Photo : S. Zoheir Par Amel Bouakba Médicaments et matériel médical, cosmétiques, pièces détachées automobiles, jouets, produits alimentaires, high-tech, textile…, décidément la contrefaçon ne semble épargner aucun secteur. La contrefaçon se développe de façon incroyable dans le monde et représente actuellement 10% du commerce mondial. La Chine est devenue célèbre pour ses contrefaçons qui inondent les marchés du monde entier dont celui algérien. Depuis quelques années, ce phénomène qui menace l'économie, la santé et la sécurité est en pleine expansion dans notre pays. Les produits contrefaits représentent chez nous environ 30% du marché national. L'Algérie peine encore à lutter contre ce phénomène. La gamme des produits contrefaits ne cesse de se diversifier portant préjudice à la santé et à la sécurité, c'est notamment le cas de la contrefaçon de médicaments, boissons, parfums et cosmétiques, pièces détachées automobiles et jouets. Selon des données récentes, l'industrie lourde est devenue le terrain de prédilection des contrefacteurs. On estime que 56 % des entreprises fabriquant des appareils domestiques (ménager, électroménager…) sont aujourd'hui copiées dans le monde. Autre secteur privilégié : les pièces détachées automobiles. La contrefaçon des plaquettes de frein, filtres à huile, pneus, carrosserie, phares, capot de moteur est devenue monnaie courante. Un fléau qui est, en partie, à l'origine des accidents de la circulation routière en hausse spectaculaire ces dernières années. Son ampleur est telle que le 15e Salon international de l'automobile d'Alger, qui s'est tenu le mois dernier, au Palais des expositions (Pins maritimes), a consacré comme axe prioritaire la prévention et la sécurité routière, avec en ligne de mire la contrefaçon des pièces détachées. Les jeux et jouets contrefaits sont légion. Les substances utilisées pour fabriquer les jouets peuvent être toxiques. La contrefaçon du jouet représenterait aujourd'hui 7 à 10% du chiffre d'affaires mondial du secteur. Le secteur des cosmétiques est, lui aussi, l'un des secteurs ciblés par les contrefacteurs. Des produits peu chers et potentiellement dangereux envahissent le marché algérien et font ravages. La Société algérienne de dermatologie présidée par le professeur Benkaidali, chef de service dermatologie au CHU Mustapha, met en garde depuis quelques années contre l'utilisation de cosmétiques, tels que les crèmes de beauté, maquillage, shampoing, crèmes solaires et autres produits d'origine douteuse. Le professeur Benkaidali avait relevé plusieurs cas de brûlures et de réactions cutanées graves liées à l'utilisation de ces produits contrefaits vendus à profusion à même le sol où dans certaines boutiques, déplorant que ces produits ne soient pas soumis à une autorisation de mise sur le marché, comme c'est le cas pour les médicaments. La Société algérienne de dermatologie a d'ailleurs lancé, depuis quelques années, un appel pour la création d'un comité de cosméto-vigilance pour lutter contre les cosmétiques contrefaits, en vain. Les signaux d'alerte se multiplient également sur les chaussures contrefaites qui causent des infections au pied. Le docteur Samir Aouiche, diabétologue au service de dermatologie du CHU Mustapha, nous explique qu'il reçoit beaucoup de patients victimes de ces chaussures contrefaites provenant de Chine, fabriquées avec des matières douteuses. Autant dire que la contrefaçon est un fléau qui grandit d'année en année en Algérie comme à l'étranger. On trouve des milliers de produits contrefaits. Les faux dentifrices à base d'antigel de moteur de voiture pullulent dans les marchés. Les secteurs de consommation courante demeurent de plus en plus touchés, avec de graves conséquences sur la santé publique. La contrefaçon des médicaments est la plus dangereuse de toutes, car elle peut être fatale. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), un médicament sur dix vendu dans le monde serait un faux. Un phénomène particulièrement répandu dans les pays en développement. Pour y faire face, l'Algérie a mis l'accent, en janvier dernier, lors de la réunion de la Haute commission technique arabe du médicament sur la nécessité d'intensifier la coopération entre les pays arabes pour lutter contre la contrefaçon dans ce domaine. Les ministres arabes de la Santé ont également appelés à la mise en place d'un accord commun sur un dispositif de lois pour lutter contre la commercialisation des médicaments contrefaits. Les équipements médicaux sont, eux aussi, concernés par cette contrefaçon grandissante. En Algérie, 80% de ces équipements proviennent de Chine et ne répondent pas aux normes de qualité. C'est ce que nous révélé le docteur Feth- Allah Benchouk de Maghreb Dental Industry (MDI), en marge du Salon international de l'équipement hospitalier et médical (Siehm) qui s'est tenu, la semaine dernière au Palais des expositions. C'est le cas notamment de la majorité des autoclaves, appareils de stérilisation qui, selon lui, ne serait pas conformes aux standards internationaux. La lutte contre la contrefaçon requiert la mobilisation de tous les acteurs, dont celui des services des douanes. Pour rappel, 2 à 3 millions de produits contrefaits sont saisis annuellement par les services des Douanes algériennes.