La contrefaçon est un phénomène qui a pris une grande ampleur en Algérie. Plus de 15 conférences ont été programmées lors des 3es journées de la marque et de la contrefaçon, qui se sont tenues les 22 et 23 mars à l'hôtel El Aurassi (Alger), à l'initiative de RH International Communication. 802 695, c'est le nombre d'articles que les douanes algériennes ont saisis en 2016, dont 759 639 proviennent de Chine. Sans surprise, ce pays arrive à la première place du palmarès des pays qui fabriquent et exportent le plus de contrefaçons ; 28 198 proviennent de Turquie, et un peu moins d'Argentine et de France. Entre 2007 et 2016, près de 11 millions d'articles ont été retenus pour suspicion de contrefaçon par la douane. Il y a eu 62 alertes diffusées en 2016, et déjà 10 alertes depuis le début de 2017. Les catégories de produits les plus touchés par le phénomène sont en général les mêmes. Il s'agit particulièrement des articles de sport, produits électriques (disjoncteurs), quincaillerie, cosmétiques (shampooing, savons, parfums), pièces détachées (bougies d'allumage, filtres à huile, plaquettes de freins et liquides de frein) et produits alimentaires (thé, chocolat, miel) et même les vitamines et compléments alimentaires diététiques et nutritionnels. La contrefaçon s'invite désormais sous le capot de votre voiture, dans les armoires électriques ou dans les trousses à pharmacie avec les risques que cela comporte et auxquels les consommateurs ne sont pas préparés, à savoir de graves accidents de santé et de sécurité (incendie, brûlure, coupures lors de l'utilisation). Mais combien de milliers d'autres articles ont passé les frontières sans encombre pour se retrouver entre les mains de vendeurs à la sauvette ? Et aussi et souvent au rayon jouets ou sur les étagères des grandes surfaces ? Car la première victime de la contrefaçon reste le consommateur qui, pensant avoir fait une bonne affaire, court en réalité de véritables dangers. Il s'agit de produits fabriqués à base de matériaux médiocres, voire nocifs pour la santé avec des normes de fabrication non respectées. Pour les entreprises, cette activité illicite constitue un préjudice moral (l'image et la réputation de la marque sont ternies par l'affluence des contrefaçons de mauvaise qualité) et un préjudice économique en créant une barrière à l'exportation. Le contrefacteur ne paye aucune taxe, ce qui lui permet de dégager d'énormes marges de profit tout en offrant ses produits à des prix défiant toute concurrence. Comment déceler une contrefaçon ? Pour Oumessaoud Youcef, inspecteur divisionnaire à la Direction générale des douanes (DGD), il y a des indices qui ne trompent pas : «Le prix du produit, le lieu de vente, l'emballage, les étiquettes, l'argumentation des vendeurs et la forme de la transaction.» Le représentant de l'Institut algérien de normalisation (Ianor) qualifie la contrefaçon de «crime du XXIe siècle». L'évolution du phénomène s'est calée sur celle de l'économie mondiale et de la délocalisation. En transférant sa production à l'étranger, une entreprise risque d'ouvrir la porte à la corruption et à la fraude. Internet a également permis à la contrefaçon de prendre de l'ampleur et d'élargir son domaine d'application. Ces journées sont intéressantes à plusieurs égards. En premier lieu elles confortent le constat général selon lequel aucun pays ni aucun secteur d'activité ne semblent vraiment épargnés par la contrefaçon. En second lieu, elles mettent en exergue les nouvelles tendances du faux, les menaces émergentes qui constituent les défis d'aujourd'hui et de demain. Les moyens pour lutter efficacement sont connus : durcir la réglementation, la coopération entre les acteurs publics comme privés, sensibiliser efficacement et durablement le consommateur avec l'ambition de le persuader que la lutte anticontrefaçon est la sienne.