Après le musée d'arts moderne d'Alger, voilà celui d'Oran. Mais s'agit-il vraiment d'un MaMo ? La question fait polémique, car au niveau des responsables, on assure que pour l'heure, faute de statut spécifique, il ne s'agit que d'une galerie d'art moderne et contemporain, qui sert d'annexe au musée Ahmed Zabana. Toujours est-il, c'est un bel édifice culturel qui vient d'ouvrir, et c'est ça de pris. Découvrir avec El Watan Week-end les œuvres exposées lors de l'inauguration. «45 ans» de Mohamed Oulhaci Cette œuvre de Mohamed Oulhaci, où on voit une mystérieuse femme braquer son regard on ne sait où, date de 1991 et fait partie de la collection du musée Ahmed Zabana. Elle est exposée au Mamo, dans un recoin du hall, à l'occasion de l'exposition inaugurale de cette nouvelle galerie d'art. L'artiste a choisi de lui donner un nom pour le moins intrigant : «45ans». Pour information, Mohamed Oulhaci a toujours placé la femme sur un piédestal dans son œuvre. « Quand on a que l'amour » de Aggad Kader Quelques belles œuvres de Kader Aggad, ce natif de Relizane âgé de 79ans, sont exposés à la galerie de l'art contemporain, dans le pavillon consacré aux sculptures. Celle qui a le plus retenue l'attention du public est sans doute « Quand on a que l'amour », un titre- référence à une chanson de Jacques Brel, chanteur d'ailleurs que Kader Aggad a découvert grâce à M'hamed Issakhem. On voit deux âmes sœurs, en toute apparence souffrant de maints handicaps, mais tenant quand même le cap grâce à la force de l'amour qui les lie. Le message subliminal de l'Homme jaune «Nedjma allaitant son enfant» est l'œuvre de Ameur Yasser (2015), plus connu sous le pseudonyme de l'Homme Jaune, qui est exposé au Mamo. Un clin d'œil subsidiaire à Kateb Yacine, auteur de Nedjma. Mais comme il l'a expliqué précédemment dans différentes interviews, Nedjma, dans cette toile, est l'Algérie, et le message qu'il veut faire passer est celui-là : « ce qui nous nourrie est aussi ce qui nous tue » Ça se passe d'explications tant le message est claire ! « Elephant » de Moulay Talbi Abdellah Quoi de plus naturel qu'un éléphant à vélo ? C'est peut-être ce qu'a voulu nous signaler Moulay Talbi Abdellah par son œuvre exposé au Mamo, et qui a tout simplement pour titre « Elephant » (2014). Né à Sebdou, dans la wilaya de Tlemcen, en 1958, cet artiste peintre sculpteur se targue d'être un autodidacte. Ses œuvres s'inscrivent dans le mouvement de «la sculpture environnementale ou de recyclage» qu'il a commencé à exercer depuis 1990. Il officie actuellement dans la maison de la culture de Tlemcen. Hommage à Issiakhem et à Kadda Mohamed La nouvelle galerie d'art moderne et contemporain que compte Oran ne pouvait être inauguré sans qu'un hommage comme il se doit ne soit rendu à M'hamed Issiakhem. Fort heureusement, le musée Ahmed Zabanna recense, en sein, quelque œuvre de cet immense artiste, ce qui a permis de les exposer dans cette nouvelle galerie. Il en est de même pour l'artiste Kadda Mohamed, qui a joué un rôle majeur dans l'affirmation d'une peinture algérienne moderne. Le talent Mesli Choukri Mahmoud mis en exergue Le public a pu apprécier le travail de Mesli Choukri à travers ses œuvres exposées lors de l'exposition inaugural du Mamo. Cet artiste a voué l'ensemble de sa vie à travailler et enseigner l'art. Membre fondateur de l'UNAP en 1963, l'un des animateurs principaux du groupe Aouchem en 1967 au côté d'Adane et de Denis Martinez, ses peintures figurent parmi les premières œuvres algériennes requises par le musée national des beaux arts au lendemain de l'indépendance. Une place de choix pour Denis Martinez L'un des invités très attendu pour l'inauguration de cette nouvelle galerie est bien sûr Denis Martinez, cet artiste aux multiples talents, né à Marset El Hadjadj, qui a vu quelques unes de ces œuvres exposées au Mamo, à la grande joie de nombre de ses admirateurs de l'ouest du pays. Il est connu, entre autre, «pour l'activité qu'il a développé avec son collectif d'étudiants dans des sites ruraux, par sa démarche de mise en valeur de l'art populaire dans un contexte de contemporanéité ». Un livre lui a été consacré, écrit par Nourredine Saadi, « Denis Martinez, peintre algérien », ainsi qu'un film réalisé par le cinéaste Claude Hirsh « Deniz Martinez, un homme en libertés ». Par ailleurs, il a contribué, récemment, à rendre hommage à Abdelkader Alloula, dans un livre collectif « Abdelkader Alloula, 20ans déjà » aux éditions Apic.
Hommage à Benmasour Abdellah Un hommage à Abdellah Benmasour, cet artiste peintre qui habite à Oran, par l'exposition de quelques unes de ces toiles. Né à Tlemcen en 1929, cet artiste est connu à Oran par le biais de sa galerie d'art sise à la rue Khémisti, à côté de la Grande Poste, un lieu qui a longtemps été un « coin d'inspiration » pour beaucoup d'élèves de l'Ecole des Beaux Arts d'Oran. N'ayant jamais abandonné la peinture, plusieurs de ses œuvres se trouvent dans la collection du musée national des beaux arts, alors que d'autres sont éparpillés un peu partout dans le monde : France, Suisse, Maroc, Etats-Unis, Allemagne etc. Les ratés de l'inauguration du Mamo Beaucoup d'artistes, notamment dans le rang des jeunes, qui font vivre à leur manière la culture à Oran, ont dénoncé le fait de ne pas avoir été invité à l'inauguration de ce nouvel édifice culturel. Ils ont du rebrousser chemin, bredouille, après qu'on leur ait signifié qu'ils ne pouvaient entrer sans carton d'invitation. D'autres ont dénoncé que l'exposition inaugurale du Mamo n'a mis sous le feu des projecteurs que les artistes de la région ouest du pays, alors qu'il aurait été plus judicieux, selon eux, d'avoir fait de cette inauguration une « fête » pour tous les artistes plasticien algériens.