Une réunion préparatoire à la conférence de consensus sur le cancer colorectal a été organisée, vendredi dernier à Alger, par la Société algérienne d'oncologie médicale (SAOM), dans le cadre de l'application du "plan cancer national 2015-2019". Le Pr Kamel Bouzid, chef de service oncologie au Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) d'Alger, également président de la SAOM, a tenu à préciser que l'objectif de ces conférences de consensus est d'"aboutir à une prise en charge homogène du cancer sur tout le territoire national pour répondre aux principales préoccupations", insistant sur le fait que le malade "doit être soigné d'une manière optimale et à proximité de son domicile". C'est ainsi qu'il a exprimé, par la même occasion, l'espoir de parvenir, d'ici fin 2015, à des consensus sur les cinq types de cancer les plus prévalents en Algérie, à savoir les cancers du colon, des poumons, du col de l'utérus, du sein et de la tyroïde, rappelant que l'objectif majeur est de diminuer la mortalité liée au cancer. De plus, le Pr Kamel Bouzid a réitéré l'importance de la transdisciplinarité dans le traitement du malade atteint de cancer, rappelant que le plan cancer national 2015-2019 "insiste sur ce point". "Le cancer est une maladie très particulière, dont la prise en charge a besoin de l'ensemble des intervenants", a-t-il dit. Dans ce même ordre d'idée et au sujet du même cas du cancer colorectal, il y a lieu de noter qu'un groupe de travail et de réflexion sur le dépistage et la prise en charge du cancer colorectal (CCR) en Algérie a été mis en place, il y a une dizaine de jours environ, au niveau du CHU Benbadis de Constantine à l'initiative du Pr Zoughailech, médecin chef du service d'épidémiologie et de médecine préventive, et du Dr Hamada, chef de service de gastroentérologie. Ce groupe s'est donné trois mois pour l'élaboration d'un protocole de prévention qui sera présenté en juin prochain aux autorités centrales. Et justement, il est très utile de noter que cette initiative s'inscrit dans le sillage du Plan national quinquennal de lutte contre le cancer, piloté par le Pr Zitouni, à la demande du président de la République. Quatrième type de cancer le plus mortel au monde, le cancer colorectal (atteinte du côlon et du rectum) est une pathologie fréquente en Algérie, où entre 3000 et 4000 cas sont enregistrés chaque année, sans pour autant inciter les services concernés à recourir à un dépistage de masse, en vue de prévenir et diagnostiquer ce type de cancer très dangereux. C'est pourquoi des spécialistes du secteur de la santé ont décidé de se pencher sur ce problème en préconisant un dépistage basé sur une enquête épidémiologique préalable, pour évaluer les facteurs de risques chez une population cible notamment. Pour y remédier, il faut tout d'abord identifier une population cible au niveau d'un quartier ou une commune pour entreprendre un dépistage chez la population à risque, c'est-à-dire ceux qui présentent déjà des pathologies du côlon comme la maladie de Crohn (affection inflammatoire chronique du système digestif, ndlr) ou qui ont des antécédents familiaux de cancer colorectal", a estimé le Pr Zoughailech, lors d'une séance de travail tenue, en présence de résidents et de représentants de la direction de la santé et de la CNAS de Constantine. Tout en insistant sur la nécessité d'informer la population à risque essentiellement, le conférencier a fait observer qu'"un dépistage doit faire partie d'un plan national". Le Dr Hamada a noté, quant à lui, l'absence des généticiens des consultations cliniques. "Les spécialistes en génétique ne sont présents que lors des journées scientifiques ou à travers de brillantes publications médicales. Nous aurions besoin d'eux pour des consultations d'oncogénétique", a-t-il indiqué, tout en soulevant la problématique du manque de formation s'agissant de l'utilisation du matériel médical, citant l'exemple du coloscope (appareil permettant d'examiner le côlon grâce à une sonde). Les initiateurs de ce groupe de réflexion ont également sollicité la collaboration des services de la DSP ainsi que ceux de la CNAS. Le représentant de cette dernière a proposé de mettre à la disposition du groupe de réflexion une base de données regroupant tous les malades répertoriés en fonction de la pathologie recherchée, selon l'âge et le sexe. De plus, et sur ce même thème du cancer colorectal, une étude publiée au mois de mars dernier est arrivée à la conclusion mettant en exergue le fait que l'effet protecteur de l'aspirine et des anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) contre ce type de cancer est absent chez certaines personnes. Les chercheurs ont découvert que les bienfaits thérapeutiques de l'aspirine et des AINS contre ce genre de cancer étaient absents chez environ 9% des participants à l'étude qui avaient des variations génétiques sur le chromosome 15. Ces données proviennent d'études menées entre 1976 et 2003 aux Etats-Unis, au Canada, en Australie et en Allemagne avec des personnes de descendance européenne. Par ailleurs, il est important de rappeler que "Le Pr Messaoud Zitouni chargé par le président de la République de la mise en oeuvre du plan cancer devrait présenter le plan finalisé au chef de l'Etat", a précisé le Pr Bouzid, en marge du congrès international de cancer organisé par la Société algérienne d'oncologie médicale (SAOM) en collaboration avec l'Association arabe de lutte contre le cancer (AMAAC). L'application du plan national cancer est prévue pour le début de l'année et les résultats seront évalués en 2019, a-t-il ajouté. Au sujet de la fréquence des cancers, le chef de service oncologie au CHU Blida, le Pr Ada Bounedjar et membre de bureau de l'AMAAC, a rappelé que l'Algérie enregistre 45 000 nouveaux cas de cancer annuellement. Le cancer le plus répandu en Algérie est celui du sein qui enregistre 10 000 nouveaux cas annuellement, suivi de celui du colon avec 4 000 nouveaux cas et de celui du poumon avec 3500 nouveaux cas, chaque année. S'agissant des causes des cancers, il a cité la pollution, le changement du mode alimentaire et le tabac, relevant tout de même, que 10% des cancers sont d'ordre génétique. Trois thématiques principales ont été retenues pour le congrès, à savoir, le cancer colorectal, le cancer du sein et le cancer du naso-pharynx. Environ 400 participants ont pris part à cette rencontre qui s'inscrit dans le cadre de la formation continue des médecins et de l'échange d'expérience entre les médecins algériens et étrangers.