C'est un secret de Polichinelle, de l'avis même de plusieurs parents d'élèves approchés, de plus en plus d'enfants quittent, d'une année à l'autre, les bancs du savoir pour verser dans toutes sortes de débrouilles infantiles, mais pour peu qu'elles soient rentables. Etre vendeur à la criée la journée, de cigarettes ou encore de sachets en plastique et de bouteilles d'eau minérale, cela importe peu, dès lors qu'on ne trime pas pour rien, qu'on réalise plutôt des bénéfices motivants. Surtout que, par les temps qui courent, il faut avoir les moyens matériels pour poursuivre sans difficulté et, notamment, sans ambages, son cursus scolaire. «Il faut donc avoir réellement les quitus qu'il faut pour arriver à bon port dans son parcours scolaire, sinon c'est une pure perte de temps», pensent de nombreux chérubins ayant largué les institutions pédagogiques pour foncer dans le système D. Comble du paradoxe, c'est un professeur de l'enseignement moyen qui nous a esquissé cette assertion : «Il y a des dizaines d'années, la scolarisation était à la portée des familles démunies et des smicards quand bien même plusieurs chefs de famille comptaient jusqu'à 3 ou 4 enfants qui allaient à l'école.» Et de poursuivre : «Les prix des manuels et des fournitures scolaires étaient non seulement très abordables, mais leur nombre se limitait également à très peu de livres et de cahiers.» Entre autres considérations qui ont influé négativement sur le niveau scolaire, le recours «immodéré» aux cours de soutien, qui ne profitent qu'aux élèves dont les parents sont plus ou moins nantis. A partir de ces situations qui ne favorisent nullement l'évolution des études chez les bambins, on sent toute la mesure de l'indifférence d'une scolarisation censée aboutir à un avenir rayonnant. Et c'est assurément en raison de cet esprit de découragement et de défaitisme que beaucoup d'écoliers et des lycéens boudent les établissements scolaires.