La rumeur allait bon train à la cité des 618 Logements (commune de Mohammadia, Alger). Un gros serpent se serait enfoui dans la cave du bâtiment n°11 du quartier des Dunes. Les locataires n'étaient guère avares en propos sur ce reptile. Ils assurent qu'ils ne s'en sont aperçus qu'après qu'un agent d'hygiène est venu curer la cave. Celui-ci en est sorti tout pâle après qu'il eut été pris à partie par le vertébré tacheté de points jaunes. Nos interlocuteurs font, tout bonnement, remarquer qu'un berger allemand a eu, il y a quelques jours, le bassin rompu. Le vétérinaire l'ayant examiné leur a assuré qu'il ne peut s'agir que des morsures d'un serpent et non celles d'un rat, comme suggéré par son propriétaire. Le locataire ayant donné l'alerte atteste que les autorités communales, avisées il y a pas moins de 8 jours, n'ont pas daigné dépêcher leurs équipes d'hygiène et se sont « murées dans un silence à tout le moins étrange ». Ce n'est qu'après que la sûreté urbaine d'El Harrach, à laquelle ils sont rattachés, eut été alertée qu'ils ont pu « entendre » tout ce tintamarre. Créant une véritable psychose chez les résidents, ce « serpent », que d'aucuns attestent n'avoir pas vu, serait, à en croire un vétérinaire, un python de Seba. A l'entendre, il peut mesurer jusqu'à 6 m, peser plusieurs kilos et jeûner plusieurs semaines de suite. La posture pédagogique, ce même vétérinaire ne s'est pas gêné pour assurer que des individus en sont propriétaires. « Il y en a même qui possèdent chez eux des boas, j'en ai eu la preuve à plusieurs reprises », atteste ce vétérinaire de l'Agence de la conservation de la nature au jardin d'Essais du Hamma. Evoquant la provenance de ce serpent d'élevage, le toubib dira qu'il pourrait être celui d'une personne qui s'en est débarrassé, craignant « pour sa vie, sans pour autant alerter les autorités concernées ». La Protection civile dont la mission n'est guère de capter les animaux, selon son premier responsable à la wilaya d'Alger, n'a pas lésiné sur les moyens. Pour le chargé de la communication, le lieutenant Bakhti, les sapeurs-pompiers ont vite fait de se déplacer sur les lieux, tôt la matinée. Du matériel utilisé souvent dans la recherche des corps sous les décombres a été ramené à l'occasion. Les agents de la Protection civile n'ayant jamais été confrontés à pareille situation ont procédé au pompage des eaux de la cave et à son éclairage, en creusant des brèches dans les parois. Une brigade cynophile a été aussi de la partie. Usant de toute sa science infuse, Steve Togni, frère du directeur du cirque Il Florilegio, est venu du cirque italien. Mais rien n'y fit. La Protection civile, de son côté, a obstrué les issues vers la cave comme les sanitaires et n'en a laissé qu'une. Plusieurs rondes sont effectuées par ses agents durant la journée, nous fait-on savoir. L'attente risque d'être longue et l'appréhension des habitants aussi.