En occupant, en violation des accords de cessez- le-feu de 1991, conclus entre le Polisario et Rabat, la localité frontalière de la Mauritanie, Guergarate, important carrefour commercial dans la région, partie intégrante du Sahara occidental, le royaume du Maroc a joué une carte politique et diplomatique dont il s'active désespérément à récolter les dividendes. Affaibli diplomatiquement par le dernier avis de la Cour européenne de justice excluant les richesses et les produits provenant du Sahara occidental sous occupation marocaine des accords d'association avec l'Union européenne, le Maroc tente, en effet, avec l'énergie du désespoir, de rebondir et de reprendre la main. En usant, dans un premier temps, de menaces contre les intérêts des capitales européennes qui seraient tentées d'appliquer ces recommandations. Menaces qui, selon toute vraisemblance, ont porté leurs fruits puisque le pillage des ressources du Sahara occidental se poursuit à ce jour avec la même avidité et la même impunité grâce à la complicité et la bienveillance des compagnies européennes qui ne s'embarrassent pas de fouler aux pieds la légalité internationale. Le conflit de Guergarate est une autre provocation du palais royal destinée, d'une part, à tester la capacité de riposte sur le terrain des forces armées sahraouies et, d'autre part, à se relancer diplomatiquement. Le timing choisi par le Maroc pour lancer son escalade coïncide avec le départ de l'envoyé spécial du secrétaire général de l'Onu pour le Sahara occidental, l'Américain Christopher Ross, dont les Marocains gardent de mauvais souvenirs pour n'avoir pas voulu marcher dans les combines et les marchandages du makhzen. En répondant à l'appel du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres de retirer ses troupes de Guergarate, le Maroc a cherché non pas l'apaisement et la désescalade, mais plutôt à délivrer un message à la communauté internationale selon lequel Rabat est animé de bonnes intentions et qu'il respecte les décisions des instances internationales. A contrario, le Polisario est montré du doigt comme une organisation d'aventuriers, de va-t-en guerre. Le refus des autorités sahraouies de retirer leurs troupes de cette localité, axe névralgique et vital pour les échanges commerciaux et les trafics en tout genre du Maroc vers les pays subsahariens, est exploité à fond par la diplomatie marocaine en déficit d'arguments, pour tenter de convaincre la communauté internationale que le Polisario est en train de défier les instances onusiennes avec à sa tête son secrétaire général qui a appelé les deux parties au retour à leurs positions antérieures respectives d'avant l'incident de Guergarate. Le Front Polisario refuse de se laisser enfermer dans cette logique du secrétaire général de l'ONU, consistant à confondre l'agresseur et l'agressé en ne se prononçant pas sur le fond du conflit qui est la violation du cessez-le-feu par les Marocains, qui n'entendent pas renoncer à faire transiter le transport de leurs marchandises par l'axe routier stratégique de Guergarate et de continuer à piller les richesses halieutiques de la région. C'est cette dialectique de l'immobilisme de ni guerre ni paix qui lui a été imposée à son corps défendant que le Polisario veut casser aujourd'hui en affichant sa détermination à défendre, par tous les moyens, la souveraineté du peuple sahraoui sur ses richesses.