Dans un texte publié sur le site du parti, Djamel Ould Abbès s'adresse aux militants, au moment où ses listes pour les législatives sont rejetées par une grande partie de la base et que la campagne électorale débutera le 6 avril. Face à la grogne, le chef du parti tente une explication dans laquelle il justifie ses choix et la transparence du processus de décision. «Ceux qui ont été choisis l'ont été en toute transparence», écrit M. Ould Abbès, qui assure aux candidats recalés qu'ils «gardent toutes leurs chances pour les prochains scrutins». Le chef du premier parti du pays lance également un appel à «la mobilisation de tous les militants, pour assurer la victoire du FLN lors des législatives» et rappelle que depuis son arrivée à la tête du parti le 22 octobre 2016, il n'a eu de «cesse de travailler à la réunification des rangs et à ancrer le militantisme et la fraternité dans les rangs du parti». Pas sûr que ce nouvel appel à la mobilisation trouve un écho favorable chez les militants, tant le rejet est partout le même. A Oran, la présence en quatrième position du petit-fils de l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, a mis le feu aux poudres et provoqué un début de contestation. La contestation atteint également Ghazaouet, Aïn Témouchent, Béchar, Guelma, Tizi Ouzou, Alger… et la liste de l'immigration conduite par le député sortant, Djamel Bouras. A ce rythme ce sont les 123 mouhafadhas qui seront touchées par le vent de la «fitna» «C'est difficile. La situation est pire que celle à laquelle nous nous attendions», reconnaissait d'ailleurs un membre du BP, lors de la conférence de presse de présentation des têtes de liste, au Centre des conférences internationales (CIC), le 11 mars, et alors qu'un militant trouvait la mort le matin même, à Tiaret, en voulant faire face aux contestataires venus manifester leur désaccord devant la mouhafadha. Pour beaucoup, le patron du parti porte une lourde responsabilité dans la situation actuelle. «Il ne sait pas comment s'en sortir», juge un membre du comité central, qui reproche au secrétaire général d'avoir «ouvert les portes des candidatures» et susciter «l'espoir dans le cœur» de plus de 6200 candidats, alors que le parti ne pouvait absorber une telle attente. «Dès le départ, l'équation était impossible à résoudre. L'appel d'air était trop fort», affirme un cadre du parti. La démarche du secrétaire général intervient alors que des affaires de pots-de-vin éclaboussent certains membres du BP. La semaine dernière, les services de sécurité ont perquisitionné le bureau de Salima Athmani, membre du BP, en charge de la famille, suite aux accusations du député sortant de Constantine, Noureddine Kihal, qui accusait le membre du BP de lui avoir exigé de l'argent pour figurer sur les listes électorales. M. Ould Abbès n'est pas en reste, depuis que la perquisition du domicile de son fils aîné Wafi à Club des Pins et la découverte d'une somme en devises furent confirmées par le secrétaire général. «C'est difficile de demander aux militants de croire à la transparence et à l'équité quand des dirigeants du parti sont pris la main dans le sac», reconnaît un membre du BP. Pour Djamel Ould Abbès, ses législatives risquent de ne pas être un long fleuve tranquille.