Poursuivant ses activités liées au dépistage du cancer et de la prévention contre cette maladie, l'association El Amel d'aide aux personnes atteintes de cancer a organisé hier, dans le cadre du mois de Mars Bleu, mois mondial de lutte contre le cancer colorectal, une journée d'information et de sensibilisation sur le cancer du colon à Adekar dans la wilaya de Béjaïa (maison de la Culture) en collaboration avec des associations de village locales en présence du Pr Bouzid, chef de service d'oncologie au CPMC, du Pr Oukal, chef de service du CAC à Beni Messous, et du Pr Zitouni, coordinateur du Plan cancer national 2015-2019. Cette activité est justement consacrée à la première opération pilote de dépistage initiée dans le cadre de ce Plan cancer à Béjaïa depuis le mois de janvier dernier, plus précisément à Souk El Tenine, Oued Amizour et Adekkar, pour les hommes et femmes âgés de plus de 45 ans. «Notre association lance une large campagne de sensibilisation dans les médias et invite l'ensemble des Algériens à se faire dépister dans le cadre du dépistage organisé, ou à titre individuel», précise Mme Hamida Kettab, présidente de l'association El Amel et de signaler qu'un spot télévisé sera diffusé pendant tout le mois de Mars bleu. «Nous vous invitons à nous soutenir dans notre effort de lutte contre ce cancer, dont la recrudescence parmi notre population est une véritable menace pour la santé publique. Le mot d'ordre qui doit nous guider dans la lutte contre le cancer est : prévention», a-t-elle ajouté. Pour rappel, cette étude pilote préconise la mise en place d'un programme de dépistage organisé. Une équipe multidisciplinaire, constituée de médecins généralistes, gastro-entérologues, économistes de la santé, qualiticiens, informaticiens, épidémiologistes. Ce dépistage de masse est destiné à une population à risque moyen avec des critères d'inclusion. Un travail qui consiste à mettre en place le réseau qui sera chargé de mener l'étude à terme. «Il est question donc d'associer les polycliniques et les médecins généralistes, très impliqués pour la réalisation de cette étude», nous a confié le Dr Mazouzi Chahira, oncologue et membre actif de l'équipe qui estime que la réussite de ce projet dépendra du degré de participation de la population, mais aussi de la mobilisation de la population. «Si on arrive à avoir un taux de participation de 100%, le taux de mortalité diminuera de 40% et notre objectif est d'atteindre le maximum de personnes», a-t-elle indiqué, avant de préciser qu'une campagne de sensibilisation à travers Radio Soummam a déjà commencé. Une opération indispensable vu le nombre de cas de cancer du colon dans la région, a-t-on précisé. A noter que le cancer du colon et du rectum (colorectal) est devenu le premier cancer chez l'homme en Algérie, et il a dépassé celui du poumon. Chez les femmes, il se place à la deuxième place après celui du sein. Près de 5000 nouveaux cas sont enregistrés chaque année en Algérie. L'association El Amel-CPMC, dans une démarche préventive, avait commencé depuis plusieurs années à attirer l'attention sur la progression de ce cancer et la nécessité d'organiser un dépistage à l'échelle nationale. «Le cancer colorectal fait partie des cancers que nous pouvons prévenir par le dépistage. Il s'agit d'un bilan et d'un examen (coloscopie) annuels. Les médecins généralistes et les médecins traitants, comme pour le cancer du sein chez la femme, doivent être formés à la détection des facteurs de risques et des signes d'alarme, et surtout de conseiller à leurs patients d'entreprendre ces bilans et examens nécessaires dans un cadre préventif», indique Mme Kettab et de rappeler les principales actions de prévention qui passent par un bonne hygiène de vie à travers le sport et l'activité physique pour éviter la sédentarité et l'obésité, l'alimentation saine en préférant les fruits et légumes, diminuer la consommation des viandes rouges, l'alimentation «fast-food» et arrêter la cigarette et l'alcool. Revenant sur les premiers symptômes de cette maladie (anémie, douleurs abdominales, perte de poids inexpliquée, diarrhée, constipation, présence de sang dans les selles), Mme Kettab déplore qu'«à cause de l'absence de dépistage et de prévention, les cas pris en charge en Algérie arrivent le plus souvent au niveau métastatique. Il existe des traitements qui assurent une bonne survie même à ce niveau-là. Mais s'ils sont dépistés aux premiers stades, les cancers colorectaux sont soignés d'une simple chirurgie et les patients guérissent à 100%.»