Outre les ateliers clandestins du pays, les produits imités proviennent généralement de Chine, de Turquie et d'Indonésie. Les produits contrefaits localement en Algérie représentent un taux de 40% alors que ceux importés sont évalués à 41,34%. Or, l'importation dite non déterminée opérée par les commerçants voyageurs est estimée à 18%. S'agit-il de la contrebande ? Aux responsables concernés de le prouver. Les produits importés proviennent à 53%, d'Asie 39% d'Europe et 8% des pays arabes. Pour l'Asie, la Chine représente 41% de ce trafic, la Turquie 27% alors que l'Indonésie participe dans ce réseau à raison de 10%. Parmi les pays d'Europe, on note la France avec un taux de 72%. Etant donné que l'Hexagone est rigoureux sur les produits contrefaits, les contrefacteurs exportent ces produits vers l'Algérie. D'autres pays à l'instar de la Syrie, l'Egypte, Dubaï, le Maroc, et la Tunisie sont également impliqués dans cette fraude à grande échelle. Le Gatt avait même élaboré une carte sur laquelle il a identifié 12 points noirs dans le monde reconnus pour l'ampleur du phénomène de la contrefaçon. L'on cite la Chine, la Corée, la Thaïlande, le Vietnam, Djibouti, la Turquie… Ce sont les quelques résultats d'une enquête menée par le ministère du commerce sur la contrefaçon en Algérie, révélés au cours d'un séminaire régional tenu, hier, à Alger. Les produits cosmétiques et d'hygiène corporelle représentent 37,1%, les vêtements et les articles chaussants sont évalués à 32% alors que les produits domestiques sont d'un taux de 13%. L'enquête n'a pu révéler qu'un taux de 1,6% de contrefaçon dans le domaine de l'informatique. Car, les enquêteurs n'étaient pas suffisamment qualifiés dans ce domaine. L'administration des douanes estime que la contrefaçon touche entre 5% et 10% du commerce international. Me Zahi, professeur de droit à la faculté de droit de Ben Aknoun, avoue que la contrefaçon présente un danger économique certain. Les statistiques officielles, indiquera-t-il, montrent que le manque à gagner généré par ces pratiques frauduleuses est de l'ordre de 300 milliards de dollars US pour le monde. Le pillage du savoir-faire, relèvera-t-il, contribue à la suppression de quelque 200 000 postes d'emploi dans le monde. Un manque à gagner de 300 milliards de dollars US dans le monde Cependant, les statistiques demeurent toujours inexistantes ou elles ne sont pas fiables. Des études élaborées en France indiquent qu'un euro investi rapporte 10 euros aux contrefacteurs. Il est plus rentable de se lancer dans le trafic de produits numériques que dans celui de la drogue. La contrefaçon, selon Me Zahi, couvre 12% du marché mondial du jouet, 10% de celui de la parfumerie et des cosmétiques et 7% de l'industrie pharmaceutique. Pis, la contrefaçon est, constate Me Zahi, moins risquée sur le plan pénal puisqu'elle constitue un simple délit insuffisamment sanctionné. En touchant les produits de consommation courante, la contrefaçon a augmenté les risques en matière de santé à travers les médicaments. Plus de 2% des médicaments mis en circulation dans le monde sont des faux et représentent un gain de 20 milliards de dollars US pour les contrefacteurs. Les contrefaçons dans les appareils domestiques, de pièces de rechange automobile, de jouets, d'outils. “La contrefaçon est devenue une véritable industrie dotée d'installations à la pointe de la technologie, d'un réseau de distribution efficaces, d'usines de production ultramodernes, d'équipements coûteux, de même qu'elle utilise tous les modes de transport pour acheminer les produits contrefaits”, soulignera Me Zahi. Le phénomène constitue, estime l'avocat, une ressource financière pour les réseaux mafieux tels que la camora en Italie, la yakusa au Japon, ou bucak en Turquie. Par ailleurs, les services des douanes étaient destinataires de 39 demandes d'intervention relatives aux marques de la part des propriétaires de produits contrefaits en 2004. Durant l'année dernière, 15 demandes ont fait l'objet de bulletin d'alerte. En 2005, sur les 9 demandes reçues par l'administration des douanes, 4 ont fait l'objet de bulletin d'alerte. Ces demandes et ces alertes sont essentiellement recensées aux ports d'Alger, de Skikda et d'Oran. Les statistiques douanières indiquent que plus d'un million d'articles ont été contrefaits en 2004. Durant les 5 premiers mois de l'année en cours, il a été enregistré quelque 100 000 cas. Les représentants des douanes à cette rencontre relèvent que ces marchandises reçues au port d'Alger sont d'origine chinoise, mais en provenance des émirats arabes unis, de Malte, de Chypre, de Turquie… Les produits retenus sous-douanes sont d'un taux de 57% pour la pièce de rechange et à 27% des produits électriques et électroniques. Les experts, qui s'intéressent à ce dossier, s'accordent à dire que les moyens de lutte contre ce fléau, qui commence à prendre des proportions alarmantes en Algérie, doivent être d'ordre répressif et préventif. Badreddine K.