Auteur prolixe et prolifique, Bouziane Ben Achour, journaliste, dramaturge et critique de théâtre, a signé des essais sur le 4e art algérien et la musique algérienne. Il vient de sortir son quatrième roman Fusil d'octobre, aux éditions Dar El Gharb. Vous venez de signer un quatrième roman Fusil d'Octobre. Une suite trilogique ? Fusil d'Octobre est un essai de rupture par rapport aux romans précédents. D'abord, parce qu'il sort des années qu'on a appelées « années noires ». Il s'inscrit dans une période historique post-terrorisme. Ensuite, c'est une forme d'écriture qui diffère quelque peu de celle du témoignage des autres romans. C'est aussi une forme de passage à témoin entre les trois romans précédents et celui-ci, et ce, à travers des clins d'œil de la décennie noire et ses repères, beaucoup abordés dans les écrits des historiens, universitaires ou encore des hommes qui devaient interroger le vécu. Une période dure et difficile à raconter... Il faut passer par là ! Elle n'est pas plus dure parce qu'on sort du témoignage direct. On n'est pas dans l'écriture d'urgence. Et le recul, pour ce qui me concerne, à propos de ce nouveau roman, il est aussi bien dans la thématique (post-terrorisme) et le recul dans l'écriture. Ce n'est pas une écriture nécessairement subjective. C'est aussi un essai dans l'écriture romanesque. Ainsi qu'une forme d'écriture qui n'est pas obligatoirement immergée dans le réalité. Le titre Fusil d'Octobre, un choix « balistique et révolutionnaire »... Moi, je ne parle pas d'octobre 1988. Dans Fusil d'Octobre, je raconte l'histoire d'un ex-patriote qui a fait la guerre d'octobre 1973 contre Israël. Je parle d'un fusil israélien qu'il a récupéré chez les terroristes utilisant des armes israéliennes. Je transpose en parallèle ce fusil-là fabriqué pour détruire et tuer avec l'histoire de la fillette de cet ex-patriote, née après la décennie noire et le terrorisme. Il a deux amours : ce fusil et sa fille. Et comment concilier deux symboliques. Celle de la naissance et celle du fusil qui l'a aidé à défendre son pays, sa patrie et sa propre personne. Ce n'est pas n'importe quel fusil. C'est une arme israélienne ayant fait la guerre contre Israël. Vous êtes journaliste, dramaturge, critique de théâtre et auteur... Comment faites-vous pour écrire et trouver le temps pour cela ? Il ne faut pas croire que c'est un effort surhumain. J'écris tous les jours. Surtout, le matin, très tôt. J'écris parce que cela me fait très plaisir. Cela n'a jamais été une souffrance. Je me dis qu'à côté du métier de journaliste que j'exerce et qui ne me suffit pas, j'essaie de laisser quelques traces pour demain, après-demain, pour éventuellement dans vingt, trente, cinquante ans. Quand on ne sera pas là. S'il y a quelqu'un qui nous lit, même outre-tombe, je serai l'homme le plus heureux du monde. Comme vous êtes un boulimique de l'écriture, on sait que vous avez déjà un livre en tête... (Rires) J'ai un livre en tête. Justement, j'essaie, cette fois-ci, de trouver une voie personnalisée où quand on lit, on dit que c'est Bouziane Ben Achour. Dans ce projet de roman, j'essaie d'écrire autrement. J'essaie, totalement, de m'effacer de ce côté « témoin » et de la réalité dans un roman où il y a de l'introspection.