Ils préfèrent, et c'est une question de survie, inciter leurs «bambins» à faire de petits métiers que d'aller à l'école. Dans un communiqué rendu public jeudi dernier, le ministère de l'Education nationale a mis en demeure tous les parents contre le non-respect de la scolarisation de leurs enfants. «La scolarisation de tout enfant est un devoir pour l'Etat, un droit pour l'enfant et une obligation pour les parents» a indiqué le ministère en exhortant au passage les parents qui n'ont pas inscrit leurs enfants en âge de scolarité à se rapprocher des établissements éducatifs pour le faire. Le communiqué menace même cette «catégorie minime» de parents qui ne respectent pas cette obligation de poursuites aux «lourdes conséquences». D'après le ministère, qui salue dans le même ordre d'idée le programme de réformes du système éducatif initié par le chef de l'Etat, 3% des enfants en âge d'être scolarisés ne le sont toujours pas. Pour y remédier, le département de Benbouzid rappelle que des trousseaux scolaires «sont garantis au niveau des écoles à travers le territoire national à l'occasion de la rentrée scolaire». Lors du conseil des ministres, le président de la République avait appelé solennellement le gouvernement afin de «réunir les coordinations et les moyens nécessaires dans le but de rendre effective l'obligation de scolarisation de tous les enfants d'âge scolaire, filles et garçons, où qu'ils se trouvent sur le territoire national». Des instructions fermes ont été données par le chef de l'Etat aux responsables des secteurs et des autorités concernés afin d'offrir une place pédagogique à chaque enfant en âge de rejoindre les bancs de l'école. Il y a, certes, une réelle volonté de l'Etat de permettre à chaque enfant d'avoir une place à l'école et pourquoi pas aussi un repas tous les jours dans une cantine scolaire. La construction de centaines d'écoles (primaires, fondamentales et secondaires) dans un laps de temps record, témoigne de cette volonté des autorités publiques à en finir avec le manque de places pédagogiques, qui restent malgré tous les efforts déployés en deçà de la demande puisque ils sont toujours des centaines, voire des milliers d'enfants en âge d'être scolarisés à ne pas l'être plusieurs semaines après la rentrée scolaire. Jusqu'ici, l'Etat, il faut sincèrement le reconnaître, a mobilisé des sommes astronomiques au profit du secteur de l'éducation, visant ainsi l'amélioration de ce secteur très névralgique. Mais il faut savoir aussi que des familles et des parents sont complètement démunis. Si l'Etat à multiplié par huit son budget pour le secteur depuis 1999, conformément aux orientations du président Bouteflika qui aspire par là, élever un peu le niveau scolaire en Algérie, il n'en demeure pas moins que des parents, la mort dans l'âme, n'ont pas réellement les moyens d'envoyer leurs enfants, parfois nombreux, à l'école. L'Etat, justement, devrait s'intéresser à cette «frange» de personnes, chômeurs pour la plupart qui préfèrent, et c'est une question de survie, inciter leurs «bambins» à faire de petits métiers que d'aller à l'école. L'Etat qui a consacré, rien qu'en opérations de solidarité, 2 milliards 562 millions de dinars, devrait consentir un autre effort au profit de tous les parents démunis, en allouant par exemple une bourse pour leurs enfants, seul moyen de les arracher définitivement à la rue.