s'est présenté à la télévision comme le président de tous les Congolais, les invitant à « la fraternité et à la tolérance » et prévenant que la campagne électorale, émaillée d'incidents meurtriers, était terminée. Sa plate-forme électorale, l'Alliance de la majorité présidentielle (AMP), a estimé, jeudi, que M. Bemba avait « pleinement le droit d'user de moyens légaux pour contester » les résultats et qu'il lui appartenait « maintenant de produire les preuves de ses allégations ». Toutefois et avant même le dépôt et ensuite l'examen de ces recours, l'Union européenne et la Commission européenne ont d'ores et déjà « félicité » M. Kabila pour sa victoire, tandis que la Belgique, ex-puissance coloniale, s'est contentée de « prendre note » des résultats. Une réserve ou une prudence, mais c'est bel et bien une manière de se démarquer de la bonne note attribuée par l'UE. Ce qui accentue le doute, et par voie de conséquence, crédibilise les recours que vaincu déclaré le entend introduire. Ce qui amènerait à dire que la RDC a réussi sa plus mauvaise affaire, surtout pour un pays où le recours à la rue et aux armes est fréquent.